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Le peuple états-unien et la guerre

vendredi 11 novembre 2022 par Francis Arzalier (ANC)

Nos médias, depuis quelques jours, ne nous laissent rien ignorer des élections de mi-mandat présidentiel qui ont eu lieu le 8 novembre. Chacun devrait, selon nos « experts » consacrés par les chaînes d’info et les divers réseaux de formatage idéologique, être persuadé que le moindre battement de cils des citoyens de l’Arkansas profond a une importance majeure pour le monde entier, comme si la France était une lointaine province des États Unis d’Amérique du Nord.

Ce qui n’est pas totalement faux, puisque ce pays est devenu au XXéme siécle la première puissance mondiale, et l’est encore, sur le plan économique, monétaire, militaire, et culturel ou idéologique. Il en a profité pour étendre sa domination impérialiste, d’abord à l’ensemble des pays d’Amérique, puis aux autres continents, Asie, Afrique et Europe, y compris par la vassalisation de ses alliés capitalistes, de l’OTAN en Europe, Japon, Corée du Sud en Asie, Israël et Royaumes Arabes au Moyé-Orient.

Et cela durant toute la « Guerre froide » ( 1945-90 ) jusqu’à l’effondrement de l’URSS et ses alliés européens, qui n’a pas manqué d’être perçue par les dirigeants des USA comme une victoire définitive de leur système social capitaliste, et de leur domination mondiale.

Ce qui, évidemment, a été démenti par les faits : dès la fin du XXéme siècle et les premières décennies du XXIème, l’Impérialisme États-unien et Occidental en général ont vu surgir et croître des concurrents de plus en plus rétifs à sa tutelle économique et politique, qui l’ont conduit à des guerres pour les éliminer autant qu’il le pouvait : ils réussirent ainsi l’invasion de l’Irak ( en 2003 par l’armée des USA ) ou de la Libye ( en 2011 sous la direction de Sarkozy ), en y détruisant l’État national.

Mais très vite « l’Occident »connut des déboires cinglants, en Afghanistan dont l’armée US dut se retirer vaincue et humiliée en 2021, et en Syrie dont la coalition pro-occidentale s’est révélée incapable de détruire l’État national, aidé par la Russie.

Parallèlement, fait bien plus grave pour les stratèges impérialistes de Washington, l’immense Chine, qui a repris le flambeau du Communisme honni, est devenu une grande puissance, dont les progrès fulgurants annoncent à leurs yeux altérés la défaite inéluctable des USA et leurs clients dans la compétition mondiale. Une dérive irréversible que la plupart des « élites »de Washington jugent ne pouvoir stopper que par la guerre. D’où l’abcès de fixation ukrainien, pour punir la Russie renaissante d’avoir sauvé le régime syrien, avant d’autres conflits en préparation, du Moyen-Orient à l’Asie pacifique.

C’est dans ce contexte venimeux qu’ont voté les citoyens états-uniens pour choisir Députés et Sénateurs, Gouverneurs et Juges, ce qui peut évidemment infléchir les marges de manœuvre présidentielles. Il est donc normal que nos « observateurs » rétribués s’évertuent à deviner les conséquences possibles du scrutin. Encore faudrait il de leur part un peu plus de lucidité sur les États Unis contemporains.

Durant des mois avant l’élection présidentielle US, ils nous ont asséné un discours enflammé sur le combat entre le méchant Trump, prêt à incendier la planète, et l’angélique Biden, garant de paix mondiale et de stabilité internationale.On sait la suite : sitôt élu, le vertueux Biden et son équipe belliciste multipliaient les provocations anti russes avec l’aide des nationalistes maîtres du pouvoir à Kiev, jusqu’à ce que la Russie excédée envahisse une part de l’Ukraine, exactement ce qu’attendaient les penseurs de l’OTAN pour justifier leur guerre par procuration ( jusqu’à présent plus 600 milliards de dollars en armes diverses, artillerie, drones, blindés, etc ).

Rien d’étonnant si l’on rétablit la réalité du bipartisme états-unien en matière de politique internationale : contrairement ce qu’en disent nos médias, les partis démocrate et républicain ne sont pas droite et gauche, mais des machines électorales, d’accord sur l’essentiel, à savoir les dogmes intangibles du Capitalisme, qu’ils baptisent tous deux « démocratie ».

La différence entre les deux partis tient plutôt à l’implantation régionale, et à l’histoire. Le parti républicain, dans les États du Sud qui furent esclavagistes, et ceux de l’Ouest qui vit la conquête contre les Amérindiens à coups de fusil, est porteur des vieilles traditions sociétales les plus réactionnaires, contre l’avortement au nom de l’Évangile, pour le droit de chacun de porter une arme, et contre l’immigration « latino ».

Le parti démocrate, dirigé souvent par des politiciens et intellectuels des grandes métropoles ( New-York, Chicago, San Francisco ) est plus ouvert aux « minorités » sexuelles ( LGBT ) et raciales. Mais, dans le domaine international, les Démocrates ont toujours été interventionnistes, plus que les Républicains souvent imprégnés d’isolationnisme.

Les interviews d’électeurs faites à la veille du scrutin révèlent des motivations fort éloignées de celles de nos « experts »habituels : les difficultés quotidiennes liées à l’inflation et au chômage viennent en premier, et en l’absence de candidats clairement anticapitalistes, vont profiter aux opposants républicains, toujours prêts à dévoyer le mécontentement social vers le racisme contre les immigrés, en faveur du lobby des armes contre l’insécurité.

Des thèmes démagogiques que le RN utilisé en France aussi. Aux USA, dont l’opinion est largement influencée par les Évangélistes et autres sectaires religieux, les candidats républicains contestent aussi le droit à l’avortement. Le thème de la guerre en Ukraine, tenue à bout de bras par les USA, et les dangers de conflit nucléaire qui en découlent n’est généralement pas abordé par les candidats et les électeurs.

À l’exception d’une courageuse pétition contre la livraison d’armes à l’Ukraine nationaliste, signée de quelques élus démocrates de gauche, Il n’y a pas eu de mobilisation citoyenne durant la campagne électorale, pourtant fort animée, comme cela put avoir lieu durant la Guerre du Vietnam. De ce fait, le sujet a eu peu d’impact sur les résultats du vote.

Il est vrai qu’encore une fois, comme en 1914-18 et 39-45, les conséquences du conflit n’ont que peu touché le sol et la population des USA. Sauf que les pétroliers US, autant que les fabricants d’armes, tirent profit du conflit au détriment de leurs concurrents européens ou arabes.

Quel impact sur les risques de guerre mondiale ?

Les résultats du scrutin se sont révélés beaucoup plus indécis qu’annoncé par nos experts, et cela ne tient pas exclusivement à la grandeur du territoire, à là diversité des postes à pourvoir ( députés, sénateurs, gouverneurs et même sheriffs locaux ), mais surtout à un mode de scrutin ultra-majoritaire, moins représentatif encore qu’en France de ce qu’expriment les électeurs.

Le seul constat évident 3 jours après le scrutin, c’est que les démocrates, annoncés par les sondages et nos augures médiatiques comme devant prendre une raclée, s’en sont finalement bien tirés : Ils conservent une majorité à l’arraché à la Chambre des représentants, et seule celle au Sénat est encore incertaine.

Autre constat, le mécontentement contre les hausses de prix ont bien profité aux Trumpistes, y compris à d’authentiques fascistes. Mais le matraquage médiatique organisé par les démocrates sur les dangers mortels pour la « Démocratie états-unienne » d’une victoire de Trump et ses amis à été très efficace…

Ces inflexions auront elles pour résultat de limiter les fournitures massives d’armes aux nationalistes ukrainiens ? Rien de sûr, car les « isolationnistes » aux USA ne sont en rien des anti-impérialistes ou des pacifistes.

L’espoir des peuples menacés d’une nouvelle apocalypse (y compris le nôtre ) ne peut reposer aux États Unis que sur un mouvement populaire en faveur de la paix, comme il y en eut quand dirigeants Démocrates et Républicains se conjuguaient pour bombarder Hanoï.

Un avenir possible, pas encore actuel…

10/11/2022

   

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