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Les erreurs économiques de la France

mardi 26 septembre 2023 par Alain Boublil

Les dirigeants politiques sont dans leur rôle lorsqu’ils expliquent que la situation du pays s’améliore grâce à leur action et qu’ils prennent les mesures appropriées pour progresser davantage. Malheureusement, ils ne convainquent pas l’opinion si l’on en croit les sondages et les chiffres ne leur donnent pas raison. L’Etat et les organismes publics n’ont jamais autant dépensé mais on assiste à une dégradation continue des services publics.

Depuis dix ans la priorité a été accordée au redressement de la compétitivité et à la réindustrialisation mais le déficit extérieur ne cesse de s’aggraver. Le plein emploi est l’objectif mais la France compte plus de trois millions de demandeurs d’emploi. Enfin, la France disposait d’une électricité compétitive qui protégeait les consommateurs et les entreprises et donnait un avantage face aux concurrents européens. La crise énergétique en Europe consécutive à l’invasion de l’Ukraine a montré que cette protection a disparu.

La qualité des services publics, dans l’énergie, les transports et la santé avait depuis longtemps constitué l’un des points forts de la France.

Plusieurs décisions dont la suppression des régimes spéciaux ont conduit à leur dégradation. Ces régimes avaient été mis en place pour recruter des personnels compétents et disponibles en permanence sans que les niveaux de salaires correspondent à ces conditions de travail exceptionnelles.

La gratuité des transports, de l’électricité et du gaz accordée au personnel ne coûtait rien aux entreprises par rapport aux économies faites en matière de salaire. C’était, avec une durée du travail et des carrières plus courte un élément d’attractivité essentiel. Ces entreprises sont maintenant confrontées à des difficultés majeures de recrutement.
Qui va intégrer une entreprise avec un salaire qui ne correspond pas aux conditions de travail exigées et sans les avantages dont bénéficient leurs collègues déjà en poste ?

L’instauration du numerus clausus et son maintien pendant des décennies alors que la pénurie de médecins était prévisible depuis longtemps a été un facteur déterminant de la dégradation du système de santé et de l’apparition des « déserts médicaux ».
Cette situation a été aggravée par la réduction du nombre de lits dans les hôpitaux pour résorber le déficit de l’assurance-maladie. Rendre plus difficile l’accès aux médecins a provoqué un report vers les hôpitaux, au moment où la capacité d’accueil de ceux-ci était réduite.

Un cercle vicieux s’est alors instauré : les conditions de travail devenaient de plus en plus difficiles, ce qui provoquait un départ du personnel et qui rendait les capacités d’accueil encore plus insuffisantes. En même temps, l’environnement bureaucratique de l’hôpital prospérait, avec un coût supérieur aux économies réalisées et empêchait un retour à un équilibre financier durable.

L’échec concernant la compétitivité relève aussi d’erreurs d’analyse. La mesure-phare a été l’instauration du CICE en 2013 et sa transformation en mesure permanente en 2019.
Première erreur, il ne se limitait pas aux entreprises confrontées à la concurrence internationale. Ensuite elle faisait porter sur le coût du travail la responsabilité de la perte de compétitivité. Or l’industrie allemande, citée en exemple avec ses excédents commerciaux, n’avait pas des coûts du travail significativement inférieurs.
La seconde erreur fut d’offrir ces aides, qui coûtèrent des dizaines de milliards d’euros, pour les salaire inférieurs ou égaux au SMIC, de les réduire au-delà et de les supprimer à partir de 2,5 fois le SMIC. Mais l’industrie fait appel à des emplois très qualifiés et donc avec des salaires bien supérieurs SMIC. Elle n’a donc que partiellement profité de la mesure.
Il n’est pas surprenant que celle-ci ait échoué à réduire le déficit du commerce extérieur.

Les décisions relatives aux retraites risquent d’être tout aussi inefficaces. L’évolution démographique est un facteur d’aggravation des charges dans l’avenir. Mais la réalité du marché du travail doit être prise en compte. Les entreprises n’ont aucune envie de conserver plus longtemps leurs salariés, sauf à de rares exceptions.
Elles en ont encore moins à recruter des salariés âgés de plus de 60 ans. En conséquence, le recul de l’âge de départ à la retraite se traduira par une augmentation du chômage.

Il y eut bien mieux valu relever progressivement le plafond des cotisations allant au régime général et réduire les recettes des régimes complémentaires. Ceux-ci ont accumulé des excédents substantiels au fil des années et cela aurait soulevé bien moins de critiques que l’idée de ponctionner directement leurs réserves.
Il y a aussi un autre aspect de l’évolution démographique à prendre en compte : l’héritage intervient de plus en plus près du départ à la retraite. L’épargne des Français est considérable, mais inégalement répartie. Cela justifie donc le ralentissement de l’accumulation des réserves des régimes complémentaires puisque ce sont leurs bénéficiaires qui profiteront d’un niveau d’héritage élevé.

Enfin, si la France connait une envolée des prix de l’électricité et du gaz, c’est bien le résultat de vingt ans de mauvaises décisions dans le domaine du nucléaire : refus de commander l’EPR, certifié en 1996, pendant plus de dix ans, fermeture de Fessenheim qui avait pourtant reçu l’autorisation de fonctionner de l’Autorité de Sûreté, acceptation d’une régulation européenne du marché de l’électricité privant la France de l’avantage compétitif que lui donnait la production nucléaire et enfin, en 2017, annonce d’une réduction à moyen terme à 50% de la part du nucléaire dans la production d’électricité alors que la diminution des émissions de CO2 reposait sur l’électrification de l’économie.
Les entreprises et les ménages payent aujourd’hui le prix de ces erreurs à travers une inflation et une baisse du pouvoir d’achat.

Le bilan économique est donc bien moins brillant que ce qu’on entend dire : une croissance faible, incapable de générer suffisamment d’emplois durables et bien rémunérés, une dégradation continue des services publics à un moment où le niveau des dépenses publiques, du déficit et de l’endettement publics sont bien trop élevés et avec un déficit commercial hors énergie sans précédent.
Il est facile d’imputer cette situation à des facteurs extérieurs contre lesquels on ne peut rien. La vérité est différente, elle découle d’une succession de lourdes erreurs d’appréciation.

La première cause de ces erreurs provient du parcours professionnel des dirigeants politiques français. Dans leur immense majorité ce sont des fonctionnaires qui n’ont jamais mis les pieds, sauf peut-être lors de stages de courte durée, dans une entreprise.

Il est impossible d’avoir une vision pertinente de l’économie en étant resté toute sa vie dans les bureaux d’un ministère. Facteur aggravant, ils ont fait l’essentiel de leur carrière en France. Ils n’ont jamais vécu à l’étranger et ils sont incapables de comprendre comment notre pays est vu et compris en dehors de nos frontières.

A cela s’ajoutent des pratiques de l’exercice du pouvoir génératrices par elles-mêmes de décisions inappropriées.

Il y a d’abord la primauté de la communication. Il faut que les décisions prises soient faciles à expliquer et à comprendre et surtout qu’elles attirent l’attention des médias. Le fait d’être sûr qu’elles permettent de résoudre le problème posé passe au second plan.

Enfin, on cherche presque toujours à satisfaire au moins deux objectifs à la fois, lesquels sont parfois contradictoires. Le choix de privilégier les salariés payés au SMIC ne correspondait en rien aux besoins de l’industrie mais permettait de répondre à une exigence égalitaire.

La France a d’immense atouts et c’est un pays riche.

Rien de ce qui a été observé dans le passé n’est irréversible. Aux Français de choisir les programmes politiques dont le contenu et des dirigeants dont le profil personnel permettront de réparer ces erreurs.


Voir en ligne : http://ab-2000.com/fr/archives/2023...


Nous vous proposons cet article afin d’élargir notre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s’arrête aux propos que nous reportons ici.

   

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