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Sur fond de violences, Condé désigné président de la Guinée une troisième fois

lundi 26 octobre 2020 par Anthony Torres

Une semaine après la tenue le 18 octobre de l’élection présidentielle en Guinée, sur fond de violences, la Commission électorale nationale indépendante CENI a déclaré le président sortant, Alpha Condé élu pour un troisième mandat. Il aurait reçu 59,49 pour cent des suffrages face à son opposant Cellou Dalein Diallo, qui avait proclamé sa victoire le lendemain du scrutin.

A l’annonce des résultats du CENI, Cellou Dalein Diallo, a dénoncé le CENI qui vient de « valider les fraudes massives organisées après le scrutin », précisant qu’il contesterait devant la justice le résultat. Diallo a appelé « les populations à se mobiliser pour défendre par tous les moyens légaux la vérité des urnes », qui le donnent selon lui gagnant du scrutin avec 53,8 pour cent des suffrages.

Son parti avait annoncé, mercredi, la publication des résultats compilés par ses représentants. Ceux-ci contredisent les résultats publiés la vieille par le CENI qui publiait les chiffres partiels donnant Condé en tête dans les quatre préfectures dont les chiffres ont déjà été compilés, à savoir Matoto (49,13 pour cent), Matam (51,39), Kaloum (51,87) et Boffa (56,69).

La semaine qui s’est écoulée depuis l’élection a été marquée par de violents affrontements entre les partisans et les opposants de Condé. D’après le parti de Diallo, l’Union des forces démocratique de Guinée, ces affrontements ont fait 27 morts et près de 200 blessés par balles.

L’obscurité pèse sur le résultat de cette élection, qui a fait l’objet de réunions à huis clos entre le gouvernement et le corps diplomatique pour préparer le troisième mandat de Condé et la répression de l’opposition.

Le site Jeune Afrique a cité une « rencontre à huis clos au ministère des Affaires étrangères à l’issue de laquelle le chef de la diplomatie a rappelé que les observateurs de la Cédéao avaient salué le bon déroulement du scrutin. Selon le ministre, c’est la déclaration de Cellou Dalein Diallo, proclamant sa victoire, qui est à la source de toutes les violences de ces derniers jours. Le ministre des Affaires étrangères parle de ce logiciel tombé du ciel et annonce de possibles poursuites judiciaires. »

Bien que le déroulement du scrutin ait été salué par la Cédéao, il existe des conflits au sein du CENI à propos du décompte des voix. D’après RFI, dans une déclaration transmise à la presse, deux commissaires se sont retirés des travaux de totalisation des résultats en dénonçant de « graves anomalies constatées » dans la procédure de décompte des voix : « Nos observations pour garantir la transparence, la fiabilité et la sincérité des résultats n’ont pas été prises en compte. »

Le gouvernement a envoyé l’armée en renfort des forces de défense et de sécurité (FDS) craignant que l’opposition de la communauté peule à laquelle appartient Cellou Dalein Diallo, venant des banlieues nord de Conakry ne conteste la victoire de Condé par de nouveaux affrontements.

A l’annonce de la victoire d’Alpha Condé, « des jeunes ont commencé à sortir, mais les tirs ont éclaté. On a dit aux enfants de rentrer. On s’est repliés dans nos maisons et ils sont encore en train de tirer. Depuis hier, vers 21 heures, il y a des bérets rouges en renfort de la police et de la gendarmerie », témoigne Souleymane, 38 ans, résident du quartier Bambeto.

Pour Mamadou Bailo Barry, un cofondateur du Front national de défense de la Constitution (FNDC) qui conteste dans la rue depuis avril 2019 un troisième mandat de Condé, « Il y a au sommet du pouvoir un groupe d’hommes de plusieurs communautés, qui, pour satisfaire leurs intérêts privés et par manque de vision, jouent sur la fibre ethnique pour terroriser et opposer les Guinéens. Alors qu’en réalité nous sommes très mélangés. Mais c’est devenu une arme politique ».

Le mouvement, qui comptabilise plus de 90 morts à l’issue de ses manifestations a appelé à reprendre les marches à travers le pays ce 26 octobre, « jusqu’au départ du dictateur Alpha Condé ».

La crise politique actuelle en Guinée a pris forme avec la modification de la Constitution en mars par Condé afin de lui permettre un troisième mandat, alors que la Constitution limitait chaque président à deux mandates. Ceci a provoqué des manifestations depuis avril contre Condé par l’opposition au nom de la défense des droits démocratiques.

La bureaucratie soviétique puis après 1991 la Russie capitaliste ont été un partenaire historique depuis l’indépendance de la Guinée en 1958, par l’établissement de relations diplomatiques et de coopération dans de nombreux domaines. L’armée guinéenne serait équipée de 60 pour cent d’équipements militaires russes. Elle exploite les vastes ressources minières du pays en particulier la bauxite qui est utilisée pour faire de l’alumine présent dans l’électronique.

En Guinée, une ancienne colonie française, l’impérialisme français et ses alliés de l’OTAN ont vu leur parts de marché grignotées sous Condé par la Chine, la Russie et la Turquie. La Chine est devenu le deuxième partenaire de la Guinée et la Turquie a vu doubler le volume des échanges commerciaux depuis 2016.

La modification de la Constitution a dépendu du soutien de Moscou et de Pékin. L’ambassadeur russe, Alexandre Bregadzé a déclaré : « Les Constitutions, ne sont ni dogmes, ni Bible, ni Coran. Les Constitutions s’adaptent à la réalité, mais les réalités ne s’adaptent pas aux Constitutions. Nous vous soutenons, monsieur le président (…) La Guinée a besoin de vous, surtout aujourd’hui ! Et comme dit le dicton populaire russe : on ne change pas les chevaux au passage du cours d’une rivière. Actuellement, la Guinée est à ce passage. Soyez avec Elle, cette belle et riche Femme ! »(Affirmation, non sourcée !NDLR)

Les masses opprimés et les travailleurs guinéens ne peuvent cependant rien attendre de l’une ou l’autre des fractions de la bourgeoisie guinéenne qui s’affrontent depuis plusieurs mois. Diallo, un ex-dirigeant de la banque centrale de Guinée, est profondément lié à l’impérialisme. Son parti fait partie de l’« Internationale libérale » qui comprend le Parti libéral démocrate en Allemagne, de droite, et le Mouvement réformateur, également de droite, en Belgique.

Les forces politiques bourgeoises en Guinée ont historiquement été incapables de surmonter les tensions entre Peuls, Malinkés et autres ethnies, attisées à présent par la sanglante guerre impérialiste menée par la France avec l’aide de l’Allemagne au Mali voisin. Le régime Condé a même fourni des soldats à la Minusma, force de supplétifs qui combattent sous le contrôle de Paris dans la région.

La période récente a vu de puissants mouvements des travailleurs et des masses opprimées dans la région, avec le « hirak » contre le régime militaire algérien, et des grèves d’enseignants et de cheminots au Mali.

La colère monte en Côte d’Ivoire contre l’intervention française qui a installé le président Alassane Ouattara au pouvoir en 2011, juste avant l’intervention au Mali.
L’unification internationale de ces luttes avec les luttes ouvrières en France et à travers l’Europe contre l’impérialisme et pour le socialisme est la seule voie pour établir les droits démocratiques.


Voir en ligne : https://www.wsws.org/fr/articles/20...

   

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