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Le Trophée – Ou comment la Pologne fut conquise dans les années 1980.

mardi 19 décembre 2023 par Eugeniusz Zinkiewicz

Il y a de nombreuses années, j’ai eu une conversation avec un homme légendaire [1] , avec le spiritus movens et le fondateur de facto des syndicats libres de la côte, au sujet de l’utilisation des fonds de la CIA, les centaines de millions de dollars mentionnés dans le livre Victory. The CIA and Solidarity de Peter Schweizer. Au cours de la conversation, j’ai appris, entre autres, que ces fonds avaient permis d’acheter du matériel d’impression moderne, du papier et des encres. Ce matériel a été installé dans une université catholique de Pologne

Fausses cartes de rationnement

Parallèlement, l’une des revendications de Solidarité (en 1980) était que le gouvernement de l’époque introduise des cartes de rationnement pour les produits de consommation de base, y compris les denrées alimentaires, couvrant toutes les viandes transformées, le beurre, la farine, le riz et les gruaux, les cigarettes, l’alcool, etc.

Après que cette demande de « Solidarité » ai été satisfaite et que la vente des produits susmentionnés "sur cartes" ai été introduite, l’impression et la distribution de fausses "cartes d’alimentation" ont commencé à battre leur plein. Le but de cette opération perfide (qui noyait le marché en multipliant les rumeurs, les paniques et les pénuries) n’était pas seulement de « démontrer l’incompétence » des gouvernants, mais sans doute surtout de prendre le contrôle des conflits sociaux locaux.
Selon le slogan "plus ça va mal, mieux c’est" (... « pour nous », les opposants), largement répandu à l’époque.

La joie de la destruction

Après la victoire assez spectaculaire et inattendue de Solidarité (en 1989) et la prise par elle du pouvoir, un certain nombre de changements et de réglementations ont été introduits. Je me souviens en particulier de l’exonération d’impôts et de diverses autres charges pour les soi-disant investisseurs occidentaux. Les casinos faisaient partie de ce groupe.

En même temps, le nouveau pouvoir introduisait une taxe restrictive communément appelée « popiwek ». Il s’agissait en fait d’une taxe sur les "salaires excédentaires" qui a permis aux autorités fiscales de participer à la destruction méthodique des entreprises (étatiques) polonaises pour les pousser à la faillite et à la liquidation. Je me souviens (dudit) « Bolek » (Lech Walesa) déclarant dans une interview devant les caméras de la télévision à quel point il était heureux de la liquidation des entreprises polonaises.
Quelle satisfaction de pouvoir il en retirait !

Le butin de la guerre froide

Pour les jeunes, j’ajouterai une information intéressante. Comment Donald Tusk est-il entré en politique ? Zbigniew Brzezinski est venu à Gdansk. Le but de son arrivée était de répartir le pouvoir en Pologne [2] . À l’époque, Donald Tusk était en train de peindre une cheminée à la raffinerie de Gdansk. Ses collègues l’ont informé qu’un invité important l’attendait. Après être descendu de sa cheminée, il s’est rendu à la Maison de la presse de l’époque, à côté du siège du journal "Dziennik Bałtycki", où des entretiens ont eu lieu…
Et surtout, c’est ainsi que la carrière politique de Tusk a commencé.

Grâce aux personnes choisies pour détenir le pouvoir, la Pologne s’est rapidement retrouvée sous l’influence des intérêts américains. La manière dont ces intérêts sont soutenus jusqu’à aujourd’hui prouve que la Pologne est traitée comme un trophée américain de la "guerre froide" gagnée.

Le projet de loi américain 447, signé par Donald Trump, concernant ce que l’on appelle les "biens sans héritage" en est un exemple frappant. L’obligation imposée à la Pologne de soutenir la guerre en Ukraine, l’obligation de mener une bataille de propagande constante contre la Fédération de Russie et l’Allemagne en sont d’autres.

L’excellente situation géographique de la Pologne en Europe, au lieu de profiter à la Pologne en tant que pont économique entre l’Est et l’Ouest, est devenue un grave problème. Elle est devenue une malédiction.
Une menace pour notre existence même.

Une fausse opposition

Aujourd’hui, l’une des méthodes discrétionnaires pour maintenir le contrôle sur les Polonais est le conflit provoqué entre les partis. Leur but, comme dans la Russie tsariste, est d’agir d’une manière qui rappelle trompeusement les actions de l’Okhrana tsariste (Отделение по охранению порядка и общественной безопасности, Otdieleniye po ochranieniju poriadka i obszcziestwiennoj biezopasnosti, Département de la protection de l’ordre et de la sécurité publique) - la police secrète tsariste qui opérait dans l’empire russe.

Sur le territoire de la partition russe de la Pologne, cette activité consistait pour les agents de la police secrète tsariste à créer des fausses cellules d’opposition "clandestines" dans lesquelles ils attiraient les patriotes polonais ou les militants sociaux et politiques. Ils effectuaient notamment des dénonciations au sein de ces structures. Ils démasquaient les sentiments patriotiques dissimulés par les Polonais... Cela se traduisait ensuite par des arrestations, des confiscations de biens et des déportations en Sibérie.

La répétition du passé

La Kriminalpolizei a utilisé un modus operandi similaire sous le Troisième Reich dans le Gouvernement général (Pologne occupée), qui comprenait le centre et le sud de la Pologne. La Kripo était principalement composée « d’Allemands ethniques » (originaires de Pologne) ou Volksdeutsche qui parlaient correctement le polonais. Trompés par la langue polonaise de ces agents de la police secrète, les gens tombaient dans un piège. La Pologne occupée, quant à elle, a ainsi perdu ses représentants les plus précieux dans les camps d’extermination nazis.

Après l’effondrement du socialisme réel en Pologne, les Américains ont repris avec succès le contrôle des services secrets « communistes ». Une nouvelle génération de ces agents a vu depuis le jour. Cependant, les techniques de fonctionnement de la police politique n’ont guère changé.
Au lieu de créer des cellules clandestines fictives, on crée maintenant toutes sortes d’actions sociales "de base" (« non gouvernementales ») sous des slogans nobles, des associations et des partis politiques aux origines et aux objectifs précis. Des éphémérides en fait dont le seul but est d’étendre le contrôle sur la société, selon le principe "diviser pour régner". [3]


[1Je peux confirmer, pour l’avoir rencontré moi même et entendu la même information, qu’il s’agit d’Andrzej Gwiazda un des principaux dirigeants de la grève d’août 1980, radicalement anticommuniste mais qui s’est opposé à la soumission du syndicat Solidarnosc aux capitalistes occidentaux en 1981 et aux transformations économiques opérées en 1989, qu’il a considérées comme un vol de la propriété polonaise. BD

[2Une de mes connaissances issues de l’aile marxisante de Solidarnosc m’a déclaré qu’en 1989 il se trouvait dans le hall du plus riche hôtel de Varsovie assis dans un fauteuil qui se trouvait face à celui où était assis George Soros. Lorsque le futur ministre polonais des finances, Leszek Balcerowicz, est entré, Soros est allé le saluer et a oublié son carnet sur la table et que ma connaissance a alors pris. Il y a trouvé écrit « 10 points du programme de réforme de l’économie polonaise ». Le lendemain, le nouveau ministre des finances polonais annonçait officiellement les 10 points de son programme qui reprenaient dans le détail ce que ma connaissance avait trouvé sur le carnet de notes de Soros. Voilà l’origine des carrières fulgurantes et aussi des blocages de carrières au sein du syndicat Solidarnosc puis des gouvernements polonais d’après 1989.

[3Aujourd’hui on appelle cela les "révolutions colorées, non ? (JP-ANC)

   

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