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L’Agrobusiness contre les paysans

vendredi 9 février 2024 par Unité CGT

Le mouvement social simultané d’agriculteurs en Europe (France, Espagne, Allemagne, Pays Bas, Italie, Grèce, Roumanie…) a provoqué en ce début d’année 2024 l’irruption dans le débat public de la question « agricole ». Si la mobilisation des Agriculteurs en France a pris fin, du moins sous la forme qu’on a connue en janvier, les mouvements se poursuivent dans différents pays d’Europe.

En France, la mobilisation des Agriculteurs, fortement cadenassée par la mafia patronale FNSEA et JA (dominés par l’agrobusiness) a provoqué une crise de deux semaines, scellée (du moins, en apparence) par un nouveau deal extrêmement avantageux pour (comme d’habitude) les mêmes profiteurs et « gros » du monde agricole.

Le gouvernement a « lâché » quelques 150 millions d’euros d’aide indirecte (défiscalisations), une somme à la fois très élevé mais qui, « en même temps », est plus que largement insuffisante (dans le fond comme dans la réforme) pour répondre à l’urgence sociale chez les paysans. Cela s’ajoute à des faux reculs comme la suspension de la fin de la défiscalisation du carburant agricole.

Les ultras libéraux qui nous dirigent et ouvrent toute l’économie à la concurrence européenne et internationale ont menti lorsqu’ils ont parlé de leur refus « en l’état » de l’accord de libre-échange avec le Mercosur.

Les gros exploitants vont pouvoir utiliser toujours plus de phyto, au détriment de l’environnement, de notre santé, et de celle des ouvriers qui travaillent sur ces exploitations.

La séquence agraire de janvier aura également permis de constater la différence de traitement, médiatique et policier, de la mobilisation des Agriculteurs.

Le pas de deux calculé entre le gouvernement et la FNSEA a accouché d’une souris pour les petits et moyens Agriculteurs. La mobilisation, impactante de par les actions organisées et l’aspect commun à tous et toutes de la revendication du « mieux vivre de son travail », pouvait pourtant porter un espoir, dans le secteur primaire, comme pour tous les salariés et employés.

Sans parler encore de convergence, hormis bien sûr en pratique par des actions et blocages menées par la Confédération paysanne, des évidences se sont manifestées dans cette séquence. La réalité de nombre d’Agriculteurs se sont manifestées. L’appel de la Confédération Paysanne et d’autres organisations comme les Soulèvement de la Terre, ont démontré la possibilité de fissurer des murs artificiels qui séparent et divisent notre camp social.

Au vu de l’inégalité consécutive du modèle d’organisation du secteur primaire (et son articulation avec l’agro-alimentaire et la grande distribution), de la pénibilité et de la précarité du métier, l’arrêt de la mobilisation « générale » des Agriculteurs, décidée par la mafia patronale ne change en rien la situation dramatique et réelle vécue dans le réel par des dizaines de milliers de petites et moyens agriculteurs.

La Confédération Paysanne poursuit d’ailleurs la mobilisation en axant notamment sa stratégie autour des revendications du revenu paysan, de la fin des accords de libre-échange, d’un changement de logique, hors agro-industrie, afin également de rompre avec la « fin » programmée du monde paysan – un tiers des agriculteurs en activité doit partir à la retraite d’ici dix ans.

Dans l’immédiat, des points de convergences et d’unité :

La question du revenu paysan pose en miroir la question du salaire ; alors que l’inflation bat encore des records, la revendication de l’indexation des salaires, revenus, pensions, allocations sur l’inflation est centrale.

Les traités de libre-échange, prétexte et prélude à l’éclatement des industries et services publics portent préjudice à tous et toutes et il convient donc de les dénoncer et d’en réclamer le retrait.

La question du « mieux vivre » qui implique un certain nombre de solutions implique de croiser et la réponse aux besoins sociaux (comme se nourrir) avec la prise en compte de normes environnementales pour, ne pas se tuer, et au travail pour les producteurs, et au repas pour les consommateurs.

Il y a, en vérité, du grain à moudre. Pour les paysans, les usagers, les salariés.

Le modèle actuel, fondé sur le couple agro-industrie et industrie de l’agroalimentaire, subventionné par l’UE et l’Etat est en fin de cycle. Les ouvertures à la concurrence, qui ont dopé les exportations françaises à l’étranger, ont poussé à une concentration maximale du secteur primaire ainsi qu’à une intégration très poussée avec la chaine de l’agroalimentaire. Ces éléments expliquent d’ailleurs en partie la disparition progressive du corps social des paysans (500 000 en France aujourd’hui), condamné à une très brutale « loi de la jungle » capitaliste.

Ce crépuscule du monde paysan, couplée à la sur-exploitation des derniers petits exploitants, se double également d’une perte de vitesse inexorable sur le marché international pour le patronat français rattrapé par ses concurrents brésiliens, allemands, argentins, néerlandais, mexicains, canadiens…

La survie, résilience et résurgence du monde paysan passe donc par un changement de paradigme qui suppose et impose un démantèlement de l’oligarchie de l’agro-business, un secteur qu’il convient de refonder de la cave au grenier.

Le modèle de l’agrobusiness, pompe à subventions publiques et communautaires, fondé sur une fuite en avant permanente, et la course insatiable au profit (en dépit des dommages) et la recherche de parts de marchés à l’étranger ne sert pas à « nourrir la France » comme le prétendent les lobbyistes de l’agrobusiness et de l’agro-alimentaire.

La réponse aux besoins, l’intégration totale, « de la fourche à la fourchette » et au bénéfice de tous et toutes passent aussi, outre la recomposition de l’agrobusiness, par la planification et également la nationalisation des secteurs de l’agroalimentaire et de la grande distribution.

   

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