Accueil > Repères et Analyses > Une formule malheureuse...
Une formule malheureuse...
mardi 2 janvier 2018
Par Francis Arzalier de l’ANC.
Quelques jours avant Noël, une chaîne de télévision française, pas pire que d’autres, annonçait un reportage à Tombouctou. L’accorte journaliste qui présentait l’émission la résuma en parlant de "cette cité mythique du désert, qui fut il y a quelques années occupée par les djihadistes, et enfin libérée par les soldats français", sur fond d’images martiales des militaires de l’opération Barkhane déambulant mitraillette au poing dans les rues poussiéreuses de la ville du Nord-Mali.
Une définition pour le moins hasardeuse, car si depuis 2013, les soldats de l’ex puissance coloniale ont investi à nouveau le Mali et s’efforcent d’en éradiquer les bandes djihadistes (sans succès apparent d’ailleurs), c’est un peu inverser les faits que les qualifier d’occupants et les intervenants venus d’Europe de libérateurs : car ces djihadistes, même s’ils étaient financés par les Monarques du Golfe ( alliés par ailleurs de l’Occident ), étaient pour l’essentiel des Maliens, motivés par le fanatisme islamiste et par l’appât du gain.
Fâcheusement, contrairement aux discours lénifiants, la réinstallation de troupes françaises à fortifié le développement de l’intégrisme au Mali, tous le constatent à Bamako...
Le Président Macron a été fort présent à nos petits écrans lors de sa visite au Niger. L’occasion pour la présentatrice de service d’y aller de son petit couplet sur la présence, enfin, de l’armée française dans ce pays, "un des plus pauvres du monde, ou la majorité des filles ne savent pas lire." L’armée d’occupation comme solution à la pauvreté et à l’analphabétisme, donc au sous développement hérité de la colonisation et perpétue par les relations actuelles : car le Niger en est l’exemple parfait, Areva y extrait du sous sol l’essentiel de l’uranium nécessaire aux centrales nucléaires qui donnent son énergie électrique à la France.
Mais ce "pauvre pays" est un de ceux où la majorité des foyers ne dispose pas de l’électricité ! L’aide à l’électrification du Niger serait un moyen plus efficace de contrer l’intégrisme que des troupes étrangères...
Notre Président Macron se dépense beaucoup en voyages et réceptions de chefs d’état major étrangers : après les Monarques du Golfe arabique, les Présidents des pays du Sahel, Mali, Burkina et Niger, les dirigeants de la Palestine occupée et de l’état occupant d’Israël, l’Algérie, etc.
Féru de communication, il veut se donner aux yeux des électeurs français l’image d’un grand dirigeant du monde occidental, animateur de la lutte contre le djihadisme au Levant et en Afrique, dont Merkel ne s’occupe guère. Il se juge même capable de jouer les intermédiaires entre Israéliens et Palestiniens quand Trump n’est plus à même de faire croire à sa neutralité après sa proclamation provocante sur Jérusalem, définitivement annexé a l’état juif.
Pour l’instant, cela lui réussit, sa cote de popularité remonte. Mais jusqu’à quand ? Comment pourra t’il faire oublier ses contradictions, quand il prône la négociation en Syrie tout en continuant à exiger l’éviction de Bachar el Assad, comme si c’était à la France d’en décider ?
Et comment justifier un rôle pacificateur en Palestine quand il reçoit avec les honneurs à l’Élysée le colonialiste Netanyahou ?
Cette agitation organisée avant tout pour remonter dans les sondages ne doit pas cacher l’essentiel, qui est l’orientation impérialiste et interventionniste de la politique française, inchangée depuis des décennies.
Décidément, ce ne sont pas des formules malheureuses, mais des affirmations mensongères délibérées, la continuation de la manipulation de l’opinion française, commencée ce printemps 2017 avec la fabrication de Macron candidat, puis de Macron President, puis de sa majorité introuvable...
Jusqu’à quand ?
Francis Arzalier 1/1/2018