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Le Brésil descend dans la rue contre la tentative de coup d’État des Bolsonaristes
mercredi 11 janvier 2023 par Rino Condemi
Lundi après-midi, à l’heure prévue du rassemblement, l’Avenida Paulista était déjà occupée par des milliers de manifestants pour la défense de la démocratie. Organisée par les fronts Povo Sem Medo, Brasil Popular et Coalição Negra por os Direitos (Coalition noire pour les droits), la manifestation de São Paulo s’est jointe à des dizaines d’autres organisées au Brésil en réaction au coup d’État lancé par les bolonaristas contre les trois pouvoirs de Brasilia dimanche dernier.
Des manifestants pro-démocratie ont demandé que Bolsonaro et sa famille soient punis dans la capitale Rio de Janeiro. La pluie n’a pas perturbé la manifestation à Cinelândia, située dans la région centrale.
Le slogan le plus entendu était "non à l’amnistie". La demande portait en particulier sur la responsabilité de l’ancien président Bolsonaro pour les crimes commis pendant son mandat. Il a déjà passé les deux derniers jours de son mandat aux Etats-Unis, où il reste car il n’a plus de place privilégiée.
Cette exigence, déjà fortement exprimée par la foule qui a assisté à l’investiture du président Lula, prend aujourd’hui de nouveaux contours, avec la demande que les auteurs du coup d’État et, surtout, leurs financiers, leurs promoteurs et les autorités étatiques complices soient tenus responsables.
" Nous avons déjà renversé Bolsonaro dans les urnes, nous allons renverser le bolonarisme dans les rues ", a déclaré un membre d’Uneafro au micro. Sur un camion-stand, des parlementaires et des militants de mouvements tels que le MST, le MTST, le MNU et l’Unegro se sont relayés pour prononcer des discours rejetant la tentative de coup d’État et réaffirmant la légitimité de la décision des urnes qui a élu le nouveau gouvernement du PT.
Vers 20 heures, des dizaines de milliers de personnes ont commencé à marcher vers le centre ville. Les supporters organisés des quatre grandes équipes de São Paulo étaient présents à l’événement, avec une forte présence des militants du réseau Gaviões da Fiel.
"Les démocrates doivent descendre dans la rue : n’avons-nous pas eu près de 500.000 personnes à Brasilia lors de cette belle fête ? Maintenant, sortons dans la rue, laissons ces fous descendre dans la rue en disant qu’ils sont le peuple, dans la rue", a déclaré Chico Malfitani, l’un des fondateurs de Gaviões da Fiel. "Comment avons-nous ouvert les rues si facilement ? Tout ce qu’ils avaient à faire était de se montrer et ils étaient en fuite. Ils ont laissé les voies, ils ont tout laissé. La même chose sur la promenade, ils ont même laissé une moto avec une clé", a-t-il dit, faisant allusion à l’action de Gaviões da Fiel pour nettoyer les rues.
Nani Sacramento, de la direction nationale de la Central de Movimentos Populares (CMP), a déclaré que "la manifestation est un contrepoint à ce qui s’est passé hier à Brasilia, contre notre démocratie". C’était un acte illégal, en fait criminel, un acte nazi. La force populaire n’est pas cela. Nous sommes venus pour leur montrer, tout d’abord, que cet endroit n’est pas seulement le leur, mais aussi le nôtre.
Nous sommes la majorité et cette majorité s’est exprimée dans les urnes le 30 octobre. Luiz Inácio Lula da Silva aurait sorti le Brésil de l’obscurité, aurait sorti le Brésil du trou dans lequel joue Bolsonaro", a-t-il déclaré. La démocratie n’est plus ce qu’elle était hier. La démocratie, c’est ce que vous allez voir aujourd’hui", a ajouté M. Sacramento.
Deux observateurs avisés, le politologue brésilien Emir Sader et le sociologue Atilio Borón, ont expliqué le contexte de la tentative de coup d’État au Congrès, au Planalto et à la Cour suprême, ainsi que la poursuite des enquêtes et des prises de position politiques. L’impact sur la figure de Lula.
Le Brésil a vécu une journée fatidique dimanche lorsque des centaines de partisans de l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro ont tenté de prendre le Congrès, la Cour suprême et le palais présidentiel du Planalto à Brasilia, les trois sièges du pouvoir d’État.
Le politologue brésilien Emir Sader a considéré qu’il s’agissait d’une "tentative manifeste de coup d’État". Le sociologue argentin Atilio Borón, quant à lui, s’en prend aux forces de sécurité et parle de "conspirations". Ils ont également énoncé six points clés pour comprendre ce qui s’est passé ce dimanche au Brésil.
C’était une tentative de coup d’État très claire. Ils approchaient de Brasilia avec des dizaines de bus. Il est clair qu’ils préparaient quelque chose de gros", a prévenu M. Sader dans une interview.
- Le sociologue Atilio Borón a dénoncé le fait que "tout cela est arrivé parce qu’il y a eu, de toute évidence, une surprenante inaction, qui ressemble fort à de la complicité, de la part des agences de sécurité de l’État. En effet, il y avait des indications claires qu’une attaque était en préparation. M. Borón a souligné que les bolonaristas ne sont pas sortis de nulle part, mais d’un campement situé devant le quartier général de l’armée, qu’ils ont atteint avec des dizaines de bus.
- "Les agences de renseignement ne pouvaient pas ne pas remarquer quelque chose comme ça. Qu’une horde était arrivée à Brasilia pour semer le chaos. Le président aurait dû être informé immédiatement que quelque chose se passait".
Atilio Borón a également souligné le rôle de la police et de l’armée et les relations tendues entre les deux forces. Il a déclaré que ce dernier groupe a tenté d’empêcher le nettoyage des camps dans les heures qui ont précédé la tentative de coup d’État. "Le rôle des forces armées est clair. Il y a un secteur très important qui a été gagné à la cause de Bolsonaro. Il s’agit d’un fait concret et réel.
Les militaires ont vu d’un bon œil les milices ou la justification de la dictature militaire", a commenté M. Boròn, soulignant en outre que : Parmi les militaires retraités, le soutien de Bolsonaro est très important. Tout cela joue un rôle en permettant l’action de ces groupes qui ont fait des choses inimaginables.
Source : Resumen Latinoamericano
Traduction : JP avec l’aide de DeepL
Voir en ligne : https://contropiano.org/news/intern...