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En Allemagne comme en France le capitalisme en déroute provoque la montée des droites extrêmes
mercredi 4 septembre 2024 par Francis Arzalier (ANC)
" Comment peut-on être saxon ou thuringeois ?"
On se souvient de l’exclamation ironique de Montesquieu dans ses « Lettres », que les Français d’aujourd’hui, abrutis par le matraquage imbécile des télévisions, feraient bien de lire ou de relire, pour se nettoyer des préjugés xénophobes qui les aveuglent.
« Comment peut-on être persan ? »
À l’audition ce matin 2 septembre de nos « Experts » journalistiques, on ne peut qu’être ahuri par leur étonnement préfabriqué devant les résultats électoraux en Saxe et en Thuringe, deux régions de l’ex RDA, que le rétablissement du Capitalisme a plongé dans le désastre social, le chômage et la désindustrialisation, organisés par le gouvernement social-démocrate, converti aux vertus du Capitalisme et de l’impérialisme guerrier en Ukraine.
« Comment peut-on être allemand ? «
C’est leur antienne du jour, qu’ils nous servaient déjà pour affirmer l’inverse il y a quelques mois, pour s’étonner que les Français ne veuillent pas comme ces braves Teutons d’outre.-Rhin, se mettre tous d’accord autour d’une grande table centriste, réunissant enfin les convives de Droite et de Gauche, perpétuant « la ferveur cultivée par les Jeux Olympiques » en faveur des pensées géniales de Macron.
« Mais pourquoi les français refusent ils donc de s’entendre ? »
Patatras ! Ce discours infantile de nos soi-disant spécialistes s’est effondré lamentablement dans les élections françaises successives en 2024. Européennes, puis législatives. Qu’ils s’expriment de gauche ou de Droite, LFI ou RN, les citoyens français veulent en finir avec le désastre Macron. C’est même, depuis, le seul choix clairement exprimé par les électeurs, fortement divisés par ailleurs.
Une réponse du peuple de France que le président monarque refuse d’admettre jusqu’à présent avec obstination.
Peu importe le nom qu’il sortira de son chapeau, ce sera dans le but de poursuivre autant que possible la même politique de restrictions des libertés publiques, de destruction des services publics et des conquêtes sociales, et de marche à la guerre mondiale.
Et voilà ce matin que nos « experts » , toujours aussi futés, font mine de s’étonner des résultats électoraux de Saxe et de Thuringe, alors qu’ils disent à peu près la même chose que les votes de notre nation il y a quelques semaines :
1/ D’abord et avant tout, une dégelée magistrale infligée par les électeurs au pouvoir en place, la Social-Démocratie de Scholz et ses amis Verts, cette « Gauche » qui a parrainé la destruction par le Capitalisme des industries et remplacé le pacifisme allemand d’après-guerre par le forcing d’une économie guerrière et l’aide aux nationalistes ukrainiens avec l’OTAN et les USA.
2/ Ensuite, comme en France il y a quelques temps, même si nos « Experts médiatiques. » font semblant de l’avoir oublié, une avancée considérable du parti d’extrême-droit AFD ( 30,5 pour cent en Thuringe et 30 pour cent en Saxe, un peu moins que le RN en France ), sur les mêmes thèmes racistes contre les immigrés-boucs émissaires que notre RN hexagonal.
Cette démagogie fut d’autant plus facile à promouvoir en Allemagne de l’Est, qu’il est exact que le patronat a su utiliser en ex-RDA l’apport massif de migrants syriens, ukrainiens, et autres, pour démanteler les acquis sociaux hérités de la RDA. Et cette démagogie de l’extrême-droite se doublait pour l’AFD d’une critique parfaitement justifiée des livraisons d’armes et munitions aux nationalistes ukrainiens contre la Russie, ce qui répond aux volontés de la majorité des électeurs.
3/ Et comme de ce côté-ci du Rhin, si les partis majoritaires de la Gauche allemande se sont tassés, en conséquence de leurs compromissions carriéristes-électoralistes (notamment Die Linke, qui fut un peu l’équivalant en ces Landers du PCF en France et n’atteint plus que des scores de 2 à 3 pour cent dans les sondages), un nouveau parti qui se veut de « Gauche radicale », un peu comme LFI en France, avec l’ancienneté en moins, le BSW de la militante pacifiste et féministe Sarah Wagenknecht a atteint un score étonnant : 16 pour cent en Thuringe et 12 pour cent en Saxe, alors que les trois partis de la coalition gouvernementale ( SPD, Verts, Libéraux ) y dépassent à peine 13 pour cent !
4/ Ce nouveau parti se singularise par la rupture affirmée avec les dérives qui ont détruit Die Linke et menacent l’hégémonie gouvernementale SPD-Verts : Sa dirigeante-créatrice affirme clairement son anti-impérialisme, exige l’arrêt de l’aide à l’Ukraine nationaliste, émet des réserves vis à vis de l’UE et de l’OTAN, et proclame sa volonté d’être le porte-parole des revendications sociales du prolétariat défavorisé, alors que Verts et Sociaux-Démocrates sont surtout l’expression des quartiers aisés des Métropoles urbaines. Ce qui sous-entend la promotion des services publics et des salaires mis à mal par le Pouvoir actuel, mais peut impliquer aussi le contrôle strict des courants migratoires, au profit de l’insertion sociale et politique des émigrés, car leur précarité est une arme patronale.
L’avenir dira si cette volonté de rupture aboutit à une véritable orientation anticapitaliste, seule base d’un authentique parti révolutionnaire.
Quelles conclusions tirer de cette moisson de faits ?
D’abord que dans notre pays comme dans son voisin de l’Est, la réalité des faits politiques et sociaux est systématiquement déformée par l’appareil médiatique au service du Capitalisme, et qu’on ne peut s’y référer qu’à l’issue d’une réflexion personnelle.
Ensuite que, quoiqu’en disent nos bavards rétribués, les réalités sociale, politique et idéologique de nos deux pays ont bien des points de ressemblance, et appellent les mêmes solutions.
Seules les luttes populaires pour la paix et le progrès social avec la masse des prolétaires qui n’ont que leur travail pour vivre nous sortira du désastre enfanté par les diverses Social-Démocraties, et nous évitera l’abîme du Fascisme qui menace nos nations européennes.