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Devant l’impuissance de l’ONU : Démission du directeur du Bureau de New York du Haut Commissariat aux droits de l’homme

jeudi 2 novembre 2023 par Jean Pierre Page/Craig Mokhiber

Très , très important à lire et à faire connaître largement un évènement au cœur de la haute administration du système des Nations Unies. Il s’agit de la lettre de démission d’un haut fonctionnaire de l’ONU, le Directeur du Bureau de New York du Haut Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU Craig Mokhiber.
Lisez attentivement sur ce qu’il dit au sujet de ce qu’il appelle lui même la plaisanterie de la solution à deux états, l’illusion des accords d’Oslo qu’il appelle à abandonner au bénéfice d’un choix en faveur d’un seul état débarrassé du système d’apartheid. À ses yeux , seule une solution à un état fondé sur le respect des droits humains pour tous, chrétiens, musulmans et juifs, et non sur des citoyens de seconde zone peut être la solution crédible. Mettre un terme à la colonisation que l’on refuse aux palestiniens depuis 75 ans par l’autodétermination passera par la reconnaissance de ce droit inaliénable compris dans la Charte des Nations Unies.
Il souligne également de manière ironique combien face aux calomnies et aux accusations d’antisémitisme il faut élever la voix pour réaffirmer la responsabilité d’Israël dans cette tragédie de Gaza. Comme on le voit significativement dans de nombreux cas en particulier dans les manifestations de la Gare de Grand Central à New York organisé courageusement par "Jewish for Peace", dénoncer Israël ce n’est pas être anti-juif, pas plus que critiquer l’Inde c’est être anti indouiste ou critiquer l’Arabie Saoudite c’est être anti musulman.
Enfin, il fait 10 propositions indépendamment desquels il est vain d’espérer une solution crédible.
Venant d’un très haut fonctionnaire de l’ONU sa lettre est d’une grande portée et d’une humanité indiscutable. Elle devrait aider à réfléchir y compris certains qui en sont restés à des schémas totalement dépassés et de ce fait dans une impasse politique plutôt que de contribuer à mobiliser les forces nécessaires pour arrêter le génocide et le bras des assassins, ce qui est la priorité des priorités.

Les interviews de Craig Mokhiber circulent sur plusieurs médias mainstream ou l’on peut les écouter comme Al Jazeera. Il est illusoire d’en entendre parler sur les médias français pour des raisons qu’il est inutile d’exposer. (JPP)

A Volker Turk, Haut-Commissaire aux droits de l’homme
Palais Wilson, Genève

Cher Haut-Commissaire,

Ceci sera ma dernière communication officielle avec vous en tant que Directeur du Bureau de New York du Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme.

Je vous écris dans un moment de grande angoisse pour le monde, y compris pour nombre de nos collègues. Une fois de plus, nous voyons un génocide se dérouler sous nos yeux, et l’Organisation que nous servons semble impuissante à l’arrêter.
En tant qu’enquêteur sur les Droits de l’Homme en Palestine depuis les années 1980, ayant vécu à Gaza en tant que conseiller en Droits de l’Homme de l’ONU dans les années 1990 et effectué, avant et depuis, plusieurs missions de défense des Droits de l’Homme dans le pays, tout ceci, à titre personnel, me concerne fortement.

J’ai également travaillé, au même titre, lors des génocides contre les Tutsis, les Musulmans de Bosnie, les Yézidis et les Rohingyas. Dans chaque cas, lorsque la poussière est retombée sur les horreurs perpétrées contre des personnes civiles sans défense, il est apparu douloureusement évident que nous avions manqué à notre devoir de satisfaire les impératifs de prévention des atrocités de masse, de protection des personnes vulnérables et de responsabilisation des auteurs.

Et il en a été ainsi, tout au long de l’existence de l’ONU, avec les vagues successives de meurtres et de persécutions contre les Palestiniens.

Haut-Commissaire, nous sommes en train d’échouer encore une fois.

En tant qu’avocat des Droits de l’Homme ayant plus de trois décennies d’expérience dans le domaine, je sais bien que le concept de génocide a souvent fait l’objet d’abus politiques. Mais le massacre général actuel du peuple palestinien, prenant sa racine dans une idéologie coloniale ethno-nationaliste, dans la continuité de décennies de persécution et d’épuration systématiques, basées exclusivement sur leur statut d’Arabes, et couplées aux déclarations d’intention explicites des dirigeants du gouvernement et de l’armée israéliens, ne laissent aucune place au doute ou au débat.

À Gaza, des maisons de civils, des écoles, des églises, des mosquées et des établissements médicaux sont attaqués sans raison et des milliers de civils sont massacrés. En Cisjordanie, y compris à Jérusalem occupée, des maisons sont saisies et réaffectées uniquement sur le critère de la race, et les pogroms violents des colons sont accompagnés par des unités militaires israéliennes.

Partout dans le pays, les règles de l’apartheid sont appliquées.

Il s’agit d’un cas d’école de génocide.

Le projet colonial européen en Palestine, ethno-nationaliste, est entré dans sa phase finale, vers la destruction accélérée des derniers vestiges de la vie palestinienne autochtone en Palestine. Qui plus est, les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et d’une grande partie de l’Europe sont totalement complices de cet horrible assaut. Non seulement ces gouvernements refusent de respecter leurs obligations conventionnelles « d’assurer le respect » des Conventions de Genève, mais ils arment en fait activement les assaillants, en apportant un soutien économique et de renseignement et en fournissant une couverture politique et diplomatique aux atrocités israéliennes.

Parallèlement, les grands médias occidentaux, de plus en plus dépendants et proches de leurs États, violent ouvertement l’article 20 du PIDCP, déshumanisant continuellement les Palestiniens pour faciliter le génocide, diffusant de la propagande en faveur de la guerre et un appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence.
Les sociétés de médias sociaux basées aux États-Unis suppriment la voix des défenseurs des droits humains tout en amplifiant la propagande pro-israélienne. Les trolls en ligne du lobby israélien et les GONGOS harcèlent et diffament les défenseurs des droits humains, tandis que les universités et les employeurs occidentaux collaborent avec eux pour punir ceux qui osent dénoncer ces atrocités.

Dans le cadre de ce génocide, il faudra tenir compte de ces acteurs, tout comme ce fut le cas pour la radio Milles Collines au Rwanda.

Dans de telles circonstances, les exigences imposées à notre organisation, pour une action efficace fondée sur des principes, sont plus grandes que jamais. Mais nous n’avons pas relevé le défi. Le pouvoir protecteur du Conseil de sécurité a de nouveau été bloqué par l’intransigeance américaine, le SG est attaqué à la moindre protestation, et nos mécanismes de défense des droits humains sont la cible d’attaques diffamatoires soutenues par un réseau organisé d’impunité en ligne.

Des décennies de perturbation, par les promesses illusoires et largement fallacieuses d’Oslo, ont détourné l’ONU de son devoir principal, la défense du droit international, des Droits internationaux de l’Homme et de la Charte elle-même.
Le mantra de la « solution à deux États » est devenu une plaisanterie ouverte dans les couloirs de l’ONU, tant pour son impossibilité totale de fait que pour son incapacité totale à prendre en compte les droits humains inaliénables du peuple palestinien.
Le soi-disant « Quatuor » n’est plus qu’un cache-misère pour l’inaction et la soumission à un statu quo brutal. La déférence (scénarisée par les États-Unis) pour les « accords entre les parties elles-mêmes » (à la place du droit international) a toujours été un clair affront, destiné à renforcer le pouvoir d’Israël sur les droits des Palestiniens occupés et dépossédés.

Haut-Commissaire, je suis arrivé à cette Organisation pour la première fois dans les années 1980, parce que j’y ai trouvé une institution fondée sur des principes et des normes qui étaient clairement du côté des Droits de l’Homme, y compris dans les cas où les puissants États-Unis, le Royaume-Uni et l’Europe n’étaient pas de notre côté.
Alors que mon propre gouvernement, ses institutions subsidiaires et de nombreux médias américains soutenaient ou justifiaient encore l’apartheid sud-africain, l’oppression israélienne et les escadrons de la mort d’Amérique Centrale, l’ONU défendait les peuples opprimés de ces terres.
Nous avions le droit international de notre côté. Nous avions les Droits de l’Homme de notre côté. Nous avions les principes de notre côté. Notre autorité était enracinée dans notre intégrité.
Mais pas plus.

Au cours des dernières décennies, des éléments clés de l’ONU ont cédé face au pouvoir des États-Unis et par peur du lobby israélien, afin d’abandonner ces principes et de prendre de la distance par rapport au droit international lui-même. Nous avons beaucoup perdu dans cet abandon, notamment, et ce n’est pas le moindre, notre propre crédibilité mondiale.
Mais c’est le peuple palestinien qui a subi la plus grande perte résultant de nos échecs. C’est une ironie historique stupéfiante que la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (DUDH) ait été adoptée l’année même où la Nakba a été perpétrée contre le peuple palestinien.

Comme nous commémorons le 75ème anniversaire de la DUDH, nous ferions bien d’abandonner le vieux cliché selon lequel la DUDH est née des atrocités qui l’ont précédée, et admettre qu’elle est née au côté de l’un des génocides les plus atroces du XXe siècle, celui de la destruction de la Palestine. D’une certaine manière, les créateurs promettaient les Droits de l’Homme à tout le monde, à l’exception du peuple palestinien.
Et rappelons-nous également que l’ONU elle-même porte le péché originel d’avoir contribué à faciliter la dépossession du peuple palestinien en ratifiant le projet colonial européen, qui s’emparait des terres palestiniennes et les remettait aux colons.
Nous avons beaucoup à expier.

Mais le chemin vers l’expiation est clair. Nous avons beaucoup à apprendre de la position de principe adoptée par les populations du monde ces derniers jours, lorsque des masses de personnes se lèvent contre le génocide, même au risque d’être battues et arrêtées. Palestiniens et leurs alliés, défenseurs des droits humains de tous bords, chrétiens et musulmans, ainsi que les organisations et les voix progressistes juives qui disent « pas en notre nom », tous ouvrent la voie. Tout ce que nous avons à faire, c’est de les suivre.

Hier, à quelques pâtés de maisons d’ici, la gare Grand Central de New York a été entièrement investie par des milliers de défenseurs juifs des droits humains, solidaires du peuple palestinien, exigeant la fin de la tyrannie israélienne (ce faisant, beaucoup risquaient d’être arrêtés). Agissant ainsi, ils ont dépouillé en un instant la propagande hasbara israélienne (et le vieux trope antisémite) disant qu’Israël représente, d’une manière ou d’une autre, le peuple juif.
Ce n’est pas le cas.

Et ainsi Israël est seul responsable de ses crimes. Sur ce point, nous devons répéter, malgré les calomnies du lobby israélien, que la critique des violations par Israël des Droits de l’Homme n’est pas antisémite, pas plus que la critique des violations saoudiennes n’est islamophobe, les critiques du Myanmarne ne sont anti-bouddhistes ou la critique des violations indiennes n’est anti-hindoue.
Quand on cherche à nous faire taire avec des diffamations, nous devons élever la voix, pas la baisser. J’espère que vous conviendrez, Haut-Commissaire, qu’il convient pour nous de toujours dire la vérité au pouvoir.

Mais je trouve aussi de l’espoir dans les secteurs de l’ONU qui ont refusé de compromettre les principes des Droits de l’Homme de l’Organisation, malgré d’énormes pressions en ce sens. Nos rapporteurs spéciaux indépendants, commissions d’enquête et experts des organes conventionnels, aux côtés d’un grand nombre de notre personnel, ont continué à défendre la cause humaine des droits du peuple palestinien, alors même que d’autres parties de l’ONU (même aux plus hauts niveaux) ont honteusement baissé la tête devant le pouvoir.

En tant que gardien des normes et standard en matière de Droits de l’Homme, le HCDH a le devoir particulier de défendre ces normes. Notre travail, je crois, consiste à faire entendre notre voix, du Secrétaire général à la nouvelle recrue de l’ONU, et horizontalement dans l’ensemble du système des Nations Unies, en insistant sur le fait que les droits du peuple palestinien ne peuvent faire l’objet d’un débat, d’une négociation ou d’un compromis, nulle part, sous le ciel d’aucun drapeau.

À quoi ressemblerait alors une position fondée sur les normes de l’ONU ?

Pour quoi travaillerions-nous si nous étions fidèles à nos avertissements rhétoriques sur les Droits de l’Homme et l’égalité pour tous, la responsabilité des auteurs, la réparation pour les victimes, la protection des personnes vulnérables et l’autonomisation des titulaires de droits, le tout dans le cadre de l’État de droit ?
La réponse, je crois, est simple - si nous avons la lucidité nécessaire pour voir au-delà des écrans de fumée propagandistes qui déforment la vision de la justice à laquelle nous avons prêté serment, le courage d’abandonner la peur et la déférence envers les États puissants et la volonté de porter véritablement le drapeau des Droits de l’Homme et de la paix.

Certes, il s’agit d’un projet à long terme et d’une montée difficile. Mais nous devons commencer maintenant ou céder à une horreur indescriptible.
J’en vois dix points essentiels :

1. Action légitime :
Premièrement, à l’ONU, nous devons abandonner le paradigme d’Oslo (largement fallacieux) qui a échoué, sa solution illusoire à deux États, son Quatuor impuissant et complice et son asservissement du droit international aux préceptes d’un opportunisme politique présumé. Nos positions doivent, sans excuse aucune, être fondées sur les droits internationaux de l’homme et le droit international.

2. Clarté de la vision  :
Nous devons cesser de prétendre qu’il s’agit simplement d’un conflit foncier ou religieux entre deux parties belligérantes et admettre la réalité de la situation dans laquelle un État disproportionnellement puissant colonise, persécute et dépossède une population autochtone sur la base de son appartenance ethnique.

3. Un État fondé sur les Droits de l’Homme :
Nous devons soutenir la création d’un État unique, démocratique et laïc dans toute la Palestine historique, avec des droits égaux pour les chrétiens, les Musulmans et les Juifs, et, par conséquent, le démantèlement du projet profondément raciste et colonial et la fin de l’apartheid sur tout le territoire.

4. Combattre l’apartheid :
Nous devons réorienter tous les efforts et ressources de l’ONU vers la lutte contre l’apartheid, tout comme nous l’avons fait pour l’Afrique du Sud dans les années 70, 80 et au début des années 90.

5. Retour et indemnisation :
Nous devons réaffirmer et insister sur le droit au retour et à une indemnisation complète pour tous les Palestiniens et leurs familles vivant actuellement dans les territoires occupés, au Liban, en Jordanie, en Syrie et dans la diaspora à travers le monde.

6. Vérité et justice  :
Nous devons appeler à un processus transitionnel de justice, tirant pleinement parti de décennies d’expérience accumulée, des enquêtes et rapports de l’ONU, pour documenter la vérité et garantir la mise en cause de la responsabilité de tous les auteurs, la réparation pour toutes les victimes et les recours pour les injustices documentées.

7. Protection  :
Nous devons faire pression pour le déploiement d’une ONU dotée de ressources suffisantes et d’un mandat solide, force de protection civile dotée d’un mandat soutenu pour protéger les civils de l’amont à l’aval.

8. Désarmement  :
Nous devons plaider en faveur du retrait et de la destruction des stocks massifs de munitions d’Israël, armes nucléaires, chimiques et biologiques, de peur que le conflit ne conduise à la destruction totale de la région, et peut-être même au-delà.

9. Médiation :
Nous devons reconnaître que les États-Unis et les autres puissances occidentales ne sont en fait pas des médiateurs crédibles, mais plutôt de véritables parts au conflit, complices d’Israël dans la violation des droits des Palestiniens, et nous devons les considérer en tant que tels.

10. Solidarité  :
Nous devons ouvrir largement nos portes (et celles du SG) aux légions palestiniennes, aux défenseurs des droits humains, israéliens, juifs, musulmans et chrétiens qui sont solidaires avec le peuple palestinien et ses droits, et mettre un terme au flux effréné des lobbyistes israéliens dans les bureaux des dirigeants de l’ONU, où ils plaident en faveur de la poursuite de la guerre, de la persécution, de l’apartheid et de l’impunité, et diffament nos défenseurs des droits humains à cause de leur défense de principe des droits des Palestiniens.

Il faudra des années pour y parvenir, et les puissances occidentales nous combattront à chaque étape du processus, donc nous devons être fermes.
Dans l’immédiat, nous devons œuvrer pour un cessez-le-feu immédiat et la fin du long siège de Gaza, nous opposer au nettoyage ethnique de Gaza, de Jérusalem et de la Cisjordanie (et ailleurs), documenter l’assaut génocidaire à Gaza, aider à apporter une aide humanitaire massive et de reconstruction aux Palestiniens, prendre soin de nos collègues traumatisés et de leurs familles, et se battre comme un diable pour une approche fondée sur des principes dans les bureaux politiques de l’ONU.

L’échec de l’ONU en Palestine jusqu’à présent n’est pas une raison pour nous retirer. Cela devrait plutôt nous donner le courage d’abandonner le paradigme défaillant du passé et d’adopter pleinement une voie plus fondée sur des principes.
Rejoignons avec audace et fierté, en tant que HCDH, le mouvement anti-apartheid qui se développe partout dans le monde, en ajoutant notre logo au drapeau de l’égalité et des Droits de l’Homme pour le peuple palestinien.
Le monde nous regarde.

Nous allons tous être responsables de la situation à ce moment crucial de l’histoire.
Soyons du côté de la justice.

Je vous remercie, Haut-Commissaire, Volker, d’avoir entendu ce dernier appel depuis mon bureau. Je vais quitter le bureau dans quelques jours pour la dernière fois, après plus de trois décennies de service. Mais n’hésitez pas à me contacter si vous pensez que je peux être utile à l’avenir.
Sincèrement,
Craig Mokhiber

L’original en anglais  : https://s3.documentcloud.org/documents/24103463/craig-mokhiber-resignation-letter.pdf

   

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