Association Nationale des Communistes

Forum Communiste pour favoriser le débat...

Accueil |  Qui sommes-nous ? |  Rubriques |  Thèmes |  Cercle Manouchian : Université populaire |  Films |  Adhésion

Accueil > ANC en direct > Chronique d’un été 2022. Vivent les services publics !

Chronique d’un été 2022. Vivent les services publics !

dimanche 2 octobre 2022 par Francis Arzalier (ANC)

L’ANC regroupe des citoyens et militants qui sont conscients d’être minoritaires dans l’opinion française, déboussolée depuis 30 ans par le rouleau compresseur médiatique, au service de la contre-révolution idéologique libérale, dont le dogme le plus répandu consiste à affirmer que le privé est toujours plus efficace que le public.

Certains de nos lecteurs ont donc réagi en haussant les épaules à la lecture du dernier communiqué réaffirmant notre choix d’une France structurée par les Services publics, grâce à « l’appropriation par eux des grands moyens de production ».
Rassurez-vous, amis, ce n’est pas une erreur due à notre grand âge, nous sommes obstinément fiers de n’être pas à la mode !

L’été que nous venons de vivre a permis à chacun de nous de mesurer l’ampleur de la destruction des services publics. Pour m’en tenir à mon exemple familial, j’ai pu le vérifier à chaque fois que j’avais besoin d’un service, qui, il y a encore quelques années, nous était assuré sans problèmes particuliers dans le village natal où j’avais l’ambition de passer mon été.

Par la Poste d’abord : voulant transmettre à un ami qui en avait besoin, un petit livre de mémoires à peu près inconnu de nos bibliothèques, je l’ai déposé dans un des bureaux encore ouverts au chef-lieu de canton, dans une enveloppe dûment affranchie, à l’adresse du destinataire, qui vit depuis 20 ans dans une rue centrale de Nîmes, à 100 km du point de départ.
Soucieux d’éviter tout problème (j’ai attendu en vain il y a quelques mois un paquet posté à Marseille qui ne m’a jamais été remis en Île de France et n’est revenu à l´expéditeur que 4 mois plus tard), j’ai soigneusement vérifié le numéro du logis, et heureusement, n’ait pas omis d’inscrire les coordonnés de l’expéditeur au verso.

Quelques mois ont passé, et, revenu en Île de France, mon ami n’ayant rien reçu, je me résolvais à considérer mon chef d’œuvre mémoriel comme disparu corps et biens, quand j’eus la surprise de le découvrir dans ma boîte aux lettres, enrichi d’une inscription « personne de ce nom à l’adresse indiquée » ! Et quand, fort de mon droit, j’ai interrogé un préposé pour tenter d’obtenir une explication, sinon une excuse, j’ai eu droit à la ritournelle que nous servent toutes les entreprises d’État dépouillées depuis des années de leur personnel titulaire et qualifié : « rendez-vous sur internet, et créez-y un compte ! ».

J’ai alors lâchement abandonné, comme le font la majorité des Français…

Le plus dur était à venir, notre santé nous contraignant à de réguliers examens médicaux, et convaincu par l’expérience et les médias que nos lieux de séjour estival étaient qualifiés de « déserts médicaux », nous avons pris la précaution de retenir ces rendez-vous dès le printemps pour un retour en septembre en Île de France, région bien pourvue, nous disent nos télés, pour lesquelles les 10 millions de franciliens se réduisent aux beaux quartiers de l’Ouest parisien, bien pourvus effectivement en spécialistes de toute sorte.
Après quelques jours de démêlés avec Docto Lib, l’entreprise privée informatique qui a remplacé la plupart des secrétaires médicales, nous obtînmes enfin rendez-vous…en novembre et décembre.

Il est vrai que les postulants n’étaient pas encore mourants, ils prétendaient seulement consulter pour atténuer des douleurs persistantes. L’état des hôpitaux français est tel que ce fut plus grave pour des amis souffrant eux d’un cancer en évolution, aux prises avec les mêmes atermoiements, interventions repoussées, voire attente sur un brancard…

Notre logis estival est depuis l’an dernier équipé d’un compteur Linky, cette petite merveille que nos fournisseurs d’électricité (Enedis, qui n’est plus vraiment EDF) n’ont cessé de nous inciter durant des années d’accepter. Comme tous nos voisins, nous avons fini par céder à leurs injonctions, même si nous nous doutions bien que la seule raison en était l’envie d’économiser le maigre salaire du pauvre diable qui passait épisodiquement « relever au compteur » les kilowatts consommés pour nous en facturer le prix.
Mais nous avons découvert ce printemps que la « petite merveille technologique « ne permettait pas à l’entreprise comme annoncé de relever la consommation » en notre absence ( la densité de consommateurs n’est paraît-il pas suffisante ?).
Il faut donc que l’usager communique le chiffre inscrit sur le petit bijou technologique, ce qui est fort délicat quand le chiffre en question est dans une résidence d’été à quelques centaines de kilomètres du domicile. D’autant qu’il faut le transmettre par téléphone à un interlocuteur enregistré, exigeant d’un ton sirupeux le code, le numéro du compte, etc…

A l’issue de ce séjour d’été, nous dûmes convenir que le retour à notre résidence habituelle ne pourrait, compte tenu de l’état de santé, se faire comme à l’aller en voiture individuelle. Il nous fallait donc confier à la SNCF nos personnes et nos bagages, trop abondants pour être traînés sur nos faibles épaules sur un trajet de 800 kilomètres. Et donc passer par un service-bagages, proposé par la vieille dame des chemins de fer, qui s’est dépouillée de la Sernam qui véhiculait nos valises il y a 70 ans, et de pas mal de petites lignes fort utiles en leur temps, au profit de TGV ultra-rapides, adaptés aux besoins des « bobos » de chaque métropole, désireux d’atteindre la suivante en deux heures de temps, pour en repartir aussitôt : « Time is money ! », comme on dit dans les beaux quartiers parisiens.

Grâce à quelques heures de démarches informatiques et téléphonico-automatiques, nous louâmes donc deux places sur un TGV Nimes-Paris, un ami ayant la courtoisie de nous y amener de notre séjour estival-villageois. Et les mêmes efforts nous permirent de passer contrat avec la Vieille Dame des Chemins de fer pour qu’elle prenne en charge nos lourdes valises, qu’un préposé d’une entreprise sous-traitante (Chronopost en l’occurrence) devait venir chercher la veille du voyage en un hôtel prés la gare de Nîmes, entre 15 heures et 17 heures : obligation contractuelle qui nous contraignit à aller la veille en matinée au lieu de rendez-vous, et d’y coucher, au prix d’une nuitée d’hôtel…
Et, pour finir, personne ne vint prendre notre bagage, que nous dûmes le lendemain traîner nous-mêmes tout au long du voyage…
-----------------------------
Je sens d’ici l’énervement de quelques-uns de nos lecteurs, exaspérés par ces détails prosaïques, qui ne lui paraissent pas si importants. C’est bien sur ce point que nous sommes en désaccord. Car dans la France actuelle, ce sont bien tous ces déboires accumulés qui font de la vie quotidienne un enfer kafkaïen, et conduisent des millions de citoyens dépolitisés à la colère, au dégoût de la vie collective et l’abstention massive aux élections, voire au pire de tout, la démagogie xénophobe.

Car ils ignorent la plupart du temps le mécanisme et les motivations de ces déboires quotidiens, les courriers confiés à la Poste qui se perdent, les rendez-vous à l’hôpital qu’on renvoie, l’absurdité impersonnelle des contacts avec ENEDIS ou un autre Service d’État, de transports ou d’aide sociale. Ils en concluent donc ce qui leur saute aux yeux de prime abord, tous les services étatisés sont nuls, et s’évertuent à force de remplacer les employés par des machines, à rendre la vie impossible au commun des mortels.

Or c’est justement ce que nos dirigeants successifs depuis 20 ans cherchent à démontrer, le service public est nul, seul le Privé a toutes les vertus. Car ils partageaient tous le même dogme libéral, qu’ils aient pris le visage hargneux de la Droite de Sarkozy, ceux bonaces de Chirac ou Hollande, ou celui méprisant d’Emmanuel Macron. Ils se sont donc tous acharnés à « dégraisser » de leurs salariés et de leurs compétences (cette élégante formule fut il y a 40 ans inventée par un membre éminent du PS !) les services publics nés en 1945, de la défaite du Nazisme.
Avec l’accession au trône de Macron, le processus est quasi achevé.

Oui, l’ANC s’honore d’être parfois à contre-courant, et de dire aux Français qui n’ont que leur travail pour vivre et non celui des autres, cette société bâtie sur le profit de quelques-uns, le malheur et la manipulation du plus grand nombre a assez duré. À tout prendre, nous préférons passer ainsi pour attardés, quand tant d’autres politiciens se déshonorent en criminalisant la moindre dispute de couple à l’aide de médias complices, en organisant le lynchage d’un concurrent à la place d’une enquête judiciaire, sous le prétexte fallacieux que toute parole de femme est une vérité progressiste !

L’accès au pouvoir à Londres de l’ultra-conservatrice et belliciste Liz Truss, et de la néo-fasciste Meloni à Rome deviendrait-il synonyme de vérité et progrès pour leurs peuples du fait qu’elles sont femmes ?

Notre nation a droit à « une République de la Justice, du Travail, et de la paix entre les peuples ».
Comme le disaient déjà les Communistes français et étrangers dans les rues de Paris en 1848, qui avaient du bon sens et une certaine avance sur leur temps…

2 octobre 2022

   

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?