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« Guerre d’Ukraine, du rééquilibrage au cessez-le-feu ? »

mercredi 24 avril 2024 par Renaud Girard

Il est toujours intéressant de connaitre l’opinion du Figaro !(JP-ANC)

Alors que la nouvelle aide américaine éloigne l’hypothèse d’un effondrement militaire de l’Ukraine, Joe Biden serait bien avisé de se servir de la nouvelle position de force que lui a accordée le Congrès pour ouvrir des discussions avec la Russie sur un éventuel cessez-le-feu.

Une nouvelle fois, l’Amérique a sauvé l’Ukraine. En votant, le 21 avril 2024, une résolution allouant à Kiev une aide gigantesque de 61 milliards de dollars - soit le double du budget militaire annuel total de la Pologne -, la Chambre des représentants a, sur le court terme, donné un formidable remontant au moral de la population ukrainienne.
Elle était en effet déçue par l’échec de l’offensive de son armée sur trois fronts à l’été 2023, et même inquiète après la victoire russe de février 2024 à Avdiivka, ex-ville forteresse ukrainienne située au nord-ouest de Donetsk, qui menaçait une route russe cruciale pour l’approvisionnement terrestre de la Crimée.

À moyen terme, l’aide américaine - qui a toutes les chances d’être rapidement approuvée par le Sénat et promulguée par le président - rééquilibrera une situation militaire qui était en train de tourner à l’avantage des Russes. Ces derniers, après avoir repoussé victorieusement les attaques mécanisées ukrainiennes de 2023 grâce aux fortifications de leur « ligne Sourovikine », imposent depuis le début de l’année 2024 une épuisante guerre d’usure à l’armée ukrainienne grâce à la supériorité de leur artillerie. Ils réussissent même à grignoter du terrain, village après village, dans la région du Donbass, disputée depuis 2014.

Avec les missiles à longue portée que les Américains lui livreront, l’Ukraine sera en mesure de bloquer toute offensive russe en profondeur, à commencer par le projet ancien d’une traversée du Dniepr, d’une prise d’Odessa et d’une jonction avec les restes de la 14e armée russe basés en Transnistrie (territoire moldave sécessionniste prorusse situé sur la rive orientale du fleuve Dniestr).
En effet, il n’y a pas d’offensive sérieuse sans constitution préalable de stocks importants en munitions, carburants, vivres. Renseignés par les satellites espions américains, les Ukrainiens auront désormais, avec leurs nouveaux missiles, la possibilité de détruire préventivement ces stocks.

Bref, la nouvelle aide américaine – qui s’ajoute à l’aide européenne existante (une facilité de 50 milliards d’euros pour la période 2024-2027 a été décidée par le Conseil européen le 1er février 2024) - éloigne l’hypothèse d’un effondrement militaire de l’Ukraine. Le pays au drapeau or et bleu va conserver sa liberté et son indépendance par rapport à Moscou.

L’Europe doit réparer son économie

Est-ce à dire que l’armée ukrainienne sera en mesure de battre un jour l’armée de la Russie, afin de lui reprendre la Crimée et le bassin du Don, et de revenir aux frontières de 1991, date de l’indépendance de l’Ukraine ?
Non.

Dans les relations internationales, le souhaitable n’est pas toujours le possible. Le rapport démographique est trop en défaveur de l’Ukraine. Les contingents russes seront toujours plus nombreux que les contingents ukrainiens. Une offensive suppose qu’on puisse déployer, à un endroit du front, des troupes à raison de trois hommes pour un ennemi. L’armée ukrainienne ne dispose pas de tels moyens humains. Et cela d’autant plus que les jeunes hommes ukrainiens en âge d’être mobilisés – l’âge légal vient juste d’être baissé de 27 à 25 ans – n’ont pas, dans leur majorité, envie de se faire tuer pour récupérer les terres russophones du bassin du Don et de Crimée.
Des milliers ont tenté de passer à l’étranger pour échapper à la conscription.

Dans ces conditions, le président américain serait bien avisé de se servir de la nouvelle position de force que lui a accordée le Congrès pour ouvrir des discussions avec la Russie et voir si elle accepterait un cessez-le-feu. Ce dernier serait bien sûr assorti du maintien de strictes garanties de sécurité occidentales à l’Ukraine.

Il est très clair aujourd’hui que ni les Russes, ni les Ukrainiens, ni les Européens, ni même les Américains n’ont le moindre intérêt à ce que se poursuive cette guerre, qui dévore les jeunesses slaves et chrétiennes de l’est de l’Europe.

L’Amérique veut se concentrer sur sa rivalité avec la Chine, afin de garder le contrôle de l’Indo-Pacifique. L’Europe a besoin de réparer son économie. L’Ukraine doit reconstruire ses infrastructures et préparer ses institutions à l’intégration que lui a promise l’Union européenne. La Russie, qui fut l’agresseur, doit comprendre que son « opération militaire spéciale » a échoué et que l’État islamique est son ennemi civilisationnel, ce que n’est pas l’Ukraine, qui est simplement éprise de liberté.

Bien sûr, ce cessez-le-feu ne se transformera pas en traité de paix du jour au lendemain. Ce n’est pas demain qu’un gouvernement ukrainien acceptera d’abandonner formellement un territoire que lui reconnaissait le droit international depuis 1991. Quant à Vladimir Poutine, il ne semble pas prêt à rendre le moindre kilomètre carré de territoire conquis, ce qui serait compris comme un aveu de défaite par la population russe.

Les questions territoriales devront donc être discutées plus tard, quand les émotions et les griefs se seront atténués. Après tout, il a fallu attendre quarante-cinq ans pour que soit signé un traité de paix en bonne et due forme entre l’Allemagne et la Pologne, après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Les néoconservateurs, omniprésents sur les plateaux de télévision en Occident, vont crier et invoquer Munich, comme ils le font à chaque fois qu’on milite pour prévenir ou arrêter une guerre.
Ils l’ont déjà fait pour l’Irak en 2003 et la Libye en 2011.

À la paix, ils préfèrent leurs rêves de justice et de démocratie. Les escalades ne leur font pas peur. Ils croient la guerre joyeuse.
Parce que ni eux ni leurs fils ne l’ont jamais faite.


Voir en ligne : https://www.lefigaro.fr/vox/monde/r...

   

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