En 2025 peut-on encore se dire bonne année ?

Signe annonciateur de bonne nouvelle enfin ? Honneur et joie en tout cas. Le premier coup de fil de l’année 2025 m’a été donné par Georges Ibrahim Abdallah pour s’excuser (sic !) de ne pas avoir réussi à nous joindre hier pendant le réveillon, pour nous souhaiter que 2025 soit meilleure que 2024 et terminant par « embrasse fort tous les camarades de l’ANC » ...

Evidemment comme un nombre grandissant de gens, quand nous pensons à 2025 nos pensées vont à Georges comme à tous les prisonniers palestiniens et à ce fameux 20 février où la cour d’appel rendra son verdict pour dire si enfin il peut sortir de sa prison. Dans l’intervalle il y aura nos manifs et actions diverses avec d’ores et déjà, le 5 à Marseille, le 9 à Lannemezan, le 8 février à Paris...

Mon deuxième coup de fil (ou plus exactement message) est un appel qui m’a été passé en cette fin du mois de décembre et que je ne n’ai pu écouter qu’aujourd’hui. C’est Fatima déléguée syndicale CGT d’Air Algérie : elle a gagné au tribunal administratif contre son employeur qui a été une fois de plus débouté de sa demande de licenciement, le juge ayant fait le lien entre le licenciement et le mandat syndical...Une victoire de bon aloi en ce début d’année où le monde semble se craqueler de partout, où la situation politique en France porte plus au découragement, qu’à l’enthousiasme.

Comme à d’autres heures sombres de l’histoire, la phrase de Gramsci résonne dans l’actualité :
« Il faut allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté ».

Volonté génocidaire en Palestine et d’annexion pure et simple de la Cisjordanie, balkanisation de la Syrie, poursuite de la guerre à l’est de l’Europe et dans près de 60 pays du monde, répression en Kanaky, abandon et arrogance aux Comores, jeu de pantins à l’Elysée et dans les ministères, droits sociaux qui fondent plus vite que la neige sous l’effet du réchauffement climatique, rouleau compresseur de la droite et son extrême, gauche (si ce mot a encore un sens) qui semble bien en-dessous des enjeux tout comme les luttes trop dispersées et mobilisant trop peu....

La liste est longue et accablante : ils sont donc d’un irréalisme fou, des Don Quichotte du 21e siècle, celles et ceux qui espèrent encore, se battent contre les moulins à vent de notre temps et s’engagent dans le combat sous toutes ses formes, y compris la plus décriée et qui semble la plus vaine, le combat politique ?

Et pourtant...

Et pourtant quel choix avons-nous en cette nouvelle année ?

• Se dire après nous le déluge ?
• Nous réfugier dans un repli sur soi qui ne nous protègera de rien nous, nos enfants et les enfants de nos enfants ?
• Nous résigner à la barbarie faute de socialisme ?
• Avons-nous un autre choix réaliste que celui de se battre pour un monde meilleur ?
• Encore et toujours ?
• Sinon comment se souhaiter bonne année en ces temps durs porteurs de menaces plus lourdes encore que ce présent balafré, torturé par ce capitalisme impérialiste parce que déliquescent ?
• Comment le faire sans se mentir à nous-mêmes et à celles et ceux à qui on envoie nos vœux ?

C’est en ce moment que l’Afrique, pays par pays, secoue les dernières chaines de la colonisation, renvoie les soldats français hors de son territoire et viendra à bout, soyons-en certains, du Franc CFA véritable joug monétaire.

C’est en ce moment que le peuple cubain, victime de blocus depuis 62 ans, affamé, assiégé, se relève et marche contre la dictature US

C’est en ce moment que le peuple de Corée renvoie les vassaux de l’impérialisme US qui leur tenaient lieu de dirigeants.

C’est en ce moment que de la Kanaky aux Antilles, les populations des dernières colonies françaises refusent de se soumettre avec obstination.

C’est en ce moment que depuis un an à PAMAR les salariés résistent face à une direction mafieuse et moyenâgeuse.

C’est en ce moment que Fatima vient de gagner une nouvelle fois face à son patron qui peut bien aller au conseil d’état : ça ne changera rien à sa détermination et à celles de ses camarades.

C’est en ce moment qu’en France et dans le monde des millions d’anonymes résistent et espèrent en notre soutien.

C’est en ce moment que le peuple de Gaza, à l’image de cet admirable docteur du dernier hôpital détruit, résiste et reste debout sous les bombes.

C’est en ce moment que Georges Abdallah qui résiste depuis plus de 40 ans derrière les barreaux souhaite à toutes et tous une année 2025 meilleure qu’en 2024.

Et c’est en ce moment que nous nous laisserions gagner par le découragement ?
Nous n’en avons pas le droit non ?

Bonne année de luttes et de résistance !
L’avenir sera ce que nous en ferons !