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Les coulisses du plan d’expulsion des Palestiniens

mercredi 29 janvier 2025 par Fouad Baker

Je souligne l’importance de cette analyse du FDLP qui nous a été envoyée, et qui porte sur les récentes tentatives de Trump visant à déporter les Palestiniens. Elle place ces tentatives dans son contexte général et mondial dont le but est toujours d’éliminer la question palestinienne mais par d’autres moyens que le moyen militaire qui a échoué sous la forme qu’il a pris depuis le 7 octobre. Et c’est dans ce contexte aussi qu’il faut voir le déplacement en cours de l’agression sioniste de Gaza vers la Cisjordanie.
Plus que jamais il faut donc soutenir le combat en cours de "Jeningrad", comme cette ville a été appelée par les organisations révolutionnaires lors de la précédente agression contre cette ville et les autres localités de Cisjordanie.

Je rappelle que le FDLP au côté du FPLP combattent militairement les occupants avec les autres organisations de la résistance palestinienne, dont le hamas, et qu’elles constituent les deux organisations marxistes palestiniennes les plus importantes. Le FDLP a entre autre créé une formation armée féminine qui s’est illustrée dans les combats de Gaza de l’année écoulée. Nos contacts avec le FDLP sont donc complémentaires de nos contacts avec le FPLP.(BD-URC)

Le projet de Trump d’expulser les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie ne peut pas être considéré de la même manière que sa rhétorique sur l’achat du Groenland au Danemark, la fusion du Canada avec les États-Unis ou le contrôle du canal de Panama et du golfe du Mexique.

Le plan d’expulsion des Palestiniens est présenté avec le plus grand sérieux, et des préparatifs ont lieu en coulisses pour déplacer les habitants de Gaza vers l’Égypte et ceux de Cisjordanie vers la Jordanie. Ce plan s’appuie sur des communications entre Donald Trump et ses homologues, le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi, le roi de Jordanie Abdallah, ainsi que sur des communications secrètes avec d’autres pays comme l’Albanie, l’Indonésie et certains membres de l’Organisation de la coopération islamique, en particulier avec l’Arabie saoudite.

Trump entre deux mandats

Au cours de son premier mandat, de 2016 à 2021, Trump a modifié les équations établies par les Palestiniens, qui soulignaient qu’aucun règlement régional ne pouvait intervenir sans résolution de la question palestinienne. Donald Trump a mis à mal cette équation en imposant le « Deal du siècle » en 2020, en déplaçant l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël et en annexant le plateau syrien du Golan à la souveraineté israélienne de 1967. Il a également signé les accords d’Abraham, qui sont des traités et des accords visant à normaliser les relations avec Israël, y compris avec le Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Maroc et le Soudan, ainsi qu’à former une alliance militaire sous le couvert d’une soi-disant paix économique.

Avec son nouveau mandat, depuis son entrée en fonction le 20 janvier 2025, il a réintroduit la question de la résolution de la cause palestinienne, cette fois avec son désir de gagner le prix Nobel de la paix et de mettre fin aux guerres dans le monde. Toutefois, cela se fait également au détriment du peuple palestinien et de ses droits nationaux inaliénables, tels que définis dans les résolutions juridiques internationales, y compris la création d’un État palestinien avec Jérusalem comme capitale, le droit à l’autodétermination et le droit au retour conformément à la résolution 194.

Mouvements diplomatiques secrets :

La nouvelle administration américaine, aux côtés de diplomates israéliens, a discrètement commencé à discuter sérieusement de la vision de Trump sur l’expulsion des Palestiniens. Ils s’engagent avec plusieurs capitales arabes pour faire avancer ce plan et exercer une forte pression, par la porte d’entrée de l’acceptation des Palestiniens en tant que réfugiés humanitaires à court terme, dans l’attente de la reconstruction de Gaza. Ce plan prévoit une période d’accueil des Palestiniens allant de six mois à un an, avec un retour à Gaza en 2026, une fois la reconstruction achevée. Le plan inclut subtilement, bien que cela ne soit pas ouvertement déclaré, la possibilité que les Palestiniens ne retournent pas dans leurs villes et villages, comme en 1948, lorsque leur départ était censé être temporaire, mais qu’ils ne sont pas retournés malgré toutes les résolutions internationales.

Selon des sources diplomatiques, Israël communique avec certains pays pour qu’ils acceptent les Palestiniens en tant que réfugiés, en particulier avec l’Albanie et l’Indonésie. Les discussions portent sur les aspects de l’accord du siècle de 2020, en particulier l’intégration des Palestiniens déplacés en 1948 dans les pays qui les ont accueillis, tels que le Liban, la Syrie et la Jordanie. Israël a également entamé des dialogues avec certains membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) en vue de réinstaller 5 000 réfugiés palestiniens par an sur une période de dix ans, soit un total d’environ 50 000 réfugiés.

Aujourd’hui, l’administration Trump s’efforce d’engager l’Arabie saoudite à normaliser ses relations avec Israël et à abandonner ses conditions liées à la solution à deux États et à l’initiative de paix arabe. Selon des sources proches des décideurs en Arabie saoudite, le Royaume est devenu plus flexible dans son approche de l’Initiative de paix arabe, sous prétexte qu’elle ne peut pas être mise en œuvre d’un seul coup, mais plutôt progressivement, en commençant par la normalisation avec Israël, pour ouvrir des dialogues politiques et des perspectives liées à la question palestinienne.

Le dilemme de la reconstruction :

La nouvelle administration Trump est revenue à ses anciennes tactiques du premier mandat, en exerçant une pression économique sur l’Autorité palestinienne. Elle a réduit l’aide et le soutien aux projets de développement américains en Cisjordanie et prévoit d’utiliser la reconstruction de Gaza comme levier contre le Hamas. L’objectif est de faire pression sur le Hamas pour qu’il ne reprenne pas l’autorité sur Gaza en bloquant les efforts de reconstruction, en retenant les fonds et les dons d’autres pays et en les empêchant d’être transférés à Gaza. L’administration cherche également à contrôler le fonds de reconstruction, qui est actuellement organisé par certains pays européens et certains régimes arabes officiels qui s’opposent au contrôle du Hamas sur Gaza.

Selon les experts techniques, Gaza aura besoin de plusieurs années pour se reconstruire, pour effacer les vestiges de l’agression israélienne et déblayer les décombres des bâtiments détruits. Dans ce contexte, la nouvelle administration Trump justifie le statut temporaire de réfugié humanitaire accordé aux Palestiniens de Gaza pour une durée de six mois, tout en étant pleinement consciente que la reconstruction prendra au moins huit ans si elle a lieu - en supposant qu’il n’y ait pas d’obstacles politiques ou de restrictions de financement.

Scénarios possibles :

La scène des Palestiniens retournant chez eux à Gaza en passant par le poste de contrôle de Netzarim - aujourd’hui détruit - illustre le lien profond qui unit le peuple palestinien à sa terre, en dépit de la dévastation généralisée. Cela a brisé l’illusion de la victoire absolue dont parlait Netanyahou. Le Hamas, grâce à une manœuvre tactique impliquant la libération du prisonnier israélien Arbel Yehud, a obtenu un succès stratégique en garantissant le retour des habitants du nord de Gaza. Il est devenu de plus en plus difficile pour Israël de reprendre la guerre, même si l’accord de cessez-le-feu des six dernières semaines venait à s’effondrer, notamment en raison des civils qui traversent le point de passage de Netzarim sans être inquiétés.

En outre, la reprise de la guerre n’est plus entre les mains de Netanyahou ou de Smotrich, qui s’opposent à l’accord de cessez-le-feu. La décision n’appartient plus qu’à Trump, qui cherche à sauver Israël d’une défaite militaire et à la transformer en victoire politique en déportant les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. Ce plan poursuivrait l’annexion des territoires palestiniens, normaliserait les relations avec les pays arabes - en particulier l’Arabie saoudite - et saperait la solution des deux États.
Cette fois, le véritable accord sera américano-saoudo-israélien.

Le rôle manquant des Palestiniens :

Trump tente de remplacer le génocide infligé au peuple palestinien par un génocide politique. Cette fois, il ne vise pas seulement l’autorité de Gaza, mais aussi l’Autorité palestinienne de Ramallah. En assiégeant le camp de Jénine et en affrontant les groupes armés en Cisjordanie, l’Autorité palestinienne cherche à présenter ses lettres de créance à la nouvelle administration américaine afin de maintenir sa position politique et d’éviter son effondrement.

En l’absence d’une stratégie nationale palestinienne unifiée, le plan de Donald Trump reste intact et il est difficile de le contrer. Cela relève avant tout de la responsabilité de l’Autorité palestinienne, qui s’abstient de mettre en œuvre la déclaration de Pékin, appelant à une réunion de la direction palestinienne unifiée, et de son incapacité à former un gouvernement d’unité nationale incluant tout le monde, évitant ainsi toute responsabilité collective face aux plans américano-israéliens.

Cela appelle à des efforts internationaux pour faire face au danger qui menace la cause palestinienne, dans le but de faire pression sur l’Autorité palestinienne pour qu’elle mette en œuvre la déclaration de Pékin, forme un gouvernement d’unité nationale comprenant des personnalités nationales compétentes, organise des élections palestiniennes globales, reconstruise Gaza et surmonte les obstacles extérieurs afin de bloquer les projets douteux d’Israël.

conclusion :

Le peuple palestinien a affirmé au monde entier, à travers la scène forte de son retour dans le nord de Gaza, son attachement indéfectible à sa terre et son rejet du plan de déplacement forcé, malgré toutes les destructions et les massacres commis à son encontre. Quels que soient les efforts déployés par Israël pour lui imposer des politiques racistes et coloniales, le peuple palestinien résistera jusqu’à son dernier souffle.

Comme le dit l’historien israélien Ilan Pappe dans son livre Nettoyage ethnique, « l’olivier a percé les arbres importés par Israël de l’extérieur de la Palestine et plantés sur les terres palestiniennes pour renforcer leur discours selon lequel ils sont les propriétaires légitimes de la terre ».

De même, le peuple palestinien défiera tous ces plans par sa volonté et son rejet des projets coloniaux et des politiques du fait accompli. Il inventera de nouvelles formes de résistance, comme il l’a fait lors des étapes précédentes, et il étonnera le monde par la diversité de ses stratégies.

   

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