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Sénégal : les silences qui tuent l’état de droit

jeudi 23 mars 2023 par Roland Diagne

Les Sénégalais n’en croient pas leurs yeux. Au vu et su de tout le monde devant les caméras, le chef de l’opposition qui a fait près de 16 % de la présidentielle 2019, ex-député et Maire de Ziguinchor a été pour la seconde fois violenté, gazé et ramené manu militari au Tribunal auquel il se rendait tranquillement par la BIP/GIGN et cela sans mandat d’amener délivré par la justice. Résultat, il est hospitalisé, son avocat évacué à l’extérieur et le député Guy Marius Sagna ayant subi gazé aussi est examiné.

Le domicile de O. Sonko est aussi à nouveau barricadé par la BIP/GIGN lui interdisant ainsi qu’à ses enfants, sa famille d’aller et venir à la Mosquée, à l’école, au marché, au travail et tout ceci sans décision d’aucune autorité judiciaire.
Les meetings et manifestations sont interdits, plusieurs centaines de citoyens sont emprisonnés, des tentatives d’assassinats sont signalées, des nervis accompagnés de la police agissent impunément et la jeunesse comptent les premiers morts surtout en Casamance où les forces de répression ont la gâchette facile.

Tout cet acharnement répressif liberticide n’a d’autre objectif que d’éliminer la candidature de O. Sonko à la présidentielle du 25 février 2024.

Le Sénégal est entré dans l’ère de la dictature de l’apprenti autocrate Macky Sall qui cherche à imposer sa troisième candidature anticonstitutionnelle que l’odeur du pétrole, du gaz, du zircon, du fer rend obsessionnelle.

Depuis la conquête par les peuples dirigés par la gauche historique, notamment communiste, aucun des régimes précédents n’est allé si loin dans le dévoiement illégal du présidentialisme néocolonial pour se pérenniser son pouvoir.

LE POUVOIR EST DEVENU HORS LA LOI AU SÉNÉGAL.

En effet, ils ont tous réprimé l’opposition, triché les élections, se sont enrichis, mais jamais ils n’ont cherché à empêcher des candidatures. Seul Macky Sall a franchi le rubicond là en rendant inéligible Karim Wade puis Khalifa Sall et maintenant cherche à l’imposer à O. Sonko.

Sur ce point précis, Macky Sall rompt le contrat national éthique et moral implicite qui conférait au Sénégal les labels de « démocratie » néocoloniale et de « vitrine démocratique » du pré-carré françafricain.
Macky Sall est le seul président sénégalais à accueillir la représentante du fascisme français dont l’unique programme est la criminalisation de l’immigration, y compris la diaspora sénégalaise de France pour laquelle, bien entendu, elle ne prévoit pas de « servir des desserts ».

Même Senghor, qui pourtant avait fait un coup d’État et mis en prison Mamadou Dia, n’avait jamais emprisonné Cheikh Anta Diop alors que ce dernier mobilisait les masses pour obtenir la légalisation de son parti, le RND.

A. Diouf a volé des élections et a embastillé A. Wade, mais jamais ne lui a interdit de candidater. A. Wade a tenté son projet de succession monarchiste qui a causé plus de 10 morts, mais n’a pas envisagé d’interdire les candidatures, y compris celle de Macky Sall.

Seul Macky Sall s’entête, et de la pire des manières, à vouloir décider arbitrairement et illégalement QUI peut et doit candidater. L’ayant déjà fait sans résistance pour Karim Wade et Khalifa Sall, l’apprenti autocrate s’exerce depuis 2021 à régler le cas Sonko.

Plus Macky l’attaque, plus la popularité sans cesse grandissante de Sonko lui fait manifestement peur au point qu’il transforme le pouvoir présidentiel de la République en instrument d’une dictature hors la loi qui ne respecte ni la constitution mère des lois, ni les institutions judiciaire, législative, ni la liberté de la presse, ni la légalité du fonctionnement de l’administration, des forces de défense et de sécurité (police, gendarmerie, armée), ni les libertés et droits collectifs et individuels des citoyens.

Et le voilà, après la condamnation publique avant le procès de Sonko par son garde des sceaux, manifestement ministre de l’injustice, assénant sa sentence autocratique caligulaienne :
« Si le Sénégal n’était pas une authentique démocratie (sic !), croyez moi, son sort aurait été réglé depuis longtemps. (…) Mais une chose est sûre : ceux qui s’imaginent pouvoir intimider le pouvoir et bloquer la justice se bercent d’illusions. Chacun devra assumer ses responsabilités » (cité par l’Obs N°5844 tiré du journal français l’Express ).

On assiste sous Macky Sall à la présidentialisation de l’arbitraire féodal caractérisé par des complots politiques démasqués, des rapports d’institutions républicaines (OFNAC, IGE, IGF, Cour des Comptes, etc) ignorés sur la corruption endémique qui épinglent des tenants du pouvoir lesquels restent impunis, des morts, disparitions ou assassinats inexpliqués de citoyens, d’agents de l’État, voire des forces de défense et de sécurité, des plaintes visant des partisans du pouvoir qui demeurent dans les tiroirs, des arrestations qui relèvent du flagrant délit d’arbitraire.

Les pantalonnades de ceux et celles qui sont prompts à l’inversion mensongère de l’accusation de « violence » viennent d’être mises à nues par la brutale violence d’État du 16 mars qui a conduit à l’hospitalisation de O. Sonko, de son avocat, des blessures de députés dont Guy Marius Sagna et des premiers morts de manifestants patriotes et démocrates.

Les silences assourdissants des « neutres » pour que "jamm am ci deuk bi" ne doivent pas devenir les fantassins conscients ou inconscients du sabordage en cours des conquêtes démocratiques qui feraient se retourner dans leurs tombes nos héros martyrs, notamment de la gauche communiste.

Stoppons la fascisation du régime néocolonial des libéraux de l’APR/BBY, sauvons nos conquêtes démocratiques et rétablissons l’état de droit !

22/03/23

   

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