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compte-rendu réunion internationale ANC - Organisations étrangères 19 novembre 2023
jeudi 23 novembre 2023 par ANC
Bonjour les Camarades !
La fête de l’ANC a été un succès en terme de fréquentation par le public et d’organisations présentes. Elle a permis à beaucoup de camarades d’engager des contacts entre organisations, régions et pays, ce qui est fondamental pour notre avenir commun.
Le niveau des interventions et du débat qui a suivi a montré que nous occupions ensemble un créneau politique indispensable à l’heure actuelle et que les organisations politiques françaises en principe plus importantes se refusent à occuper malgré la pression populaire. Ce qui explique pourquoi beaucoup de jeunes se tournent vers l’ANC et les organisations représentées lors de notre fête. Les guerres tragiques qui déchirent le monde aujourd’hui montrent en effet la nécessité de s’opposer à la militarisation, à la fascisation, aux guerres impérialistes pour empêcher la marche vers la guerre mondiale et imposer une politique de paix, de souveraineté de tous les peuples et de développement.
Je tiens en mon nom et en celui de l’ANC à remercier tous les participants et aussi tous ceux qui ont été empêché de venir à cet événement en raison d’un calendrier politique particulièrement chargé. Nous sommes décidés à tenir régulièrement de telles rencontres internationales d’échange d’informations et de coordination de nos activités au niveau multilatéral ainsi qu’au niveau bilatéral.
En vous remerciant tous !
Salut et Fraternité !
Prolétaires, peuples, nations, pays du monde opprimés, Unissez vous !
Bruno Drweski
Responsable des relations internationales de l’ANC
Rencontre internationale ANC – partis et organisations étrangères
Adama (DUP) :
La DUP et le PDP de Corée ont fait une réunion en Guinée Bissau pour préparer la conférence internationale de la Plateforme mondiale anti-impérialiste qui aura lieu dans ce pays. La DUP cherche à fédérer des militants de plusieurs pays engagés dans la lutte contre l’impérialisme et le capitalisme sauvage, et pour l’unité africaine, la souveraineté. Elle cherche à s’étendre plus vers l’Afrique anglophone et lusophone. Elle veut agir pour la souveraineté de nos pays. Toutes les organisations membres de la DUP ne sont pas forcément communistes mais l’objectif est de faire une large alliance.
ll y a en Afrique une effervescence qui prend des formes nouvelles. De la part de la France la lutte anticommuniste nous a été très préjudiciable. Mais il y a aujourd’hui un combat pour dire ce qu’on ne veut plus. Pour le moment, c’est surtout encore le slogan « France dégage ! » qui rassemble mais on ne dit pas encore avec précision ce qu’on veut comme projet de société. Il est donc important d’élaborer des projets de société. Il y a des patriotes au sein des armées car elle reste le seul corps organisé et en capacité de prendre le pouvoir. Si ces coups d’état ont été possible, c’est parce qu’il y avait une colère populaire, accompagnée de manifestations au Mali, au Niger, au Burkina Faso… Ces pays sont mieux équipés et armés depuis qu’ils se sont débarrassés de la présence militaire française et qu’ils ont fait appel à d’autres pays comme la Turquie avant même de s’adresser à la Russie. Mais l’armée même dans le cadre de coups d’état patriotique n’est pas en soi une solution car il faut une base populaire constituée pour élaborer un régime durable correspondant aux intérêts du peuple.
L’impérialisme s’est servi du terrorisme et cherché à créer des tensions tribales, ce qui a empêché en fait de combattre le terrorisme, et c’est pour cela que pendant dix ans au Mali, le terrorisme n’a pas reculé mais, en deux ans après le départ de l’armée française, l’armée malienne s’est reconstituée et elle a pu reconquérir Kidal.
On assiste aujourd’hui à la fin d’un cycle. Les coups d’état n’épuisent pas la situation. Au Burkina, certains partisans de Traore disent même que le communisme est un impérialisme et ils s’en prennent aux syndicalistes. On parle d’une transition de plus en plus longue. Ce qui se passe en Palestine a une forte résonance en Afrique. Il existe des inquiétudes sur le processus en cours, ce dont l’impérialisme peut profiter. La contradiction entre ceux qui se posent la question du changement dans un contexte de contradictions entre l’impérialisme en crise et les peuples en lutte.
Il existe beaucoup de préjugés au sein de la gauche française qui dénonce surtout les autres impérialismes plutôt que le sien. L’expression de « racisme cordial » correspond à la réalité de cette gauche. En Afrique, il y avait une forme de communisme traditionnel, de systèmes de solidarités et de production pour obtenir ce dont la population avait besoin. Cette tradition peut servir de base pour le passage à une société nouvelle.
Le mieux, c’est d’avoir une vraie mobilisation populaire qui rend la résistance armée non indispensable. La résistance armée est importante mais ne suffit pas. L’OPAO a été créée pour amplifier les luttes dans les pays. L’AES est une alliance créée pour lutter contre le terrorisme, et il y a aussi des convois humanitaires envoyé au Niger sous blocus des pays de la CEDEAO. Il existe aussi un accord entre les 3 pays sur les fournitures de pétrole.
Le rôle de la diaspora est important car elle est consciente qu’il ne faut pas importer dans nos pays le modèle occidental.
Salah Hamouri :
les Palestiniens vivent aujourd’hui sous une menace comparable à la Naqba de 1948. Ce que fait Israël, ce n’est pas une « riposte » ou une « vengeance », mais comme l’a dit Netanyahu « je veux changer la face du Proche-Orient ».
Les médias essaient de nous vendre le terme de guerre entre le Hamas et Israël, alors que les Israéliens ont un plan depuis des années. Ils veulent déporter la population de Gaza en Egypte, Qatar, Soudan. Ils veulent vider le Nord de Gaza et créer des zones de sécurité : c’est un déportation, un nettoyage ethnique qu’ils visent. En Cisjordanie, on en est déjà à 200 morts et 11 500 prisonniers depuis le 7 octobre. Il y a la destruction systématique de villes et des villages. Ils veulent mettre Cisjordanie à genoux. ‘L’état d’urgence a été proclamé pour faciliter la répression à Jérusalem.
Ils veulent continuer les massacres tant qu’ils auront le feu vert. On en est aujourd’hui à 15 000 morts et disparus à Gaza, en comptant les estimations des disparus qui gisent sous les décombres. Ils veulent pousser les Gazaouis à aller dans le Sud pour ensuite les massacrer ou les pousser vers l’Egypte en forçant la frontière. Les Egyptiens et les Jordaniens refusent la déportation parce que pour eux cela voudrait dire la chute de leur régime et il nous faut donc profiter de cette contradiction. Les Israéliens sont dans un état de folie et sont capables de tout, jusqu’à bombarder la frontière égyptienne pour forcer l’expulsion des Palestiniens. Il y a une résistance massive et populaire, et les Israéliens ont des pertes militaires énormes. Il n’y a pas que les Israéliens sur le terrain, il y a des Français, Allemands, Etats-uniens, Anglais, Italiens. C’est déjà une demi-guerre mondiale. Les Français ont proposé d’installer des hôpitaux en mer sur les porte-avions en prévision du pilonnage de l’hôpital de l’hôpital Al Shifa et pour faciliter le départ des Palestiniens de Gaza.
Les Israéliens veulent prendre un an pour installer une autorité palestinienne à leur botte dans une ville en partie vidée de ses habitants. La guerre va donc se développer dans la région. Le Yémen a déclaré qu’il allait bombarder les bateaux israéliens. Les Etats-uniens n’étaient pas prêts pour cette phase de la guerre, d’où la nécessité pour eux d’amener toute leur marine car leurs bases n’étaient pas prêtes. Tous les regards sont tournés vers le sud du Liban. Si le Hezbollah intervient cela changera la donne. Cela peut être une guerre régionale qui va durer longtemps. Les Etats-uniens font la guerre pour le contrôle de la région : pour le contrôle de la Méditerranée.
Le 7 octobre a permis de faire exploser le processus de normalisation qui se profilait. La proposition de l’Algérie et du Liban a été refusée par d’autres pays de la Ligue arabe mais le plan israélien va échouer. Le 7 octobre a remis la cause palestinienne en tête des préoccupations mondiales. Hier l’Espagne est le 1er pays d’Europe à reconnaitre l’Etat palestinien. On a gagné dans les têtes la légitimité de la cause palestinienne. On n’a jamais vu une telle mobilisation pour le Palestine : un million de manifestants à Londres.
Sur la question des otages, il y a les otages civils et les militaires. Israël se fout des otages civils et il a refusé l’échange proposé par les Palestiniens. Ceux-ci libéreront les civils mais les militaires ne seront libérés que contre les prisonniers palestiniens. Les éléments déclencheurs du 7 octobre étaient devant les yeux de tout le monde depuis longtemps mais on ne voulait pas le voir.
Contradictions au Liban. Et nous en France que fait-on ?
Le Liban est un des pays où la situation est la plus compliquée, ce qui empêche l’élargissement de la résistance. Les Israéliens et les Etats-uniens ont tout essayé pour obtenir un retour de la guerre civile mais ils n’y sont pas parvenus, mais il y a toujours des clans maronites et sunnites qui bloquent la mobilisation contre Israël car cela profiterait au Hezbollah, leur rival.
Concernant la France on peut comprendre à gauche le choc de la 1ère semaine, mais après, la situation est devenue de plus en plus claire et il fallait réagir. Les déclarations de la gauche installée sont honteuses. Parler du Hamas terroriste c’est donner un feu vert aux Israéliens. Hier il y a eu un communiqué des Palestiniens de France contre le communiqué des partis de gauche, PCF, Verts, PS. L’urgence, c’est le cessez-le-feu. Il y a une mentalité coloniale de donneurs de leçons, y compris dans le mouvement de solidarité avec la Palestine. Ce n’est plus supportable. Le PCF règle en fait son conflit avec LFI sur le dos des Palestiniens alors que LFI a sur la question, du coup, une position digne.
L’Autorité palestinienne n’a aucun rôle politique à jouer. Elle a perdu toute légitimité. En Cisjordanie elle fait un travail de petite mairie et elle maintient l’accord de sécurité avec Israël et à son profit. Elle n’a plus aucun rôle politique dans la population. Pendant 3 semaines depuis le 7 octobre les ambassadeurs palestiniens n’ont reçu aucune consigne de Ramallah et donc chacun d’entre eux a improvisé, certains sur de bonnes positions, d’autres sur de mauvaises. J’ai posé à un dirigeant du PCF la question : « Si le 7 octobre cela avait été la gauche palestinienne qui avait mené l’attaque, est ce que la gauche française l’aurait condamnée ? Question posée au PCF restée sans réponse ! Les Palestiniens ont tout essayé comme concessions, entre autre avec la catastrophe des accords d’Oslo, mais cela n’a rien donné, aussi le 7 octobre devenait inéluctable.
Barry (PASTEF) :
La rencontre des peuples africains avec l’Europe a été un séisme culturel, social, économique pour les peuples. Le colon a balisé l’Afrique et fragmenté les peuples. Les indépendances ont consisté à « avoir le pouvoir sans le pouvoir ». On subit l’hégémonie de la France. Travaillons ensemble sur cette question. Ne disons pas « France dégage » mais travaillons ensemble pour un partenariat « gagnant-gagnant ». Macron loue Macky Sall pour « son courage », or celui-ci n’a fait que tuer et menacer, ce qui veut dire en fait que Macron souhaite que le Sénégal brûle. La CEDEAO, c’est en fait un syndicat des chefs d’État.
La question fondamentale est désormais de mener une politique d’industrialisation en s’appuyant sur les richesses du pays concerné.
Abdou (PASTEF) :
C’est une nouvelle forme de conscience qui prend naissance en Afrique. Importance des jeunes et des femmes dans la constitution du PASTEF. Cette féminisation politique est nouvelle et partie de la base. Aujourd’hui, dans la foulée, ce sont les personnes plus âgées qui rejoignent la mobilisation. Il y a une prise de conscience de la colonisation et de la nécessité de compter désormais sur nos propres forces. Nous ne voulons pas d’une démocratie importée. L’arrivée de SONKO participe de cela. Le livre « Solutions » de SONKO est épuisé et on ne peut pas le rééditer. On peut coopérer avec la Guinée pour produire de l’aluminium par exemple. On veut développer une solidarité internationale. Importance d’entendre la voix des partis de gauche dans ce combat.
Concernant l’ECO, la France a court-circuité le projet de monnaie commune africaine avec l’aide de OUATTARA. On ne peut pas gagner le combat seuls. Séminaire annuel en France (PROCADRES) sur les entreprises qui font des affaires en Afrique. La question des BRICS repose la question de la monnaie d’échanges.
Maïgualita (Collectif ALBA TCP France) :
On défend l’alternative bolivarienne. L’Amérique latine a proposé un chemin autre que celui existant et variable selon les pays. On n’est pas un modèle pour autant. Il faut que le pouvoir souverain du peuple contrôle tout sinon c’est le capitalisme qui contrôle tout.
En Amérique latine, le mot communisme effrayait, c’est pourquoi on en a inventé d’autres pour dire la même chose, sandinisme, bolivarisme, socialisme du XXIe siècle, Etat communal. Le PC du Venezuela est resté dans les analyses théoriques mais n’a pas participé aux activités populaires, ce qui explique qu’il est divisé et que beaucoup de communistes se trouvent hors du PCV et le conflit entre ce parti et le PSUV. La Bolivie n’a pas rejoint l’ALBA après l’échec du coup d’État, et elle reste divisée au sein du pouvoir entre une tendance plus à gauche et une tendance plus « indigéniste » mais de fait assez proche des Etats-Unis. Les six petits pays caraïbes membres de l’ALBA apprécient le fait qu’ils ne sont pas traités de haut dans l’ALBA mais à égalité.
Les révolutionnaires latino-américains considèrent les puissances occidentales comme impérialistes, la Russie et la Chine comme des pays qui ne sont pas nos ennemis et la Palestine comme notre amour.
Giacomo (RdC Italie) :
La guerre en Palestine a permis de faire sortir la société italienne de sa léthargie politique, surtout chez les jeunes. Boycott, blocages, occupations par solidarité sont à l’ordre du jour. La nouvelle génération n’a pas connu la défaite de la gauche, ce qui la rend plus active. La coordination internationale est nécessaire et l’ANC joue un rôle non négligeable dans ce processus.