Meeting de campagne de l’ANC à Marseille

Je vais essayer de synthétiser en quelques mots ce qui motive notre démarche d’ensemble et a poussé 81 femmes et hommes à s’engager sur cette liste aux européennes.

Je n’apprendrai à personne que la situation est grave.

Pendant des années à l’ANC nous avons écrit « Nous sommes au bord du fascisme ». Là, force est de constater que nous sommes dans une nouvelle phase, celle de la fascisation. Bien sûr il y a encore des élections (mais est-ce vraiment un critère pertinent quand on voit comment sont organisées celles-ci) ? Bien sûr on a un parlement mais quand on voit comment il est traité à coups de 49-3 et de volonté de mise au pas des députés ! Quand on voit comment a été réprimé le mouvement des gilets jaunes, comment ont été votées des lois racistes et islamophobes, la façon dont aujourd’hui le pouvoir tente d’étouffer toute critique de l’entité sioniste, comment après d’autres sanctions tout aussi scandaleuses, Timothée, ouvrier de Toray dirigeant de la CGT et membre de l’ANC est licencié pour avoir affiché sur sa page Facebook le logo du FPLP, quand on voit que Netanyahu est invité à la télé française en plein génocide et que le fasciste Zelenski est invité au sénat, quand on voit tout cela, il n’y a plus de place au doute. Nous ne sommes plus au bord mais nous y entrons...
Le fascisme ce n’est pas seulement le RN ou Zemmour, c’est tous ceux qui en sont complices, qui font le choix comme le grand patronat d’avant-guerre, plutôt le fascisme que le progrès social l

Le phénomène ne vient pas d’hier, mais de décennies sur lesquelles nous n’allons pas revenir en détail bien sûr, mais juste un moment d’histoire.

En mai 1981 la victoire électorale de ce qu’on appelait la gauche, sur Giscard D’Estaing celui qui rêvait d’une Europe vassale des USA et le premier à avoir dit qu’il voulait faire de la région Provence, Côte d’Azur Corse « La Californie de l’Europe » propos repris quelques années plus tard par le sinistre Le Pen, cette victoire donc avait suscité un grand espoir. Mais quand cette gauche là, emmenée par François Mitterrand en 1983 est revenue sur ses engagements de campagne, elle n’a pas seulement mis un frein au progrès social un temps entr’aperçu par le monde du travail, elle a tué l’espoir et c’est son crime le plus grave.
Avoir tué l’espoir.

Cela fait plus de 40 ans mais cela a été le début de la rupture avec le monde des quartiers populaires et des entreprises. Depuis vraie droite et fausse gauche se sont succédé sans que cela ne change les choix économiques et sociaux pour le peuple : poursuite de la montée inexorable du chômage et de la casse de notre industrie sidérurgique et minière en particulier. Rien que dans cette région, sur consignes de l’union européenne, cela a été la casse de la sidérurgie, des chantiers navals de La Seyne et La Ciotat, des CMP à Arles, de la mine à Gardanne, la suppression 6 km de quai sur le port de Marseille...etc et j’en passe. Cela représente des dizaines de milliers d’emplois. En plus dans le même temps, les lois qui avaient cassé le logement social n’ont pas été remises en cause, les cités HLM se sont transformées en ghettos où la mal vie n’a fait que progresser aggravée qu’elle a été par la casse du service public.
Face à une extrême droite qui désignait l’immigration, y compris d’ailleurs les Français nés de parents d’origine étrangère, coupable de tous les maux, la fausse gauche, n’a idéologiquement pas résisté, ou pas suffisamment et la droite a repris le discours.
C’est bien cette situation d’abandon du peuple, qui fait penser à ces vers extraits de l’année terrible de Victor Hugo :
« Vous les avez laissés en proie au labyrinthe.
Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte ;
C’est qu’ils n’ont pas senti votre fraternité. »

C’est bien pour atteindre des objectifs économiques dénués de toute fraternité que cette société capitaliste broie, réprime et exclue selon une machine infernale.

Dans ces conditions l’ONU et l’OTAN ne sont que ses instruments.

L’OTAN nous l’avons dit, nous voulons en sortir, immédiatement. Il n’y a pas à tergiverser et la sortie de la France porterait un coup à la logique guerrière de l’OTAN. Il est encore temps avant que cette alliance qui est en soit contraire à la charte de l’ONU, qui n’aurait jamais dû être créée ne provoque l’irréparable en Europe mais aussi en Asie où, sous la houlette des USA, vient de se former une nouvelle alliance militaire internationale qu’on appelle là-bas, l’OTAN asiatique...Et qui s’est créée à Hiroshima...Sans commentaire.

L’OTAN tout comme l’UE n’ont jamais apporté la paix mais au contraire la guerre, hier dans les Balkans, aujourd’hui en Ukraine. Là-bas, la situation y est devenue tellement dangereuse que toute approbation des livraisons d’armes, tout encouragement à la guerre comme soi-disant solution, nous le disons solennellement, est une pure folie qui peut nous entrainer dans une 3ème guerre mondiale.
L’histoire nous l’apprend, du congrès de la CGT à Marseille en 1909, à la guerre d’indépendance d’Algérie, en passant par la scission de la SFIO, ou les accords de Munich, la question de la paix a toujours marqué le clivage entre ceux qui voulaient changer la société et ceux qui étaient prêts à se coucher devant le grand capital.
Aujourd’hui il n’est pourtant pas compliqué de revendiquer clairement, quand je dis clairement je veux dire y compris pour notre camp : arrêt des livraisons d’armes, retrait de toutes les troupes de la zone de guerre, mise en place par l’ONU dont c’est le rôle, des casques bleus aux frontières, et référendum contrôlé internationalement des populations concernées qui ont droit à l’autodétermination, comme les Palestiniens, les kanaks et tous les peuples du monde.

Au lieu de cela l’UE et la France arment Israël, l’Ukraine et entendent être les gendarmes de l’Afrique. Et nous saluons les révoltes et les désirs d’émancipation et de souveraineté de nos frères et sœurs de combat de Kanaky, des Antilles, des Comores, d’Afrique et bien sûr de Palestine. Nous sommes d’ailleurs particulièrement heureux de participer avec les mouvements progressistes de 80 pays à la plateforme mondiale anti impérialiste dont les prochaines rencontres sont prévues en Afrique et au Moyen-Orient.

Voilà pour les questions de la paix.
Passons maintenant au social et aux libertés, tant ces deux questions sont liées.

Il faut remettre en cause tous les traités y compris ceux de libre-échange. Quand on parle de service public on ne parle surtout pas de rentabilité ni de concurrence qui de toute façon est faussée. L’énergie, les transports, l’éducation, la culture, la santé, sont des droits, pas des marchandises. Si on veut parler en termes de droits humains alors on commence par exclure tous ces droits-là de la recherche du profit. Oui un métro qui roule à minuit avec très peu de voyageurs n’est pas rentable selon eux, oui les transports gratuits, la santé gratuite, la culture pour toutes et tous ne sont pas rentables selon leurs critères mais nous nous avons d’autres critères : les mêmes droits pour toutes et tous, l’égalité de traitement et des choix portés par la nation salariés et usagers conjointement, la mise en commun des richesses. C’est bien parce que par nature la sécurité sociale est une mesure anticapitaliste qu’elle a été attaquée en permanence par le grand patronat. Ce sont ces logiques qui ont conduit à la gestion calamiteuse de l’épisode COVID, avec la permission de s’entasser dans les métros et l’interdiction de manifester y compris le 1er mai, l’instauration d’un couvre-feu, toutes choses qu’ici nous avons refusé d’accepter, le pass vaccinal et la suspension des personnels qui refusaient d’être des cobayes privés de leur libre arbitre. Et nous sommes fiers que plusieurs personnels de santé qui ont mené et mènent encore la bataille pour la reconnaissance des droits de ces personnels.

Ce sont bien ces logiques qui font aujourd’hui la fameuse PAC, surtout fameuse pour les grands propriétaires pour qui sont construites des méga bassines et des fermes aux mille vaches.

Comme le disait Marx, dès 1848, donc bien avant René Dumont, « le capital épuise l’homme et la nature »
Dans cette situation grave, nous aurions souhaité qu’il y ait un appel unitaire à la résistance, cela n’a pas été le cas et nos démarches en ce sens sont restées lettre morte. C’est donc ce qui nous a conduit, en définitive à assumer nos responsabilités et même tardivement et malgré la faiblesse de nos moyens à nous engager dans le débat public pour dire NON à l’UE et à l’OTAN.
Parce que nous sommes internationalistes nous voulons participer à construire une autre logique, celle que Georges Abdallah appelle « union révolutionnaire des peuples. »

De Marseille, porte de l’Afrique, nous affirmons que nous voulons une autre union avec les peuples et pour cela abolir les Francs CFA et comoriens, retirer toutes les troupes françaises d’Afrique, nationaliser les grands groupes comme TOTAL ou autres qui ne sont en Afrique que pour la piller. Nous voulons de vrais services publics, la nationalisation, et non pas l’étatisation, de toutes les banques et le retour à la souveraineté monétaire car nous savons faire la différence entre monnaie COMMUNE qui pourrait se débarrasser de l’emprise du dollar comme le font d’autres pays du monde, et monnaie UNIQUE qui prive les peuples de leur indépendance économique et financière.

Nous n’avons pas choisi la facilité et forcément le vote pour nous sera un vote militant émanant de personnes qui pour beaucoup seront contraintes d’imprimer leur bulletin.

Comme les Emmaüs en lutte depuis près d’un an, comme les PAMAR présents ici ce soir et en lutte depuis 6 mois, comme les Fralib devenus les SCOPTI, comme tant d’autres qui sont sur cette liste ou qui nous soutiennent, nous sommes dans le combat du pot de thé contre le pot de fer. Mais jamais dans l’histoire un peuple à qui on a volé sa terre n’a renoncé, jamais les petits, les sans grades, « les gens qui sont rien » comme a dit un mégalomane qui ne vaut pas grand-chose, jamais celles et ceux qui souffrent n’ont durablement renoncé. Qui aurait pu croire que le Vietnam ou l’Algérie vaincraient ? Qui aurait pu croire que Cuba tiendrait depuis tout ce temps même avec toutes les difficultés ?

Bien sûr il nous faut tenir compte des erreurs du passé tant en terme d’organisation, que d’expériences socialistes mises en œuvre ou de choix effectués dans le pays, mais soyons convaincus que nous sommes du bon côté de l’histoire. Comme le disait Durruti cet anarchiste espagnol, « nous n’avons pas peur des ruines, c’est nous qui avons construit les routes, les maisons et les villes ».

Camarades et amis, quelque soit le score de notre liste au soir du 9 juin ce ne sera qu’une étape et notre plus grande ambition, presque la seule, c’est qu’au-delà de nos tâtonnements futurs et de tout ce qui nous reste à inventer, elle participe à ressusciter l’espoir que des gens qui se croyaient tout ont voulu tuer.

• L’avenir appartient à celles et ceux qui arriveront à mettre le monde et ses richesses en commun et qu’on appelle pour cela, les communistes.