À propos de Teddy Riner...et de la Guadeloupe

Hier, les médias étaient dithyrambiques sur l’exploit du judoka Teddy Riner, trois fois vainqueur aux Jeux olympiques, titulaire de 11 médailles d’or aux championnats du monde, de multiples médailles d’or aux championnats d’Europe. Certains journalistes poussaient même l’éloge (ou la flagornerie ?) jusqu’à dire que c’était le plus titré de tous les athlètes français (toutes catégories), voire le meilleur judoka de tous les temps et de tous les pays. Teddy Riner était hissé au rang des dieux de l’Olympe.

Teddy Riner est originaire de la Guadeloupe, comme le sont (ou le furent) les athlètes Roger Bambuck, Marie-José Pérec, l’escrimeuse Laura Flessel, les footballeurs Lilian Thuram, Marius Trésor, Thierry Henry, et tant d’autres, qui font s’égosiller les commentateurs.

Mais la Guadeloupe, c’est aussi une île où l’esclavage a régné jusqu’en 1848. [Et où, par suite de son abolition, les propriétaires d’esclaves furent indemnisés (!), ce qui permet à leurs descendants, en 2024, de posséder toute l’économie de l’île, pérennisant les rapports sociaux d’avant 1848, ce dont témoigne la grande grève de 44 jours de 2009 - qui n’a rien changé, d’ailleurs].

Mais la Guadeloupe, c’est aussi le lieu où, les 26, 27 et 28 mai 1967, les forces de l’ordre françaises perpétrèrent (sur la population noire et métisse) un massacre dont les estimations varient de 80 à 200 morts. C’est-à-dire de l’ordre de grandeur du massacre du 17 octobre 1961, qui vit la police du préfet Papon tuer en masse des Algériens et les jeter dans la Seine. Ce massacre s’inscrit dans la longue liste des répressions coloniales (révolte de Yen Bay, insurrection de Sétif et Guelma, révolte de Madagascar, révoltes de Nouvelle-Calédonie...). Et il n’a pas eu lieu au XIXe siècle, mais il y a 57 ans, une époque qu’une notable partie des Français de 2024 a connue...

Il serait bon, lorsque l’agitation des J.O. sera retombée, que l’on rappelle un peu ces faits...