Un monde en marche vers la guerre mondiale exterminatrice ?

« Monde en guerres »

Sous ce titre, la revue « Alternatives Sud », du CETRI, centre de recherches internationales de l’Université belge de Louvain, a rassemblé en décembre 2024 une dizaine d’auteurs de « Pays du Sud ( ) . Une moisson de faits et d’analyses de grande qualité permettant de mieux comprendre divers conflits qui ensanglantent la planète en 2024. Cette richesse des données est telle qu’elle peut parfois occulter la nécessaire vue synthétique des causes de ces guerres et des responsabilités de leurs déclenchements.
C’est cet aspect synthétique que cette contribution personnelle veut aborder, dans une optique militante Communiste, anticapitalistes et anti-impérialiste.

Les temps sont loin des années 90, quant à l’issue de l’effondrement de l’URSS et de de ses alliés d’Europe, les idéologues de l’Empire Capitaliste occidental claironnaient, euphoriques, la « fin de l’histoire » a leur profit, une « Démocratie Libérale Mondialisée », enfin définitivement débarrassée du « Mal » révolutionnaire, dictatorial et cause de guerres. Selon ces billevesées, cela signifierait la paix universelle, puisque l’ennemi belliqueux n’existait plus.
Bien sûr, la suite des événements les a vite réduits au silence, en démontrant que l’Impérialisme subsistait, le pillage des ressources et les guerres pour imposer sa loi continuaient,
Jusqu’aux incendies actuels en Ukraine et au Moyen-Orient, qui ressemblent fort aux prémices sanglantes d’une Troisième Guerre Mondiale Exterminatrice.

Davantage de guerres, d’économies guerrières et de nouvelles formes de guerres

Selon les critères acceptés par l’ONU, un pays en état de guerre a décompté au moins 1000 morts. En 2024, 9 pays relèvent aujourd’hui de cette définition dans le monde, le nombre le plus élevé depuis 1945. Même si le nombre de victimes fut considérablement plus élevé entre 1990 et 2020 (près de 100 000 au Rwanda en 94, et 30 000 en Éthiopie en 2020. En 2023, la majorité des victimes est en Palestine et en Ukraine.
Donc, notre monde connaît plus de guerres qu’avant, même s’il ne faut pas oublier que le crime organisé y tué trois fois plus que les guerres constituées.
Il est vrai que la criminalité est de plus en plus présente dans les conflits armés actuels, qui ne sont pas exclusivement étatiques, mais sont souvent intrinsèquement liés aux milices privées, et aux réseaux de trafics d’armes, jusque dans nos quartiers populaires.

Autres nouveautés des guerres contemporaines, l’importance des technologies les plus performantes, avec notamment l’importance des drones téléguidés, du repérage à distance des cibles personnalisées, comme l’ont montré les assassinats de responsables politiques et militaires par les Israéliens jusqu’en Syrie, au Liban, où en Iran, et de personnalités russes par les Ukrainiens à Moscou. Ce qui implique un rôle grandissant des services secrets, notamment ceux des USA. Israël, et ceux de divers pays de l’OTAN, dont la Turquie et la France.

Symptôme évident de ces nouvelles formes des guerres nées de l’Impérialisme, en 2023, l’Ukraine a perdu 10 000 drones par mois. Ajoutons-y le rôle majeur des officines privées, EMSP pro-OTAN en Irak, Afghanistan et en Ukraine, plus que les Wagner russe en Afrique dont nos médias nous parlent souvent.
Autre fait significatif d’une économie plus qu’avant tournée vers la guerre : des dépenses militaires mondiales qui flambent, dont un tiers du total est sur le budget des USA, 3 fois plus important que celui de la Chine et son milliard et demi d’hommes. Et les USA totalisent aussi 42 pour cent des exportations mondiales d’armes. L’Inde, l’Arabie Saoudite et le Qatar totalisent le quart des importations, qu’ils redistribuent à divers conflits
Ce qui constitue une économie mondialisée de guerre, dans laquelle la France bourgeoise est largement impliquée : Depuis quelques décennies, notre pays a détruit par les délocalisations une bonne partie de ses industries destinées à la consommation populaire (textile, métallurgie et automobile, énergie, etc…) tout en continuant de développer sa production d’armes. Ce qui en fait un vendeur de matériel militaire considérable, dans le cadre stratégique de l’Impérialisme occidental (au Moyen Orient, Ukraine, Asie et Amérique).

Responsables des guerres

Car il ne suffit pas de clamer son désir de paix, et de dénoncer la cruauté des guerres comme si elle était la conséquence inéluctable de la perversité humaine.
On ne peut empêcher les guerres qu’en dénonçant les responsables de ces conflits aux quatre coins de l’univers. Ces responsables sont multiples, certes, et ne se limitent pas à la volonté de puissance de quelques dirigeants étatiques, comme le donne à croire le discours quotidien irrationnel de nos télévisions, ressassant la méchanceté des ennemis de l’Occident, Poutine, Assad, etc…

Même si ce concept rationnel, explicité depuis un siècle par les Marxistes comme Lénine, Mao, Castro, et bien d’autres, est soigneusement occulté par nos « experts médiatiques », l’essentiel des conflits militaires sont liés à L’IMPÉRIALISME, un mécanisme complexe qui naît d’abord du Capitalisme. Les Bourgeoisies détentrice de capitaux, et désireuses de les investir pour en tirer des bénéfices, en exploitant à cet effet les richesses et la main d’œuvre des contrées proches ou lointaines, ont besoin d’imposer aux peuples qui y vivent des liens de sujétion, par des moyens militaires, diplomatiques et le biais des États qu’ils contrôlent.

Au siècle dernier, ce mécanisme impérialiste a donné naissance aux conquêtes coloniales, permettant aux bourgeoisies occidentales (Europe de l’Ouest et USA) d’exploiter les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Mais les États impérialistes en concurrence ont aussi généré les deux grandes Guerres mondiales (1914-18 et 9-45) qui ont ravagé le monde et tué des dizaines de millions d’hommes, pour aboutir l’hégémonie du Capitalisme des États Unis d’Amérique, leader de l’impérialisme occidental mondialisé, avec ses comparses affaiblis d’Europe de l’Ouest.

Et durant la deuxième moitié du XXème siècle, les Impérialismes occidentaux et notamment celui Étatsunien le premier d’entre eux ont généré des conflits guerriers sanglants, comme celui de Corée (1950-53), du Vietnam (1955-75), souvent dans le cadre de sa lutte contre le Communisme. La course aux armements qui en découlait fut d’ailleurs une raison essentielle en 1990 de l’effondrement de l’URSS et ses alliés d’Europe de l’Est, même si les processus internes de dissolution en furent des causes majeures. Et la France bourgeoise fut un des protagonistes majeurs de ces guerres impérialistes, en menant durant plus de 20 ans de féroces guerres coloniales en Indochine d’abord, puis en Algérie (1954-62), etc…, perdues l’une après l’autre face aux peuples révoltés.

Car les Impérialismes ont tout au long de ce demi-siècle suscité des réactions populaires, qui ont abouti vers 1960-70 au processus mondial de décolonisation, obligeant les Impérialismes affaiblis à mettre en place de nouvelles formes, indirectes, de domination et d’exploitation, la « France-Afrique » par exemple. Mais certains des peuples insurgés ont su échapper au joug impérialiste, parce que leur mouvement populaire était dirigé par de lucides dirigeants révolutionnaires d’inspiration marxiste, Mao Ze Dong en Chine, Ho Chi Minh au Vietnam, Fidel Castro à Cuba.

Les premières décennies du XXIème siècle ont vu s’installer peu à peu une nouvelle géopolitique, grâce notamment au poids démographique énorme de la Chine dirigée par le PCC, et devenue au fil des ans « l’atelier du monde », capable d’investir dans tous les « Pays du Sud « . A tel point qu’une grande partie des bourgeoisies occidentales impérialistes constatent que leur rôle mondial dominant est fini sur le plan économique, et que le seul moyen de le conserver est la guerre.

D’où le système d’alliances (OTAN et autres), de bases militaires et flottes d’encerclement, et la création de conflits contre leurs concurrents-ennemis (Russie, Iran, Chine, etc…) en Ukraine, au Moyen-Orient, en Asie Pacifique, grâce à la fourniture d’armes à leurs alliés-supplétifs les plus virulents, Nationalistes Ukrainiens et Européens de l’OTAN contre la Russie, Sionistes Israéliens contre les Palestiniens et Turcs contre les mouvements Arabes de Libération au Moyen-Orient, Nationalistes Taiwanais et sud-Coréens et Japonais contre la Chine, etc.

Pour l’instant, cette stratégie impérialiste mondiale a réussi à nourrir la guerre ouverte en Ukraine et au Moyen-Orient, jusqu’en Syrie. Mais elle peut se mondialiser en Mer de Chine et devenir un conflit nucléaire si les mouvements anti-impérialistes ne l’en empêchent pas.
Trump, bientôt Président du plus puissant des États impérialistes n’a-t-il pas envisagé la reconquête coloniale du Groenland, du Canada et du Panama menacés selon lui par les Chinois ?
Biden ou Trump, Démocrates ou Républicains à la Maison Blanche, USA ou OTAN, peu importe ne nous leurrons pas.

VŒUX 2025

L’impérialisme est toujours là, quelles que soient ses formes, susceptible d’engendrer des guerres plus cruelles encore que celles en cours, et seules les luttes populaires peuvent lui imposer la paix.

Meilleurs vœux pour 2025 !