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2025, la Renaissance ou le Chaos ?

mercredi 1er janvier 2025 par Pepe Escobar

Les “élites” capables de désigner des spécimens décérébrés comme Médusa von der Lying et la folle estonienne pour représenter l’UE au plus haut niveau méritent bel et bien de se vautrer dans la fange.

Depuis la Florence de la Renaissance, l’un des rares fleurons de l’humanité vivant encore dans les mémoires, avançons avec prudence sur cette page 2025 en proie aux flammes.

FLORENCE - Par un matin d’hiver toscan éblouissant, me voici à l’intérieur de la légendaire église dominicaine de Santa Maria Novella, fondée au début du 13è siècle et consacrée en 1420. Elle occupe une place très particulière dans l’histoire de l’art, avec l’une des fresques monochromes peintes en 1447-1448 par le maître de la perspective Paolo Uccello, représentant le Déluge.

C’est comme si Paolo Uccello nous avait représentés - dans les temps difficiles qui sont les nôtres. Inspiré par la superstar néoplatonicienne Marsilio Ficino - immortalisé dans une très chic robe rouge par Ghirlandaio à la Cappella Tornabuoni - j’ai tenté un retour vers le futur, en imaginant qui et quoi Paolo Uccello mettrait idéalement en scène dans sa représentation de notre déluge actuel.

Commençons par les aspects positifs. 2024 a été l’année des BRICS - le mérite de toutes les réalisations en revenant au travail opiniâtre de la présidence russe.

2024 fut aussi l’Année de l’Axe de la Résistance - jusqu’aux matraquages en série subis ces derniers mois, une sérieuse remise en question qui va favoriser sa cure de jouvence.

Et 2024 a défini les linéaments de la fin de partie dans la guerre par procuration en Ukraine. Reste à savoir à quelle profondeur l’“ordre international fondé sur des règles” sera enterré dans la terre noire de la Novorossiya.

Passons maintenant aux perspectives favorables à venir. 2025 sera l’année du renforcement de la Chine en tant que force géoéconomique majeure de la planète.

Ce sera l’année de la bataille décisive du XXIe siècle - Eurasie contre OTAN - qui se précisera selon toute une série de vecteurs imprévisibles.

Et ce sera l’année du développement des couloirs de connectivité interdépendants, facteur déterminant de l’intégration de l’Eurasie.

Ce n’est pas un hasard si l’Iran est au cœur de cette connectivité imbriquée - du détroit d’Ormuz (par lequel transitent quotidiennement au moins 23 % du pétrole mondial) au port de Chabahar, qui relie l’Asie occidentale à l’Asie méridionale.

Les couloirs de connectivité à suivre de près comprennent la reprise de l’une des principales sagas du Pipelineistan, l’oléoduc Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde (TAPI), long de 1 800 km le couloir de transport international Nord-Sud (INSTC), reliant trois pays des BRICS (Russie-Iran-Inde) et plusieurs aspirants partenaires des BRICS, le couloir économique Chine-Pakistan (CPEC), projet phare de la Belt and Road Initiative (BRI), et enfin la Route maritime du Nord (ou Route de la soie du Nord, comme l’appellent les Chinois), qui est en pleine progression et finira par devenir l’alternative la moins chère et bien plus rapide que le canal de Suez.

Quelques jours avant l’investiture de Trump 2.0 à Washington, la Russie et l’Iran signeront enfin, officiellement, un accord de partenariat stratégique global à Moscou, après plus de deux ans de gestation : là encore, un accord clé entre deux grands des BRICS, avec des répercussions considérables, et en cascade, en termes d’intégration de l’Eurasie.

Un canal de négociation totalement hermétique

Dmitri Trenin, membre éminent du Conseil de la politique étrangère et de défense de la Russie, propose la feuille de route la plus réaliste à ce jour pour une fin acceptable de la guerre par procuration en Ukraine.

“Acceptable” n’est même pas le quart du début de la définition, car du point de vue des “élites” politiques occidentales collégiales qui ont misé gros sur cette guerre, rien n’est acceptable, à part la défaite stratégique de la Russie, chose qui ne se produira jamais.

En l’état actuel des choses, le président Poutine contrôle en fait les milieux élitistes moscovites favorables à ce que l’on coupe non seulement la tête du serpent, mais aussi le reste.

Trump, pour sa part, n’a pas la moindre envie d’être entraîné dans un nouveau bourbier : laissons cela aux chihuahuas européens impuissants.

Ainsi, une éventuelle évolution vers un accord de « paix » bancal conviendrait également à la Majorité Mondiale - sans parler de la Chine, qui sait à quel point la guerre est mauvaise pour les affaires (du moins si vous ne faites pas dans le racket de l’armement).

Quant à une escalade « existentielle » toujours possible, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge ; mais les trois semaines qui restent pourraient être consacrées à un coup d’État majeur alimenté par la terreur, sous faux drapeau, par exemple.

Les deux premiers mois de 2025 seront absolument cruciaux, concernant l’esquisse d’un potentiel compromis.

Elena Panina, de RUSSTRAT, a proposé une évaluation stratégique concise qui donne à réfléchir sur le déroulement des événements.

Ce dont Trump a essentiellement envie, comme d’un hamburger McDonald bien trash, c’est de passer pour “le mâle alpha” par excellence. La stratégie de négociation tactique de Poutine ne sera donc en aucun cas axée sur une réduction de l’image de dur à cuire de Trump. Le problème est de savoir comment y parvenir sans saper le statut de pop star de Trump - et sans jeter davantage de combustible sur le bûcher belliciste de l’OTAN.

Poutine détient un éventail d’atouts à portée de main - relatifs à l’Europe, aux Britanniques, à la Chine, à l’Ukraine elle-même et à l’ensemble du Sud global.

La définition des sphères d’influence sera une composante d’un éventuel accord. L’essentiel étant qu’aucun détail spécifique ne soit divulgué et qu’il soit tenu à l’écart des services de renseignements occidentaux.

Ce qui veut dire, comme le note Mme Panina, que Trump devra disposer d’un canal de négociation totalement étanche avec Poutine, que même le MI6 ne pourra pirater.

Un défi de taille, car les cloisonnements privilégiés des Zio-conservateurs de l’État profond sont perturbés par les dernières victoires psycho-pathologiques de l’Ancien Testament au Liban et en Syrie, et par la façon dont elles ont fragilisé Téhéran. Cela ne signifie pas pour autant que le lien Iran-Russie-Chine-BRICS est en danger.

La dynamique est en place, et la prudence de rigueur

Poutine et le Conseil de sécurité devraient être prêts à exécuter un jeu diplomatique assez complexe, étape par étape, car ils savent que le tiercé composé de Démocrates, de Britanniques et de Bankova vaincus et suprêmement en colère exercera une pression maximale sur Trump, pour en faire un “ennemi de l’Amérique” ou autre bobard du même acabit.

Moscou n’acceptera ni trêve ni moratoire : uniquement et exclusivement une véritable solution.

Si cela ne fonctionne pas, la guerre se poursuivra sur le terrain, et Moscou n’a aucun problème à ce propos - ni avec une intensification supplémentaire.

L’humiliation finale de l’Empire du Chaos sera alors totale.

Entre-temps, la guerre froide 2.0 entre la Chine et les États-Unis se poursuivra plutôt sur la sphère pop que sur le fond. Les analystes chinois les plus affûtés savent que la véritable compétition ne concerne pas l’idéologie - comme dans la guerre froide originelle - mais la technologie, de l’IA à la modernisation des chaînes logistiques en continu.

En outre, Trump 2.0, du moins en principe, n’a pas du tout intérêt à déclencher une guerre par procuration - à la manière de l’Ukraine - contre la Chine à Taïwan et en mer de Chine méridionale. La Chine dispose de bien plus de ressources géoéconomiques que la Russie.

Il ne serait donc pas vraiment surprenant que Trump lance l’idée d’un G2 entre les États-Unis et la Chine. Le blob de l’État profond y verrait le péril ultime - et le combattrait jusqu’à la mort. Ce qui est déjà acquis, à supposer que ce projet se matérialise, c’est que les caniches européens finiront par se noyer dans les eaux fétides du bourbier.

En effet, les “élites”politiques qui désignent des spécimens décérébrés comme la Méduse von der Lying et la folle à lier estonienne pour représenter l’UE au plus haut niveau, qui déclenchent une guerre contre leur principal fournisseur d’énergie, qui soutiennent pleinement un génocide diffusé 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à toute la planète, qui sont obsédés par l’éradication de la culture qui les a définis et qui, au mieux, n’accordent qu’un intérêt de pure forme à la démocratie et à la liberté d’expression, ces “élites” méritent bel et bien de se vautrer dans la fange.

Quant à la tragédie syrienne, le fait est que Poutine sait qui est le véritable ennemi, et certainement pas le ramassis de mercenaires salafistes-djihadistes coupeurs de têtes. Et le sultan d’Ankara n’est pas non plus l’ennemi : pour Moscou, malgré tous ses grands rêves de remplacer l’“Asie centrale” par le “Turkestan” dans les manuels scolaires turcs, Erdogan n’est qu’un acteur géo-économique, et même géopolitique mineur.

Pour paraphraser l’inestimable Michael Hudson - peut-être notre Marsilio Ficino vêtu par Paolo Uccello en écrivain dans une robe rouge très chic - c’est comme si, dans cette conjoncture pré-déluge, les élites américaines disaient :

  • — “La seule solution est la guerre totale avec la Russie et la Chine”, ce à quoi la Russie rétorquerait :
  • — “Nous espérons que la paix régnera en Ukraine et en Asie de l’Ouest”. Et la Chine ajouterait :
  • — “C’est la paix qui nous importe, et non la guerre”.

Cela ne suffira peut-être pas pour parvenir à un compromis, quel qu’il soit. La dynamique est donc lancée : la classe dirigeante américaine continuera d’imposer des phases de chaos tandis que la Russie, la Chine et les BRICS oeuvreront, dans le “laboratoire des BRICS”, à des schémas de dédollarisation, des structures alternatives au FMI et à la Banque mondiale, et même, à terme, une alternative à l’OTAN.

D’un côté, l’anarchie et la guerre contre le terrorisme, de l’autre, un réalisme froid et cohérent.
Soyons prêts à tout.
Depuis la Florence de la Renaissance, l’un des rares fleurons de l’humanité vivant encore dans les mémoires, avançons avec prudence sur cette page 2025 en proie aux flammes.

   

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