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Remarques sur les médias
jeudi 16 janvier 2025 par Philippe Arnaud

En fait, j’aurais pu écrire "Remarques sur les médias"... de n’importe quel jour depuis le 7 octobre 2023. En effet, ces remarques se rapportent à un tic de langage des journalistes lorsqu’ils parlent de la guerre de Gaza. Chaque fois qu’il est question du décompte des Palestiniens de Gaza victimes (morts ou blessés) des frappes israéliennes, l’entame des journalistes est toujours la même : "Selon les chiffres du Hamas...".
1.En quoi cette formulation est-elle problématique ? Elle l’est en ce que nul journaliste n’aurait l’idée de commencer par dire, lorsqu’il évoque une déclaration en provenance de Tel Aviv ou de Jérusalem : "Selon les chiffres du Likoud...". Ils disent tous : "selon les chiffres du gouvernement israélien". [Et je ne suis même pas sûr que, s’agissant d’Israël, il y ait un "selon". Car le "selon" introduit un doute, un soupçon de mensonge ou de manipulation de la part du Hamas, doute qui, implicitement, n’est jamais de mise s’agissant du gouvernement israélien, censé dire toujours la vérité. [Contrairement aux Palestiniens qui, à l’instar de tous les Arabes - comme chacun sait - sont des affabulateurs...].
Or, la situation est juridiquement la même pour les deux belligérants : le Hamas a gagné les élections législatives palestiniennes de 2006, tout comme le Likoud (certes avec ses alliés mais en étant le parti dominant), a gagné les élections législatives israéliennes de 2022. Les journalistes devraient donc dire, au minimum : "Selon les chiffres du gouvernement palestinien...". Et s’agissant d’affabulations, les Israéliens ont l’esprit inventif : par exemple, les fake news des bébés israéliens mis à rôtir dans des fours, le 7 octobre 2023…
2. Il était question, aujourd’hui, de la libération éventuelle d’un certain nombre de prisonniers israéliens détenus par les Palestiniens depuis le 7 octobre 2023, dont deux femmes-soldats (ou soldates ?) israéliennes. Et cette annonce était précédé par la précision : "les femmes-soldats détenues depuis l’irruption des terroristes le 7 octobre 2023". Or, il ne s’agissait pas de "terroristes" mais de résistants ! Les combattants de l’ALN (Armée de Libération Nationale algérienne) de 1954 à 1962, qui ont lutté contre le colonialisme français ont agi en tant que résistants. Comme tous les mouvements de libération des anciennes colonies, des années 1940 à 1990 (pour tenir compte de la lutte de l’ANC contre l’apartheid). Comme les FFI et FTP contre l’occupant allemand et le régime de Vichy. Comme l’Irgoun, le groupe Stern et le Lehi en Palestine contre le mandataire britannique...
3. J’ai écouté, au journal de France Inter de 13 h, que le gouvernement israélien n’avait toujours pas entériné l’accord de trêve à Gaza, sous prétexte que le Hamas réécrirait les termes de cet accord. Ce refus larvé m’a amené à un rapprochement que je soumets à votre appréciation. Il m’a rappelé la décision de François Bayrou, remontant à deux jours, de ne pas suspendre l’application de la réforme des retraites de 2023, contrairement aux bruits qui couraient ici et là. Il est plus que probable que cette décision est la conséquence des pressions énormes qui se sont exercées sur Bayrou de la part des macronistes, de LR, du Medef, de la Banque centrale européenne, de la Commission de Bruxelles, des agences de notation, etc. Et de Macron lui-même, pour qui cette réforme représente le couronnement de son mandat.
De même que la mauvaise volonté manifeste de Netanyahou de signer l’accord de trêve avec le Hamas provient des pressions énormes exercées sur lui par Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, les deux chefs de partis d’extrême-droite ministres de son gouvernement. Or, si ces deux partis quittent le gouvernement, Netanyahou tombe. Et s’il tombe, il perd le pouvoir, il est ruiné, il passe en jugement, il va en prison et est couvert d’opprobre.
Pour Macron, faire la guerre aux retraités comme pour Netanyahou faire la guerre aux Palestiniens, c’est du pareil au même...