Accueil > ANC en direct > Actualité Politique et Sociale > Grève totale chez Total
Grève totale chez Total
mardi 28 juin 2022 par Unité CGT
Entretien avec Eric Sellini, secrétaire fédéral de la fnic-cgt et coordinateur de la CGT au sein du groupe Total.
Une grève inédite a paralysé le groupe Total le vendredi 24 juin. Nous nous sommes entretenus avec Eric Sellin, secrétaire fédéral de la Fédération nationale des Industries chimiques - CGT, et coordinateur de la CGT au sein du groupe.
La grève du 24 juin a impacté l’ensemble des activités du groupe Total et ses 200 filiales. En quoi cette grève est-elle inédite ? Quelles sont les activités du groupe Total aujourd’hui en France ? Quels sont les objectifs de la CGT ?
Cette grève est une première à plus d’un titre.
Tout d’abord, c’est la première fois que les syndicats CGT des principales filiales du Groupe appellent tous ensemble, le même jour sur les mêmes bases à un mouvement.
Ensuite les revendications portées aujourd’hui par la CGT et les salariés sont réellement transverses. Cette question du pouvoir d’achat et de la qualité de vie est impactante pour tous les salariés quelle que soit l’entreprise ou ils travaillent et quelle que soit leur emploi.
Si les revendications aboutissent, elles amélioreront la vie de tous, de l’ouvrier au cadre, du raffineur au caoutchoutier en passant par les employés des stations-services.
Donc l’objectif de la CGT est double :
1- Répondre aux besoins immédiats de tous les salariés, à savoir faire progresser durablement les salaires en compensant intégralement l’inflation
2- Permettre que les futures luttes soient également le plus unitaire possible au sein du groupe. D’ailleurs la future bataille pour la préservation et l’amélioration de notre système de retraite nécessitera cette unité
Le groupe Total s’est engagé dans une restructuration de ses activités en France, notamment via la fermeture de raffineries. Souvent présentées, en toute mauvaise foi, comme "écologiques", en quoi ces décisions, unilatérales sont-elles dangereuses, tant pour les salariés que pour la souveraineté énergétique et la réponse aux besoins sociaux ? Que propose la CGT ?
Les fermetures ou transformations de raffineries sont des anticipations opportunistes du déclin possible des carburants liquides. Opportunistes car elles permettent de faire croire que TotalEnergies diminue des activités potentiellement polluantes alors qu’en fait tous les produits qui ne sont plus fabriqués en France sont importés et donc fabriqués dans d’autres pays.
Outre le fait que ces restructurations suppriment des milliers d’emplois, ces produits importés sont essentiels pour de nombreuses activités donc ces importations fragilisent un peu plus notre indépendance et la récente pandémie a démontré que l’ultra dépendance aux importations mettait le pays dans une situation très critique.
Il est donc clair que le raffinage a toute sa place en France et doit être de nouveau développé. Mais il est clair aussi que cela doit être fait avec des critères de sécurité et environnementaux très sévères pour garantir la santé et la sécurité des salariés et des riverains.
Depuis le début de l’opération militaire russe en Ukraine, fin février 2022, les prix du carburant explosent, en parallèle des profits des grands groupes. Les sanctions, qui visent notamment l’industrie pétrolière et gazieres contre la Russie sont-t-elles légitimes ou répondent-elles avant tout à des intérêts impérialistes ? Comment la multinationale tire-t-elle son épingle du jeu géopolitique ?
La guerre en Ukraine est selon nous une énième guerre impérialiste qui voit s’affronter deux blocs capitalistes et dans laquelle les seules victimes seront les populations. Celle d’Ukraine bien-sur mais également les populations de nombreux pays qui subiront les conséquences économiques de ce conflit, notamment en matière alimentaire.
A l’inverse, de nombreuses multinationales et beaucoup de fonds spéculatifs vont se gaver.
Que ce soit les céréaliers, les fabricants d’acier et de béton ou encore les multinationales pétrolières, tous voient leurs profits exploser.
Les sanctions contre la Russie vont permettre notamment aux USA et au Qatar de vendre leur gaz à l’Europe à des prix très supérieur à ceux qui étaient pratiqués par la Russie. Et dans ce scénario TotalEnergie aura une place prépondérante. Sa position dominante dans le GNL va y contribuer
D’autre part la spéculation sur de nombreuses matière première va bon train a l’heure actuelle, toujours sous prétexte de conflit et permet à certains d’engranger de juteux profits pendant que les populations subissent l’inflation forte que cette spéculation engendre.
Les capitalistes occidentaux ont donc tout intérêt à ce que la guerre dure et encore plus intérêt à ce que les sanctions soient reconduit même si le conflit s’arrête
Alors que les prix de l’énergie, notamment du carburant, explosent, en parallèle des profits des groupes du secteur, dont bien sur Total, quelles sont les revendications de la CGT pour, et améliorer les conditions de travail de l’ensemble des salariés du groupe, et lutter contre la vie chère ?
Les profits colossaux accumulés depuis des années par le Groupe n’ont servi qu’à alimenter les dividendes et les rachats d’actions. Il est grand temps que cela s’arrête. C’est pourquoi les revendications de la CGT sont claires :
L’amélioration des conditions de travail passera par de véritables investissements pour la santé et la sécurité des salariés. On doit pouvoir produire propre et sans danger.
Mais ça passe aussi par le passage aux 32h et la ré internalisation des métiers sous-traités.
Et pour lutter contre la vie chère, il est aujourd’hui nécessaire d’encadrer les produits de première nécessité et l’Énergie en fait partie. Et le meilleur moyen de maitriser ce secteur, pour à la fois répondre aux besoins des populations tout en préservant l’emploi et les couts, est de réintégrer toutes les activités dans un pole public de l’énergie unique sous contrôle citoyen.
Voir en ligne : https://magazine.unitecgt.fr/quotid...