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Les escrocs politiques ou chroniques de l’extrême centre
vendredi 4 août 2023 par Francis Arzalier (ANC)
La France de 2023 est gouvernée par « l’extrême centre », suivant l’heureuse formule de Pierre Serna [1], un pouvoir Macronien en fin de parcours, qui n’a plus de soutien populaire, mais qui persiste à déployer ses mesures ultra-libérales de destruction des conquêtes sociales, agrémentées de discours lénifiants que plus personne ne croit, et de clameurs absurdement autoritaires, comme l’interdiction des pétards du 14 juillet, et l’érection des accidents mortels de la circulation en « homicides routiers ».
Durant ce temps, notre monarque-Président, de plus en plus imitateur du Père Ubu de notre enfance [2] joue à Clémenceau retour du front, face à ses patrons US et Allemands qui le méprisent, en expliquant qu’il a pourtant fait ce qu’il pouvait pour leur complaire, plus 40 pour cent de budget militaire, chars lourds et gros canons donnés aux nationalistes d’Ukraine contre la Russie, etc.
Pendant ce temps, services de santé et sociaux français sont en pleine panade, les médias d’état et de ses alliés comme Bolloré font quotidiennement campagne pour un régime politique autoritaire, voire policier, contre les risques que sont les immigrés et leurs enfants.
Ce massif bourrage de crâne a un but maintenant évident, préparer l’accès au pouvoir par les urnes aux prochaines élections françaises d’une coalition Droite et Extrême Droite, autoritaire, réactionnaire, xénophobe et belliciste, alignée sur Washington, l’OTAN et l’UE, comme l’est le gouvernement Méloni en Italie.
Face à l’inertie politique actuelle de l’opinion française, désarmée par la faillite des partis de gauche plus ou moins convertis au réformisme électoraliste, c’est le « modèle Méloni » à l’italienne qui nous guette, comme le remarquent tous les observateurs étrangers.
Mais le pire de ce danger est qu’il se déploie avec l’assentiment du Pouvoir Macronien actuel, et notamment de son appareil médiatique. Ne nous y trompons pas : Macron, certes, s’est fait élire deux fois en arguant de son opposition au RN. Mais aujourd’hui, les Macroniens d’Extrême Centre sont de plus en plus alignés idéologiquement sur la future coalition de droite, socialement réactionnaires avec Lemaire, sécuritaires et xénophobes avec Darmanin, bellicistes avec Macron lui-même, rien d’essentiel ne les sépare plus, sauf les ambitions carriéristes.
Il suffira que se concrétise cette coalition des Droites en France pour les voir se rallier les uns après les autres, et sauver ainsi leurs carrières.
Évidemment, tout cela n’est guère imprégné d’impératifs moraux. À l’occasion, ici ou là, on peut y dénoter de petites escroqueries, de minables saletés, qui n’empêcheront pas nos maîtres à penser télévisés de continuer à donner des leçons de démocratie moralisante à Poutine et ses épigones.
Le camp de Rieucros, une histoire occultée
Je l’ai rencontré cet été dans ma Lozère natale, une région parmi d’autres que les touristes traversent en aimant ses paysages et en ignorant tout de son histoire et des drames de ses habitants. Un exemple parfait de ces petites vilénies des autorités actuelles, de ces manipulations intéressées du passé, comme il s’en déroule des centaines à tout instant, partout en France. L’hebdomadaire local « Lozère Nouvelle » annonçait pour le 16 juillet l’inauguration par les autorités d’une « stèle du souvenir » près des restes du Camp de Rieucros, près du chef-lieu départemental Mende. Une page oubliée qui a pourtant fait l’objet il y a plus de vingt ans d’un ouvrage de grande qualité scientifique et riche de témoignages de ceux qui le vécurent, par l’historienne allemande Mechtild Gilzner [3].
Dans ce lieu, furent internés entre janvier 1939 et février 1942 quelques centaines d’hommes, et surtout de femmes et d’enfants, contrairement à la légende bien-pensante selon laquelle il n’y eut sur le territoire français que des camps d’internés-déportés créés et gérés par de méchants occupants allemands, sous la botte nazie.
Le camp de Rieucros fut créé par décret du Président du Conseil radical Daladier, élu par la majorité de gauche à l’Assemblée nationale, celle de 1936, dite de Front populaire. Elle avait « viré sa cuti » par anticommunisme en 1938, ce qui l’amena à la fois à abandonner à leur sort les Républicains espagnols vaincus par les fascistes de Franco, et à donner à Hitler le droit d’annexer la Tchécoslovaquie, par les honteux « accords de Munich » (septembre 1938).
Cette « Gauche » encore au pouvoir laissait depuis des mois fleurir les campagnes de presse basées sur la xénophobie (« les émigrés, notamment juifs fuyant les pogroms en Pologne ou ceux pourchassés par les fascismes italien, espagnol ou le Nazisme allemand sont responsables du chômage en France ») et anticommunistes.
C’est dans cette optique que le PCF sera interdit le 26 septembre 1939 et ses militants emprisonnés. Et c’est dans la même optique à la fois xénophobe et anticommuniste, que le Camp de Rieucros est créé, pour y enfermer les étrangers considérés comme « menaces potentielles » par les dirigeants français (décret Daladier du 21 janvier 1939).
Les internés(es) de Rieucros furent donc en priorité des antifascistes espagnols, des antinazis allemands raflés sur le territoire français, surtout quand le camp a été réservé aux femmes et à leurs enfants à partir d’octobre 1939. On y verra passer toute sorte de militantes, des intellectuels allemands antinazis, Mathilde Taurinya, l’épouse du journaliste communiste Gabriel Péri (contraint à la clandestinité par les autorités françaises, et plus tard livré aux fusilleurs nazis) ou le futur romancier Del Castillo alors enfant avec sa mère, avant le transfert des déportés restants vers le camp de Brens près Gaillac en février 1942 par le gouvernement Pétain.
Donc, une histoire peu connue, mais qui mérite de l’être, car révélatrice de l’éternelle propension de la « Gauche » française à trahir ses idéaux et ses électeurs.
La gifle mémorielle
Certains ne manqueront pas de nous rétorquer : « même avec 80 ans de retard, il est louable de cultiver le souvenir de tous ceux qui ont souffert des turbulences de notre histoire ».
Le problème est qu’à l’occasion, les responsables organisateurs falsifient totalement la mémoire des militantes et militants antifascistes enfermés à Rieucros, grâce au titre suivant :
« À l’occasion de la journée nationale des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français (et en hommage) aux Justes de France sera inauguré le mémorial du camp de Rieucros. »
L’article continue ensuite en plaçant la réflexion sur l’aménagement du site sous l’égide du militant sioniste Elie Wiesel ( ! ), en précisant que la cérémonie se conclura par des chants yiddishs….et pourquoi pas sous la présidence de l’ambassadeur de l’État colonial Israélien ?
On peut difficilement aller plus loin dans la contre-vérité historique.
L’inauguration a bien eu lieu le 16 juillet, en présence des autorités, Préfet de Lozère et Maire actuel de Mende, et sous l’affirmation répétée du « souvenir des persécutions racistes de l’État français » (CR Lozère nouvelle de la semaine suivante) !
Est-ce un hasard si la même semaine, les chacals fascisants de CNews ont multiplié leurs aboiements haineux contre Mélenchon, « antisémite et communautariste musulman, qui voit le fascisme partout », parce qu’il a eu le culot de refuser l’invitation du CRIF, organisation communautariste juive de France, liée aux partis sionistes israéliens ?
Dans cette jungle idéologique, où tous les coups-bas sont permis, rien ne peut plus nous étonner. Mais il est encore possible de s’indigner d’une telle insulte à la mémoire des déportés antinazis et antifascistes, et même à celle du maire courageux de Mende en 1940, Bourillon, qui réussit dans cette atmosphère toxique à faire s’enfuir quelques déportés allemands, leur permettant ainsi d’échapper aux camps de la mort hitlériens qui les menaçaient après la défaite française.
Cet authentique résistant antifasciste le paya d’ailleurs de sa vie, dans un camp nazi.
L’histoire véritable des déportés de Rieucros doit être racontée, pour ne pas que se renouvèlent les concessions coupables à l’anticommunisme et à la xénophobie d’extrême-droite qui menacent à nouveau la Nation française..
30 juillet 2023
[1] Pierre Serna. « L’extrême Centre ou le poison français « éditions Champ Vallon 2019
[2] Ubu Roi, pièce d’Alfred Jarry,1895
[3] Mechtild Gilzner ; » Camps de femmes, chroniques d’internées, Rieucros et Brens, 1939-1944 » préface de Michel Del Castillo. Éditions Autrement, mémoires 69, 2000.
Messages
1. Les escrocs politiques ou chroniques de l’extrême centre
7 août 2023, 14:53 - par Gérard Jugant
Oui, en France, l’extrême droite est une menace pressante. Elle est déjà au pouvoir en Italie avec Meloni, qui se réclame de Mussolini, et en Espagne, malgré le bon score de la gauche social-démocrate, demeure une menace de l’alliance droite-extrême droite .En Espagne, en situation de blocage pour dégager une majorité au Parlement, une nouvelle élection est probable. Gérard Jugant/ANC