Accueil > ANC en direct > Coupables ! Nous sommes tous coupables !
Coupables ! Nous sommes tous coupables !
lundi 11 septembre 2023 par Francis Arzalier (ANC)
Le peuple français a été durant de longs siècles imprégné de dogmes chrétiens, au sein desquels l’homme est coupable dès sa création (le Péché originel) des maux qui l’accablent, et doit donc en faire pénitence s’il veut en être pardonné. Au cours du millénaire précédent, jusqu’à la tempête de 1789, les Pouvoirs féodaux et monarchiques surent s’en servir pour apeurer le peuple paysan et le faire obéir : les épidémies médiévales devenaient en chaire « les fléaux de Dieu » courroucé par les péchés des hommes.
Et en plein dix-huitième siècle, « des Lumiéres », la « Bête qui mangeait le monde » en Gévaudan, et égorgeait consciencieusement les bergères esseulées, fut présentée par l’Évêque-Comte De Choiseul comme « une punition divine » des mœurs dissolues de leurs parents.
« Repentez-vous, mes fils, de vos turpitudes qui offensent dieu ! »
La Nation française, peu à peu, se départit de ses oripeaux de Fille aînée de l’Église catholique, a inventé heureusement la laïcité de l’État, et arraché quelques heureuses conquêtes sociales. Mais, les circonstances aidant, elle eut aussi ses périodes noires, où l’on vit ressurgir les vieilles peurs cultivées par les puissants.
En mai 1940, après quelques mois de « drôle de guerre » accompagnée d’une sauvage répression contre les militants ouvriers, les Communistes et les Antifascistes étrangers, les armées de Hitler ont envahi la France. Dans ce désastre, une voix de vieillard au passé glorieux est venue expliquer grâce à la radio aux Français qu’ils avaient mérité leur défaite, juste punition pour avoir oublié les vieilles valeurs d’autrefois, d’obéissance et d’ardeur au travail, pour avoir aspiré aux congés payés, aux gros salaires et à la paresse.
Un appel à la repentance qui permit à l’extrême-droite d’imposer la dictature Pétainiste jusqu’en 1944.
Le vieux Maréchal écarté par l’Insurrection Nationale et la défaite du Nazisme, on a pu croire naïvement que ce discours pénitentiel venu du fonds des âges avait disparu.
En ce premier quart de xxième siècle marqué par l’effondrement des mouvements ouvrier et communiste en Europe, et la destruction progressive des conquêtes sociales arrachées au siècle passé, on voit refleurir sur nos écrans-télés, ces instruments de manipulation idéologique, avec une efficacité jamais atteinte dans l’histoire, pour « fabriquer le consentement » au service de la bourgeoisie dirigeante.
Évidemment, depuis le temps de Grandes Pestes médiévales, les arguments ont changé. On recourt plus rarement à la colère d’un Dieu pour le moins moribond dans notre société contemporaine. Nos médiocrates actuels ont enfourché d’autres croyances à la mode, ils font plutôt dans le « post-moderne », les envolées pseudo-scientifiques, destinées à une opinion à qui les médias consensuels ont réussi à faire croire que l’avancée technologique est toujours un progrès, et que la promotion démagogique des minorités doit remplacer à la « ringarde » lutte de classes d’autrefois, etc…
Mais, l’objectif idéologique reste identique !
« Coupables, vous êtes coupables d’aspirer à une vie meilleure, acceptez le sort qui vous est fait, repentez-vous de vos désirs inconsidérés ! »
Nos médias déploient ainsi quotidiennement un discours néo-pétainiste, prônant comme les épigones du Maréchal autrefois, le retour à la Terre et à ses vertus primordiales, multipliant les exemples de fatigués des métropoles qui vont « sauver la planète » en reprenant « en provinces lointaines » les vieilles techniques agricoles et artisanales oubliées par les indigènes.
Ce discours dont le substrat est tout simplement libéral (« la liberté d’entreprendre est le dogme essentiel ») et de soumission aux « élites » se camoufle en « discours Vert-Écolo » jusqu’à l’irrationnel, dans lequel le moindre événement météorologique devient une catastrophe climatique, exclusivement dues aux activités productives des hommes.
« Coupables, vous êtes coupables, vos industries, votre élevage, votre recherche de confort détruisent le climat et la faune et la flore. Repentez-vous de vos aspirations au bien-être ».
Dans ce déferlement de discours pénitentiel d’idéologie libérale qui est devenu le brouet quotidien des citoyens lambda, certaines voix s’illustrent jusqu’au ridicule.
Ainsi la politicienne nordiste Sandrine Rousseau, qui a clamé récemment que ceux qui mangeaient de la viande étaient les responsables des incendies qui ravageaient l’Algérie et la Grèce. La même politicienne « de Gauche » qui avait réclamé la première l’envoi d’armes létales aux nationalistes ukrainiens, électoraux chantres depuis de la croisade anti-russe.
La boucle irrationnelle est ainsi bouclée, qui a fait glisser certaines belles âmes post modernes, de la protection des espèces animales à la négation des différences originelles entre la femme et l’homme, entre les herbivores et les carnivores. Ils ont même oublié que tout humain est un animal omnivore depuis son apparition sur la Terre, et qu’il est paradoxal de vouloir empêcher la mise à mort des veaux, et de glorifier la tuerie d’hommes en Ukraine au nom de l’Occident !
Fâcheuse nouveauté, dira-t-on, conséquence de cette contre-révolution idéologique libérale qui nous a submergés depuis trois décennies. En fait, ces délires irraisonnés ont commencé à émerger il y a une génération, sans qu’on y prenne garde, en même temps que les idéologies communistes, progressistes et rationalistes se délitaient.
Je me souviens ainsi, aux approches de l’an 2000, avoir rencontré sur un belvédère en Margeride, ce grand plateau granitique du Massif Central, un couple de jeunes touristes lillois, à priori intelligents et empathiques, et d’avoir été ahuri par leur discours. Admirant les étendues parsemées de quelques hameaux délabrés qui l’émaillaient, ils ne cessaient d’affirmer leur joie de « voir enfin un pays préservé des ravages de l’industrie, une nature intacte, sauvegardée de l’activité humaine ».
J’ai douché leur béatitude en leur faisant remarquer que ce pays, ayant malheureusement été oublié par la « Révolution industrielle » du 19éme siècle, avait contraint la majorité de ses habitants à émigrer vers des contrées lointaines industrialisées, laissant à contrecœur leur terre, pour aller gagner leur pitance en se déracinant.
Inutile de préciser quel renfort idéologique a trouvé la bourgeoisie française dans ce déni de l’histoire, quand elle a détruit délibérément les grandes industries productives nationales, mines, métallurgie, textile, etc… pour exporter ses capitaux vers de lointains taux de profit juteux et démanteler les concentrations ouvrières en France.
Il est plus que temps de rendre à César et les siens ce qui leur est dû !
Non, messieurs Macron et sa Cour, nous ne sommes en rien coupables, ni des aléas climatiques, ni de notre aspiration au mieux-être et à la justice sociale.
Vous, par contre, les fondés de pouvoir de la Bourgeoisie française, êtes coupables de la destruction programmée des conquêtes sociales et services publics de 1936 et 1945, de l’asservissement de la France aux bellicistes États-uniens et Européens, pour satisfaire votre appétit de dividendes et de pouvoir.
Laïques, nous ne vous demandons pas de vous en repentir,
Mais de laisser la place aux représentants du peuple travailleur,
Quand il aura décidé de l’imposer à vos barons.
11/ 09 /2023