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Le Sénat vote la fin de l’Aide Médicale d’État
mercredi 8 novembre 2023 par Contre Attaque
C’était un rêve de Marine Le Pen et Eric Zemmour. Il vient d’être exaucé par le Sénat.
Dans leurs programmes électoraux en 2022, les candidats d’extrême droite appelaient à supprimer l’AME, l’Aide Médicale d’État. C’est un système qui permet aux étrangers sur le sol français d’avoir accès aux soins pris en charge par l’État dans les limites des tarifs de la Sécurité Sociale.
Il ne s’agit pas pour autant d’une mesure inconditionnelle, elle n’est attribuée qu’aux personnes qui disposent moins de 8.951 euros par an pour une personne seule, et 13.427 euros pour un couple.
C’est une mesure d’humanité, mais aussi sanitaire.
Car refuser de soigner une partie de la population vivant en France mettrait en danger toute la population, à cause des risques de prolifération de maladies.
Ce mardi 7 novembre, dans le cadre de la « Loi Immigration » du gouvernement Macroniste, le Sénat très majoritairement de droite a donc voté pour la suppression de l’aide médicale d’État. Le ministre de l’intérieur Darmanin se redisait favorable « à titre personnel », à cette mesure d’extrême droite, désormais réclamée par Les Républicains.
Concrètement, si cette mesure est finalement promulguée par le gouvernement, les médecins arrêteraient de soigner quelqu’un qui n’aurait pas le bon papier quand il est malade. Refuser des soins essentiels à des humains parce qu’ils sont étrangers et pauvres, c’est littéralement l’une des modalités du fascisme.
Une enquête de 20 Minutes expliquait pendant la campagne présidentielle que quand les personnes sans papiers se présentent à l’hôpital, « les pathologies sont généralement plus avancées », car une personne en grande précarité repousse souvent les premiers soins, à moins qu’il ne s’agisse d’urgence absolue. « Si certains migrants renoncent ou repoussent les soins, c’est aussi en raison de la ‘complexité’ de l’accès à l’AME ».
Cette mesure n’est pas seulement raciste et inhumaine, elle nous concerne toutes et tous, avec ou sans papiers. L’absence d’accès aux soins primaires « freinera le dépistage des maladies transmissibles comme l’hépatite B, VIH, la tuberculose, la rougeole… dont le diagnostic tardif est un risque sanitaire pour les personnes et pour la population », soulignait en 2017 Médecins du monde.
Et même en prenant l’argument économique, cette loi est absurde : selon l’association, « les patients souffrant de pathologies chroniques verront les complications s’accumuler, dont on sait qu’elles majorent à terme les soins ».
Même le ministre macroniste de la santé, Aurélien Rousseau, mettait en garde : « Il s’agit d’un sujet de santé publique majeur. Le but de l’AME, de la prise en charge, c’est qu’on intervienne avant que la situation ne soit devenue trop grave, notamment sur toutes les pathologies infectieuses […] on va diffuser des pathologies ».
Dans une tribune publiée dans Le Monde le 2 novembre, 3000 soignant-es s’inquiétaient que cette mesure soit validée. L’organisation Médecin du Monde écrit ce mardi : « Au mépris des arguments de santé publique largement exposés en séance, une majorité au Sénat vient de supprimer l’Aide Médicale d’État. Nous sommes atterrés ».