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Le juteux marché pharmaceutique en 2024, les vraies et fausses pénuries de médicaments.
vendredi 17 mai 2024 par Nicole Sainz (ANC)
Avant de prendre en compte le marché pharmaceutique européen il est important de considérer le marché au niveau mondial.
Le marché pharmaceutique mondial atteint 1482 milliards de dollars de CA en 2022, sa croissance régulière est de 2,2 % l’an.
Il ne faut pas perdre de vue que les actionnaires des laboratoires pharmaceutiques ont un poids important dans la stratégie des firmes pharmaceutiques, notamment les fonds d’investissement américains comme le très célèbre et très dangereux BlackRock ou Vanguard, tout deux avides de juteux dividendes gagnés sans scrupule sur le dos des salariés et des malades.
Tous les citoyens ont un moment où un autre subit depuis de nombreux mois la pénurie d’un médicament pour soigner un banal rhume, des douleurs invalidantes mais aussi des médicaments majeurs pour des cardiaques, des cancéreux !
Est-ce de vraies pénuries ? Oui et Non.
Dans les années 1990 les prix des médicaments étaient administrés par l’état qui se basait sur les coûts de production, désormais ils sont fixés à l’ issue d’opaques et longues négociations entre les industriels du médicament et le comité économique des produits de santé ( CEPS ) qui représente l’ état. Ces négociations sont comparables aux négociations de la grande distribution, comme le coca cola !!
Pourtant le médicament n’est pas une banale marchandise. Être en pénurie de coca cola n’est pas mortel voire s’il on est un peu caustique bon pour la santé.
La conséquence de cette aberration bien orchestrée est qu’on se retrouve avec des médicaments hors de prix inaccessibles pour une majorité de la population sans mutuelle et d’autres trop peu chers qui sont mis volontairement en pénurie.
En 2023 l’agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) a signalé 5000 ruptures de stocks.
Cette agence ne fait que signaler, son pouvoir s’arrête là malheureusement. Elle sait mais ne fait rien, elle attend certainement un nombre important de décès.
L’industrie chimique et pharmaceutique ont fait depuis des années de substantielles économies en exportant les fabrications à l’étranger, ils se sont donnés bonne conscience en mettant en avant l’exportation des risques écologiques, argument fallacieux car la réalité est purement et simplement économique.Cette politique catastrophique pour toute la chaine du médicament des matières premières jusqu’au produit fini nous a rendu totalement dépendant des pays producteurs.
Il faut en avoir conscience, le dire et le redire et surtout le combattre, la France a perdue sa souveraineté en matière de production des médicaments.
La situation est grave et pourtant nos médias n’en font pas état. Une décision ministérielle récente nous ramène à une situation de pays en voie de développement. Dès 2024 en cas de tension afin d’éviter des ruptures les pharmaciens pourront délivrer des médicaments à l’unité, le ministre pourra imposer s’il l’estime nécessaire la réalisation de test rapide d’orientation diagnostique (TROD) avant la délivrance d’un antibiotique prescrit par un médecin.
Mettons nous à la place d’un médecin qui prescrit un antibiotique car il juge utile pour son patient voir sa prescription annulée par le pharmacien.
Quid du patient qui se voit supprimer son traitement.
Le comble est qu’il est demandé aux médecins d’éviter de prescrire des médicaments en pénurie, c’est le fait du prince, il est où le bénéfice patient ? Le ministre n’apporte aucune solution dans ses textes pour qu’il n’y ait plus de pénurie de médicaments à l’avenir.
Les causes des ruptures de médicaments sont multiples, principalement induites par ce que, nous, nous combattons depuis longtemps ’ la mondialisation’ de la production. La production de médicament est centrée sur un très petit nombre d’usines, de la matière première au produit fini essentiellement basée en Asie et en Inde avec des capacité de production insuffisante pour satisfaire la population mondiale.
La mondialisation du marché du médicament voit aussi un effet pervers qu’est la disparité des prix et des bénéfices à la vente selon les pays. Exemple : Un laboratoire préfèrera vendre son ou ses produits en Allemagne plutôt qu’en France, les prix y sont plus élevés, tant-pis si les Français souffrent, priorité au fric !
Il peut même y avoir de fausses pénuries, cela peut paraître aberrant et bien sachez que les industriels ne manquent pas d’imagination pour engranger plus et encore plus d’argent. Les médicaments sont stockés dans des entrepôts et attendent le pays le plus offrant. Les industriels avaient 3 à 5 mois de stock de l’antibiotique Amoxicilline alors qu’il y avait entre zéro et 3 jours de stock chez les grossistes. Ces méthodes sont révoltantes car encore une fois le médicament n’est pas un produit de grande consommation.
Les médicaments d’intérêt majeur sont pour la plus part des médicaments qui ont été génériqués car ils sont anciens, le prix des génériques est moindre que le produit princeps et bien évidemment les prix sont jugés moins attractifs pour les laboratoires, ces produits sont touchés de plein fouet par les pénuries.
Quelques exemples de médicament en pénuries régulières :
Une maladie grave en recrudescence est la tuberculose et bien il faut savoir que la Rifapentine prescrit dans les cas de tuberculose est produit que dans une seule usine pour le monde entier par sanofi en Italie.
Même cas pour l’Actilyse médicament pour traiter les AVC de plus en plus nombreux, la seule usine qui le produit pour approvisionner le monde entier est basé en Allemagne.
76% des femmes qui souhaitent avorter le font par l’IVG thérapeutique dite aussi pilule abortive, le principe actif est fabriqué uniquement chez le suédois Nordic Pharma pour le monde entier, ce labo a le monopole, il est impossible d’obtenir le niveau des stocks, aucune visibilité extérieure.
C’est très bien de mettre dans la constitution Française le droit à l’IVG encore faut-il s’assurer d’avoir les produits sinon dans quelques temps ce sera le retour des faiseuses d’anges des années 40/50.
Encore un cas d’hyper concentration de production, le Bélatacep médicament anti-rejet des greffes rénales. Depuis 2 ans la tension existe maintenant on peut parler de pénurie. L’aberration est qu’il est demandé aux praticiens de ne plus prescrire le Belatacep pour de nouveaux patients, pourtant le médicament peut permettre de faire des économies. Le coût d’un patient dialysé est de 80000 euro par an, le coût du traitement d’une greffe est de 20000 euro par an.
Conclusion il sera difficile dans l’avenir d’avoir une greffe rénale.
Autre scandale, le Zolgensma médicament qui sert à soigner l’amyotrophie spinéale maladie orpheline, 1 injection coûte 2 millions d’euros, pourquoi aussi chère ? Aucune raison valable, ce sont les chercheurs du généthon qui ont découvert la molécule dans un laboratoire financé par l’argent public du Téléthon.
Si seulement les généreux donateurs savaient !
En 2022 le ministre de la santé classait certains médicaments sur une liste de produits essentiels, paracétamol, amoxicilline, anti-diabétique, anti-épileptique, anesthésiques locaux, les anti-infectieux, les produits cardio-vasculaire et du système nerveux, ces mêmes produits étaient en rupture de stock en 2024.
Une maman s’est vue repartir de plusieurs pharmacie sans antibiotique pour un bébé de 6 mois qui sortait de l’hôpital. Un malade cardiaque sans son médicament a sa vie en danger. Un épileptique sans traitement sera assurément en crise et se retrouvera à l’hôpital si ce n’est pas en psychiatrie.
Que sera les réactions d’un psychotique sans son traitement et bien il devient dangereux pour lui et pour les autres.
Voici les aberrations de notre système de santé. Système en perpétuel destructuration pour les patients mais bien évidemment une manne pour les industriels et les actionnaires.
Tout citoyen a le droit de savoir que nos gouvernants nationaux et internationaux jouent et gagnent de l’argent sur notre santé. Étre soigné correctement est un droit.
Ce n’est pas par plaisir que les gens sont malades.
Lorsque l’on parle avec les pharmaciens qui délivrent les médicaments, il en ressort un ras le bol généralisé. Leur syndicat parle de 12 heures par semaine à s’occuper des pénuries de médicament en recherchant à satisfaire les citoyens, appels aux labos, grossistes, confrères, médecins. Ils appeleront à une journée de grève le 30 mai pour dire Non aux fermetures d’officines, Non à l’entrée des groupes financiers dans les officines.
Après les déserts médicaux, les déserts pharmaceutiques plus d’une pharmacie ferme chaque jour depuis le début de l’année en France.
La pharmacie du futur c’est Amazon !
Déjà en 2019 Amazon fait la promotion au salon pharmagora de son système de livraison de médicaments. Aux états Unis Amazon a même racheté une licence pharmaceutique. Banalisation des médicaments made in États Unis.
Il est déjà prévu que dans quelques années la disparition des ordonnances papier, le patient sortira de chez son médecin ou de la cabine de téléconsultation, un robot dans un entrepôt pharmaceutique préparera un colis qui sera livré en express au domicile du patient. Fini les précieux conseils des pharmaciens, les explications pour les personnes angoissées, plus de relations et de chaleurs humaines, le malade va retrouver seul avec sa maladie et sa livraison de médicament.
Ne perdons pas de vu que nos députés ont déjà adoptés en octobre 2020 l’assouplissement de la vente en ligne des médicaments.
Pourquoi n’en parlent t’ils pas ?
Seraient honteux de leurs votes ?
Pourquoi s’attaquer aux pharmacies en France, le pourquoi est simple, la réponse suit.
L’Union Européenne nivelle tout vers le bas.
La France compte 32 pharmacies pour 100000 habitants.
L’Allemagne compte 23 pharmacies pour 100000 habitants.
La Suède, les Pays Bas, le Danemark comptent 14 pharmacies pour 100000 habitants.
Il est important que tous les citoyens soient informés que l’ Union Européenne soutenue et aidée par les États Unis broie le système de santé dans sa globalité, le médicament n’est qu’un des éléments du puzzle en destruction.
L’humain n’a plus de valeur seul le fric met des paillettes dans les yeux des dirigeants et actionnaires des trusts pharmaceutiques.
Citoyens, malades ou non prenez votre vie en main en refusant de subir leurs dictats. La solidarité doit être de mise la maladie touche tout le monde un jour ou l’autre.