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Le socialisme est notre objectif de société pour la France !

vendredi 21 juin 2024 par Francis Arzalier

Une affirmation qui mérite quelques éclaircissements, et une approche historique, et critique, voire autocritique. Car si elle s’ancre fermement dans les principes scienti-fiques du marxisme, si nécessaires à l’étape actuelle de reconstruction des organisa-tions communistes qui est le nôtre, faut-il s’en tenir là ?

Modernité et démocratisation de la société ?

Les progressistes éclairés d’autrefois, de Jean Jacques Rousseau à ceux de 1900, ont pu croire naïvement que les seuls effets de la science et de la modernité suffiraient à faire accéder les peuples au dialogue poli entre les bons et les méchants, les riches et les déshérités, entrecoupé épisodiquement de scrutins pluralistes, un univers radieux’ de bisounours feutrés.

En fait, nos siècles récents sont ponctués de férocités collectives, que leur modernité scientifique a simplement massifiées : les guerres dites napoléoniennes furent au début du siècle dix-neuvième bien sanglantes, enveloppant l’Europe entière jusqu’aux rives de l’Amérique, et massacrantes à souhait.
Mais rien à voir avec celle mondiale de 1914 à 1919, démocratisant grâce au service militaire obligatoire l’assassinat mutuel de quelques millions de paysans et d’ouvriers, suffisamment modernisée pour ruiner durablement les grandes puissances d’Europe, et établir jusqu’à nos jours la domination mondiale états-unienne. A l’issue de telles souffrances que les bonnes âmes de la SDN à Genève parlaient de la « Der des Ders » !

Des illusions qui ne convainquaient que les faibles d’esprits, alors que les nuages menaçants s’accumulaient pour ceux qui voulaient bien les voir dès la décennie 1920 :

  • Corps expéditionnaires occidentaux contre la jeune URSS, au service des « Blancs » et des racistes d’Ukraine et d’ailleurs, et leur cortège de famines.
  • Conquêtes et oppressions coloniales européennes, états-uniennes et japonaises, en Afrique, Asie et aux Amériques, et leur suite de misère, travail forcé et haines xénophobes.
  • Expansionnisme guerrier de l’Italie mussolinienne, et de l’Allemagne hitlérienne, au détriment des espoirs progressistes de peuples, comme en Espagne avec l’assassinat concerté de la République du « Frente Popular ».
  • Jusqu’à la piteuse reculade des Franco-Britanniques à Munich, faisant cadeau à l’Impérialisme allemand des peuples tchèques, après le peuple autrichien, dans l’espoir saugrenu de le détourner contre l’URSS.
  • La suite fut le second embrasement mondial en 1939-41, qui vit l’effondrement et l’occupation collaborationniste de la France, et l’invasion nazie du pays des Soviets, parsemée de crimes de guerre massifs et de massacres antisémites.

On connaît la suite :
Treblinka, Sobibor, Majdanek, Auschwitz ; il y a environ 80 ans, les peuples à peine libérés de l’oppression nazie, découvraient ces noms effroyables, à mesure que l’Armée rouge soviétique écrasait les soldats d’Hitler. Il fallut quelques années pour connaître l’ampleur de l’horreur qui s’y était accomplie, l’extermination d’êtres humains déportés de leurs pays en Europe occupée, raflés par les fascistes européens, en France par exemple, et livrés par eux aux nazis pour y être d’abord exploités, puis tués et brûlés par millions.
Et cela parfois pour la seule culpabilité supposée d’être Juifs ou d’ascendance juive, puisque les « experts » nazis et leurs comparses européens ont fait de la judéité une « race » néfaste, au mépris du bon sens et au plus grand profit des capitalistes, allemands ou français, qui avaient bien besoin de boucs émissaires justifiant l’inégalité sociale.

Après ces massacres inédits par leur ampleur et leurs motivations, on a pu croire un temps que racismes et antisémitisme, sortis couverts du sang de millions de victimes, étaient condamnés à l’extinction dans les esprits, réduits par la réprobation consensuelle à quelques isolés, nostalgiques du Maréchal ou de Goebbels.

La suite démontra très vite notre erreur.

Plus de quatre décennies de « guerre froide »

Alors même que la condamnation de l’antisémitisme (qui fut majoritaire en France en 1940) suscitait dans notre Nation après 1950 un engouement certain puisqu’on pouvait le reprocher aux nazis, voire aux Allemands, les héritages coloniaux persistaient dans les mentalités communes, fouettées par le soulèvement de colonisés, (« oublieux de tous les progrès accomplis » selon le PS français de 1956), et par l’arrivée d’une immigration africaine qui servit à reconstruire la France ravagée, mais aussi de bouc émissaire à tous les maux capitalistes, chômage et délinquance.

De 1945 à 1962, les villages brûlés, les tortures, qu’on avait reprochées à juste titre aux soudards de la SS et aux miliciens français, leurs supplétifs, n’ont pas manqué en Indochine, en Algérie, à Madagascar, au Cameroun, et même aux berges de la Seine, accomplis par nos « troupes d’élite », voire par de braves « appelés antibougnouls », sans émouvoir plus que cela une majorité française, longtemps favorable au maintien de la sujétion coloniale.
Elle n’a basculé peu à peu vers des exigences de négociation, qu’avec le retour en cercueils de jeunes soldats d’Algérie, et grâce au courageux combat pour la paix de minorités françaises militantes, et notamment des communistes.

Pendant ces décennies d’une après-guerre « froide », nous analysions les convulsions du monde, et nous n’avions pas vraiment tort, comme étant structurées par deux grands mouvements historiques contraires :

1/ d’abord, l’impérialisme notamment états-unien, sorti vainqueur universel des deux guerres mondiales, acharné à défendre partout sa maîtrise du monde contre l’expansion du socialisme, la contagion du mal soviétique et communiste, par ses alliances et ses bases, et par la guerre aussi : en Corée, au Vietnam, et par son idéologie consumériste multiforme, jeans, cheveux longs, musique et mœurs individualistes.
Ce fut d’ailleurs pour empêcher le peuple indonésien de quitter l’obédience états-unienne, que des fanatiques anticommunistes musulmans suscités par la CIA commirent en 1965 un des plus sanglants crimes du siècle, plus d’un million de supposés communistes exterminés.

2/ parallèlement, l’explosion des peuples colonisés, d’Afrique, Asie et Amérique, arrachant par lambeaux entiers leur indépendance politique, sinon économique et militaire, aboutissait à créer un Tiers-monde qui n’était alors pas qu’un « Sud global ».

Ces deux mouvements de l’histoire furent parfois en lien direct, combinés, réunissant alors une indépendance totale et le socialisme, en Chine, à Cuba, au Vietnam, etc.

Mais ne nous leurrons pas : l’idéologie de libération des opprimés et l’impérialisme n’expliquent pas tout, et surtout n’en justifient pas toutes les dérives, jusqu’aux crimes parfois. On ne saurait oublier dans la longue cohorte d’épisodes sanglants dans le monde « d’entre-deux-guerres », ni les massacres coloniaux et le travail forcé imposé en Afrique, ni que la jeune Union soviétique, phare de libertés pour des millions d’opprimés, a vécu une féroce période de dérives autoritaires vers 1938, qu’on baptisa plus tard absurdement « stalinienne », comme si le seul responsable en avait été Joseph Staline (alors qu’elle avait été approuvée massivement y compris par ceux, comme Khrouchtchev, qui, plus tard la dénoncèrent )...

Certes les récents travaux historiques nourris des archives russes démontrent que le nombre de victimes, déportés, exécutés, a été considérablement gonflé par la propagande anticommuniste ultérieure. Il n’en reste pas moins qu’à l’heure même où la nouvelle constitution soviétique se fixait des objectifs démocratiques, alors même que l’URSS accomplissait des progrès économiques et sociaux fulgurants (notamment l’industrialisation qui rendra possible la défaite des envahisseurs nazis), une vague de procès-spectacles truqués se déroulaient et de répressions injustifiées, sous la houlette de dirigeants sans scrupules comme Lejov.

Soyons clairs : s’il faut évidemment rejeter la légende noire anti soviétique, la solution à Moscou des problèmes de divergences politiques, de pouvoir, voire de personnes, par les déportations de masse et les procès truqués, et par la balle dans la nuque, sont incompatibles avec les fondements de nos objectifs d’une société socialiste, humaniste et démocratique.

Autre exemple de dérive inacceptable dans nos rangs entre 1975 et 1979, au Cambodge : Au nom de l’usage simpliste d’un marxisme que Mao avait adapté avec bonheur à la Chine, les fanatiques « Khmers Rouges » de Pol Pot ont déporté, affamé et tué des millions de citadins cambodgiens par le biais du travail forcé à la campagne, supposé leur donner une mentalité prolétarienne. Et il faudra une ingérence armée du Vietnam communiste pour stopper cette hérésie marxiste, plus meurtrière encore que celles du Moyen Âge chrétien,

Car quel qu’en soit le contexte, les comportements humains ne relèvent pas seulement de choix rationnels. L’injuste, le monstrueux, l’immoral, est toujours prêt à surgir du meilleur ou du plus anodin, tant il semble inscrit dans les gênes de l’humanité.

On ne saurait par exemple occulter que c’est tout au long de ce demi-siècle de progrès des libérations nationales que vit le jour au Moyen Orient, avec l’assentiment quasi-mondial de tous ceux (Etats-uniens et Soviétiques) qui les préféraient colons ailleurs que minorités chez eux, cet avatar colonial d’Occident, l’État sioniste d’Israël, qui n’a toujours pas terminé de conquérir « SA » Palestine, expurgée périodiquement par lui depuis 1947 de ses habitants palestiniens.

Cette période de « guerre froide » se termina en 1990 par un événement inattendu, la disparition du « camp socialiste » européen et son mentor l’URSS, non seulement par la pression, notamment militaire et économique, exercée par ses ennemis acharnés capitalistes comme on l’attendait de New York à Paris, mais à l’issue d’une longue décrépitude interne, qui a transformé ses « élites » de bureaucrates en profiteurs de la restauration du marché capitaliste.

Ce lamentable effondrement suicidaire de la « grande lueur rouge » née à Petrograd en 1917, doublée du délitement délibéré par les capitalistes des classes ouvrières des puissances industrielles d’Occident grâce à la désindustrialisation, a généré en fin de XXème siècle un affaissement général des forces révolutionnaires et progressistes, au profit d’une véritable contre-révolution idéologique libérale mondiale, multiforme, traînant avec elle un individualisme forcené, la corruption plutôt que la conscience de classe, et le retour en force des démagogies irrationnelles et racistes.

« Que le sang sèche vite en entrant dans l’histoire ! »

Cet aphorisme d’Aragon, repris par l’ami Jean Ferrat, doit nous inciter à un peu plus de lucidité historique, quand nous avons à tort cru les maux humains du passé condamnés irrémédiablement à disparaître dans les progrès de l’esprit éclairé par la science et la modernité.

Car depuis quarante ans notre univers est parsemé de tueries xénophobes, de massacres racistes honteux dont l’horreur plonge dans le pire irrationnel, même si on peut en trouver l’explication première dans I ‘impérialisme, la quête de profits ou de pouvoirs.

Ainsi, à partir de 1991, la fédération socialiste yougoslave, orpheline de son fédérateur antifasciste Tito mort en 1980, a implosé peu à peu en nationalismes haineux, slovène, croate, serbe, albanais, suscités ou cultivés par les Services occidentaux, jusqu’aux indépendances belliqueuses de 1991 à 2001, ponctuées de pogroms racistes, voire génocidaires, sous l’aile des bombardiers de l’OTAN.

Au printemps 1994, ce fut au Rwanda dans l’Est africain, le génocide de près d’un million d’humains de tout âge, pour la seule raison qu’ils étaient Tutsi, face à une majorité Hutu au pouvoir. En quelques semaines, une immense tuerie-pogrom, au couteau et à la pelle, qui réussit à dépasser dans l’ignominie les massacres nazis, créant des plaies béantes en Afrique de l’Est jusqu’à 30 ans plus tard, au Kivu par exemple.

Les mêmes nationalismes xénophobes, ressuscités par la disparition de l’URSS, ont flambé épisodiquement au Caucase, Arméniens contre Azéris, Géorgiens contre Russes, etc, en « révolutions de couleur » soutenues par les agents de l’Occident, qui n’ont réussi qu’à ensanglanter une mosaïque de peuples autrefois en paix.

Puis est venu l’insurrection dramatiquement réussie de Maïdan à Kiev en 2014, qui a donné le pouvoir à un nationalisme ukrainien dont l’identité se réduit aux préjugés antirusses. Les russophones attachés à la « mère Russie », Crimée et Donbass absurdement rattachées à l’Ukraine aux temps ambigus de Khrouchtchev, ont alors commencé de s’insurger contre les discriminations nationalistes, y compris les bombardements. Jusqu’au déclenchement de la riposte russe à leur secours, et la guerre incertaine actuelle, menée à grands cris par l’Occident impérialiste contre l’État russe concurrent, grâce aux bataillons de sacrifiés ukrainiens et aux armements de l’Otan.

C’est dans ce contexte majeur d’un empire états-unien et ses alliés-supplétifs européens conscients de n’avoir plus de primauté économique et diplomatique, que les divers bellicismes xénophobes embrasent le monde de ci de là, du Kosovo à l’Arménie, de l’Ukraine à la Palestine occupée, autour peut-être de Taïwan demain.

Bien sûr, l’impérialisme en défensive hargneuse en est le premier responsable. Mais cela n’excuse en rien les responsabilités criminelles des haines nationalistes, irrationnelles, ressorties d’un passé lointain, israéliennes en Palestine musulmane ou encore un peu chrétienne, ukrainiennes au Donbass russophone, etc.

D’autant que cet irrationnel guerrier entraîne actuellement tout le continent européen à multiplier les budgets militaires, à militariser leurs industries comme en Allemagne, où les dirigeants sociaux-démocrates, convaincus de la puissance de leur capitalisme au sein de l’UE, se débarrassent définitivement du pacifisme qui avait suivi l’écrasement de l’hitlérisme. Ils prévoient ouvertement de redevenir la grande puissance militaire du continent. Et en plus modeste, la même rupture guerrière infecte le discours officiel en Finlande, en Suède, et la France macronienne se ridiculise et se répand en verbes aussi grandiloquents que contradictoires, entre deux foucades bellicistes.

Faut-il élargir les explications historiques ?

Que conclure de ces constats historiques d’épisodes sanglants boursouflés de contenus irrationnels, dont l’horreur déborde largement nos analyses, que nous voulons scientifiques en fonction des découvertes lumineuses de Marx et les multiples disciples qui ont enrichi ses fulgurances, de Lénine à Castro, de Mariategui à l’Oncle Ho, de Mao Zedong à Gramsci : un corpus communiste incontournable, qui pose les luttes de classes en démiurge essentiel de l’histoire, l’impérialisme comme excroissance naturelle du capitalisme, des principes fondamentaux malheureusement oubliés par nombre de partis qui furent révolutionnaires, à commencer par notre PCF.

Alors, oui. Nous devons nous ancrer fermement sur cet ensemble marxiste de découvertes scientifiques, rassemblant tous ceux qui aspirent à un monde meilleur, à un monde de justice universelle et de paix, et pour cela à reconstruire les organisations communistes et pacifistes sur ce socle solide.

Mais il nous reste ce constat incitant à l’humilité qui suinte de l’histoire, y compris de NOTRE histoire.

Les outils scientifiques marxistes que nous sommes fiers d’utiliser, quand tant d’autres les abandonnent aux vents sournois du profit personnel opportuniste, ne suffisent pas à tout expliquer des événements les plus traumatisants de l’histoire, y compris de la nôtre. Par ailleurs, si nous avons su les utiliser pour analyser les contradictions du capitalisme, nous avons été beaucoup plus timorés pour le faire dans l’analyse des luttes sociales dans les pays se revendiquant du socialisme, or nous ne pouvons pas faire l’impasse sur les péripéties, réussîtes et échecs, de l’histoire du « socialisme réel » si nous voulons réellement repartir à l’assaut du capitalisme pour instaurer une nouvelle étape dans l’histoire du socialisme.

Aussi devons-nous avoir l’humilité d’appliquer les grilles de lecture nées du socialisme scientifique aussi à nous-mêmes, et aux faiblesses de notre passé.

Ainsi de cette propension constatée en nos rangs de la transformation fréquente de militants, lumineux et altruistes au ´départ, en bureaucrates suffisants et autoritaires, devenant peu à peu aveugles aux réalités vécues par le commun des prolétaires, veillant de leur bureau à leur carrière personnelle, jusqu’à finalement la trahison opportuniste.
Nous les avons vus se multiplier parmi nous, notamment vers 1980, quand la plupart des dirigeants n’eurent plus de contacts avec la production. Dès lors, ces déracinés de leur classe d’origine, férus de prébendes électorales pour seul horizon, firent « la mutation » du PCF à la fin du XXème siècle, comme dans d’autres Partis communistes d’Occident. On a ainsi pu constater que le phénomène de dégénérescence ne se limitait pas aux partis communistes au pouvoir mais qu’il se répétait même dans les partis ayant quelques miettes du pouvoir par le biais de leurs députés, de leurs ministres, de leurs maires, de leurs élus locaux et de leurs « permanents ».

Cette « mutation de classe » d’individus souvent originaires de la classe ouvrière militante, avait aussi commencé en URSS après la victoire du pouvoir des Soviets sur les Blancs : le jeune pouvoir d’Etat soviétique a du transformer des milliers de militants ouvriers en gestionnaires du Parti et des administrations, les coupant ainsi de leur classe originelle, au profit parfois d’une caste bureaucratique, plus attachée à ses horizons de carrière qu’à l’avenir du socialisme.

Ceux parmi nous qui les ont côtoyés à Moscou vers 1980 peuvent en témoigner : rien ne ressemblait plus à certains « apparatchiks » soviétiques que certains cadres « mutants » du PCF, qui ressemblaient eux-mêmes fort à ces « managers » d’Amérique du Nord capitaliste que nous avons pu voir à Montréal peu après. Tous faisaient carrière, seuls variaient leurs « éléments de langage« , comme le disent nos « communicants » contemporains.

libido dominandi ?

On peut se demander si la seule analyse de classe suffit et si on ne doit pas l’enrichir de ce constat : Tout être humain, « être social » selon Marx, porte en lui des instincts toujours présents, qui motivent consciemment ou pas ses agissements.

Les marxistes, après bien des réticences, ont accepté la réalité mise aujourd’hui par Freud de l’omniprésent instinct sexuel, et de son approche dans l’inconscient psychanalytique. Et il est clair que ces réticences ont pu se justifier des dérives irrationnelles de la psychanalyse commerciale, au service de l’idéologie transgenre contemporaine. Mais ces dérives n’enlèvent rien à la validité des travaux scientifiques de Freud ou Lacan.
Sur le rôle moteur de l’inconscient sexuel.

Le temps ne serait-il pas venu de constater qu’un autre instinct tout aussi puissant est présent en tout être humain, l’instinct de Pouvoir, que l’écrivain chrétien Saint Augustin décrivait déjà au IVème siècle sous le nom de « libido dominandi ». Ce désir d’un Pouvoir sur l’autre est présent en chacune et chacun d’entre-nous, et s’exprime en toute occasion quotidienne. Qui n’a pas eu à supporter à un guichet administratif les rebuffades d’une employée mal payée, qui compense ainsi son désarroi ?

Bien sûr, le mécanisme d’exploitation capitaliste est l’aliment premier de cette «  libido dominandi  ». La quête de profits n’a plus grand chose à voir avec les envies de confort matériel. Il est avant tout une volonté de pouvoir sur les autres, et nous le combattons.

Mais cet instinct de pouvoir sur les autres à des conséquences collectives et historiques plus graves encore dans notre camp, il peut transformer des militants bardés d’un idéal altruiste en décideurs autoritaires parfois jusqu’au crime, des élus en dictateurs butés, etc.
Tous les exemples ci-dessus, y compris en nos rangs, en sont l’illustration, aussi bien en URSS que dans les autres pays socialistes, et dans les organisations communistes et progressistes du monde entier.

Même s’il ne s’agit pas de faire de ce processus une cause unique, il serait aberrant pour nous de la sous-estimer, et de ne pas veiller à éviter ces avatars de notre cause, dans un projet de socialisme pour le peuple français inspiré des héritages révolutionnaires de notre nation, et corrigé de nos erreurs passées.

D’ailleurs, même si cela n’a pas toujours donné les résultats escomptés et si cela a pu même parfois déboucher sur le contraire de ce que l’on prévoyait, le fait que les partis communistes aient essayé de promouvoir des séances de critiques et d’auto-critiques visant à former un « homme nouveau » communiste libéré de ses penchants primaires individualistes démontre que la question s’est posée déjà à l’aube du mouvement réel du communisme.

Socialisme et héritages révolutionnaires

Notre projet de socialisme en France devra bien sûr se structurer sur les bases de la propriété collective des grands moyens de production et d’échange, s’organiser grâce aux services publics contrôlés par les usagers, d’éducation, de santé, de commerce et d’alimentation, de transports et de sécurité, d’information (télévisions « et réseaux sociaux »), ce qui n’a rien de neuf quant aux expériences socialistes passées et actuelles.
Mais il devra inclure aussi les progrès arrachés par les luttes séculaires des révolutionnaires et progressistes de France au cours de l’histoire passée.

1/ L’héritage humaniste des « Lumières » et des révolutionnaires de 1789-94, les Droits de l’Homme, les libertés individuelles de pensée et de culte, le système républicain et le suffrage universel, le contrôle des élus par les mandants comme le pré-voyait déjà la Constitution de 1793, l’indépendance de la Nation citoyenne, politique, militaire et économique

Il faudra notamment reconstruire les industries civiles nationales, capables de répondre aux besoins de la population, pour ne pas être contraint d’importer une grande partie de produits de santé, métallurgiques ou alimentaire.

Cela impliquera la rupture avec ces structures de soumission nationale que sont l’UE et l’OTAN, et l’établissement de liens nouveaux de solidarité avec tous les peuples sur une base d’égalité, pour la paix et contre tout impérialisme, dans le droit fil des résistants antinazis et antifascistes de 1942-45.

2/ Celui de la révolution de 1848 et des républiques successives des XIXème et XXème siècles, libertés de l’information pluraliste, d’associations, partis et syndicats, droit de grève et de manifestation, laïcité de l’Etat et de l’éducation pour tous, etc.

3/ Ceux de la Commune de Paris de 1871, pouvoir ouvrier qui inventa la décentralisation démocratique jusqu’au niveau local communal. Notre socialisme, à son exemple, devra établir la décentralisation démocratique, et éradiquer le centralisme politique né de la monarchie capétienne, et amplifié par la bourgeoisie possédante et dirigeante jusqu’à la domination de la Nation par les métropoles réservées aux privilégiés au XXIème siècle.

4/ Celui des luttes ouvrières et prolétariennes en deux siècles, de 1936 à 1968, et leurs conquêtes en matière de conditions et durée du travail, congés payés, re-traites, sécurité sociale, protection contre le chômage, comités d’entreprises, etc : toutes ces avancées sociales seront restaurées si mises en cause par les pouvoirs de la bourgeoisie, et enrichies dès que possible en faveur des travailleurs.

Socialisme et encadrement législatif

Un État socialiste dont les objectifs sont les Droits de l’Homme et la Démocratie ne saurait être faible, incapable de faire appliquer ses lois citoyennes. On sait que ce type d’Etats impuissants sont les jouets préférés de l’impérialisme et de ceux qui le servent, en Afrique par exemple.

Notre État socialiste, et son appareil policier et judiciaire, seront ainsi inflexibles dans la condamnation et l’interdiction de tout propos ou acte exprimant la xénophobie nationaliste ou le racisme, l’affirmation irrationnelle de l’inégalité génétiquement transmissible, qu’elle soit supposée d’origine « raciale », ethnique, culturelle ou religieuse.

Ses lois et règlements combattront aussi l’attraction inévitable qui peut trans-former tout responsable, élu ou militant, en bureaucrate autoritaire et carriériste ennivré par le pouvoir. Cette dérive peut devenir pour nous, dans un contexte capitaliste, comme il l’a été dans certains pays socialistes, une maladie mortelle pour nos objectifs libérateurs.

Le seul moyen de l’éviter est de prévoir dans notre projet de socialisme un certain nombre de garde-fous légaux et réglementaires, qui ne seront pas parfaits, mais plus efficaces que la cécité de l’autruche. Il n’y a pas d’objectifs révolutionnaires assurés sans impératifs moraux incarnés très souvent dans le passé par les militants communistes, en démarches de critiques libres et d’autocritiques, au sein de la société, et de nos organisations : les communistes ne sauraient oublier, pour paraphraser Saint Just, que

« Le bonheur de chacun est une idée neuve à construire,
et c’est notre but exclusif ! »

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Ces précisions sur nos objectifs de socialisme pour la France et pour une France solidaire du destin de toute l’humanité sont stratégiques, et n’enlèvent rien à la nécessité pour y parvenir de réfléchir pour l’améliorer au fonctionnement de notre organisation communiste, à l’obligation que nous avons d’employer la meilleure tactique de lutte, unitaire, mais sur des bases politiques anticapitalistes et anti-impérialistes, réfléchies plutôt qu’activistes, et sans cacher aucunement notre objectif final d’une société socialiste, comme étape devant amener au communisme ( du « à chacun selon ses capacités sociales » au « à chacun selon ses besoins »).

Et elles sont d’autant plus nécessaires que l’objectif d’une société socialiste est le marqueur de notre idéal communiste, qui nous différencie des diverses organisations Social-Démocrates (PS, et même PCF, depuis sa dégénérescence opportuniste ), capables éventuellement de combattre comme nous certaines conséquences néfastes du Capitalisme, mais qui n’envisagent pas d’en supprimer la logique néfaste, et de la remplacer par celle juste et rationnelle du Socialisme.

Il est impossible de prévoir à l’avance les conditions et formes des luttes populaires (élections, grèves, manifestations, etc…) qui imposeront la fin du capitalisme et instaureront la société socialiste dans notre pays.

Mais dans tous les cas de figure, le rôle de notre organisation communiste sera essentiel, pour convaincre les citoyens, et notamment le prolétariat (tous ceux dont les revenus ne proviennent que du fruit de leur travail) que cette révolution est nécessaire.

Car ce passage au socialisme ne pourra avoir lieu que quand la majorité de notre nation en sera convaincue.

   

Messages

  • 1. Le socialisme est notre objectif de société pour la France !
    23 juin, 11:34 - par Gérard Jugant


    Je partage l’analyse de notre camarade Francis. Le socialisme est bien notre objectif et nos citoyens finiront par le comprendre quand ils auront expérimenté le nationalisme-fascisme du RN et de ses alliés d’extrême droite avec une fraction de Républicains. En attendant, le dernier sondage donne plus de 35% au RN et ses alliés, donc si en semaine cette tendance ne change pas, nous aurons un gouvernement d’extrême-droite et alors ce sera à nous communistes de mener la lutte contre cette forme de fascisme, avec pour objectif, pour nous, le socialisme. La lutte sera rude, préparons nous, camarades.

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