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Le début de la fin d’un grand service public ?
mercredi 26 mars 2025 par Jean-Yves Guérin/AFP

Quand les obligations de Bruxelles s’attaquent à nos services publics, pour davantage de profits et de plus en plus de pressions sur les conditions de travail. Nous devons réagir…(JP/URC)
Île-de-France : la RATP perd l’exploitation de 37 lignes de bus, attribuées à Transdev et à l’opérateur italien ATM.
Le franco-allemand Transdev et l’entreprise milanaise ATM ont remporté chacun un lot ouvert à la concurrence par l’autorité organisatrice des transports en Ile-de-France. C’est la première fois que la régie publique voit son monopole historique entamé.
L’ex-monopole de service public dans les transports parisiens de la capitale a perdu mardi deux appels d’offres sur trois dans les bus.
L’ouverture à la concurrence dans les bus à Paris et en petite couronne n’est pas de tout repos pour la RATP. Sur les trois lots attribués mardi par IDFM (Île-de-France Mobilités, l’organisateur des transports), le groupe public, qui avait le monopole sur cette activité, n’en a gagné qu’un. Transdev en a remporté un autre. Et l’opérateur italien ATM a été retenu à la surprise générale pour exploiter le troisième. Pour que ces choix soient définitifs, ils doivent être validés par le conseil d’administration d’IDFM le 10 avril. Mais on voit mal cette instance remettre en cause le classement des offres opéré par ses experts.
Une performance en demi-teinte
Depuis l’attribution des premiers lots, la RATP en a remporté trois sur six. Une performance en demi-teinte : sur les TER soumis aussi à la concurrence, la SNCF fait mieux avec quatre lots sur sept remportés pour le moment. Le revers subi par la RATP mardi n’est pas anecdotique vu la taille des lots. Le marché que Transdev a remporté concerne 19 lignes sur les 400 que comprend le réseau de bus parisiens et en proche couronne.
Elles desservent neuf arrondissements de Paris et une partie de la Seine-Saint-Denis. Le contrat d’une durée de 8 ans s’élèverait à 100 millions d’euros par an. Il doit débuter le 1er mai 2026. Avant cela, il faudra effectuer le transfert de 1850 salariés de la RATP qui passeront sous pavillon Transdev. Mais si la RATP a perdu une bataille, elle n’a pas perdu la guerre. Il reste encore six autres lots à attribuer d’ici la fin de l’année. Deux le seront dès juillet. De quoi permettre à l’opérateur du métro parisien de redorer son blason.
Doutes sur la concurrence
Jean Castex a à plusieurs reprises émis des doutes sur le processus d’ouverture à la concurrence auquel sont soumis les transports parisiens.
Lors de son audition devant les parlementaires en octobre pour sa reconduction à la tête de l’entreprise, il avait appelé à la création d’un « observatoire indépendant sur les conditions de mise en œuvre de l’ouverture à la concurrence ».
« Il y a aussi tout ce qui concerne la sécurité ; est-ce que IDFM pourra mettre en place la transition dès novembre ? » s’est interrogé le délégué syndical CGT-RATP, Bertrand Hammache.
Pour l’instant, la RATP gère la sûreté sur tout le réseau grâce au Groupe de protection et de sécurité des réseaux (GPSR), mais quand une alarme sera déclenchée dans un bus exploité par un concurrent, « qui interviendra ? Pour l’instant aucune convention n’a été signée » entre la RATP et ses concurrents, a ajouté Bertrand Hammache.
D’ici 2026, le réseau de bus de la RATP va s’ouvrir à la concurrence avec le basculement de 19 000 travailleurs et 308 lignes de bus en dehors de l’établissement public RATP (soit vers des filiales du groupe, soit vers des concurrents ayant remporté les marchés).
Le tramway doit s’ouvrir à la concurrence en 2030, puis le métro, à horizon 2039.