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Le massacre de la place Tian’anmen – Faits, fiction et propagande
jeudi 4 mars 2021 par Chris Kanthan
“Pour autant que les preuves disponibles permettent de l’affirmer, PERSONNE n’est mort cette nuit-là sur la place Tienanmen.”
Quoi ? ! Qui se permet une affirmation propagandiste aussi flagrante ?
Le parti communiste chinois ? Non. C’était Jay Mathews, qui était le chef du bureau de Pékin du Washington Post en 1989. Il a écrit cet article sur le sujet de la Juin 4th 1989 Tiananmen protestations place pour Columbia Journalism Review. [1]
Voici quelques autres exemples de ce que des journalistes occidentaux ont dit sur ce qui s’est passé sur la place Tiananmen en juin 1989 :
BBC NEWS : “J’étais l’un des journalistes étrangers témoins des événements de cette nuit-là. Il n’y a pas eu de massacre sur la place Tiananmen” – écrit le journaliste de la BBC, James Miles, en 2009.
NY TIMES : Le 13 juin 1989, le reporter du NY Times Nicholas Kristof – qui était à Pékin à cette époque – écrit : “La télévision d’État a même montré des images d’étudiants défilant pacifiquement de la place [Tiananmen] peu après l’aube comme preuve qu’ils [les manifestants] n’ont pas été massacrés”. Dans cet article, il a également démystifié un manifestant étudiant non identifié qui avait affirmé dans un article sensationnel que des soldats chinois armés de mitrailleuses avaient simplement fauché des manifestants pacifiques sur la place Tienanmen.
REUTERS : Graham Earnshaw était sur la place Tiananmen dans la nuit du 3 juin. Il n’a pas quitté la place avant le matin du 4 juin. Il a écrit dans ses mémoires que les militaires sont venus, ont négocié avec les étudiants et ont fait partir tout le monde (y compris lui-même) pacifiquement ; et que personne n’est mort sur la place.
WIKILEAKS : Un câble de Wikileaks de l’ambassade américaine à Pékin (envoyé en juillet 1989) révèle également les récits de témoins oculaires d’un diplomate latino-américain et de son épouse : “Ils ont pu entrer et sortir de la place [Tiananmen] à plusieurs reprises et n’ont pas été harcelés par les troupes. Ils sont restés avec les étudiants … jusqu’au retrait définitif, le diplomate a déclaré qu’il n’y avait pas eu de fusillades de masse sur la place ou sur le monument”.
Mais est-ce que des gens sont morts en Chine ?
Oui, environ 200 à 300 personnes sont mortes, mortes lors d’affrontements dans différentes parties de Pékin, aux alentours du 4 juin, et environ la moitié de ceux qui sont morts étaient des soldats et des policiers.
Mais qu’en est-il de l’emblématique “homme au char” ?
Eh bien, si vous regardez toute la vidéo, vous pouvez voir que les chars se sont arrêtés et ont même laissé l’homme sauter sur le char. Il est finalement reparti indemne. En fait, il n’y a presque pas de photos ou de vidéos de soldats tirant sur des gens ou les tuant (cela ne veut pas dire que ce n’est pas arrivé, mais c’est un point à garder à l’esprit).
La propagande comporte non seulement des exagérations, mais aussi des omissions. Les médias occidentaux montrent rarement des images de chars et de véhicules militaires incendiés, car cela montrerait à quel point l’armée a fait preuve de retenue.Voici un diaporama de bus, camions, véhicules blindés et chars militaires brûlés par les manifestants “pacifiques”
Parfois on a laissé les soldats prendre la fuite, et parfois ils ont été brutalement tués par les manifestants. De nombreux manifestants étaient armés de cocktails Molotov et même de fusils.
Dans un article du 5 juin 1989, le Wall Street Journal a décrit certaines de ces violences : “Des dizaines de soldats ont été sortis des camions, sévèrement battus et laissés pour morts. À une intersection à l’ouest de la place, le corps d’un jeune soldat, qui avait été battu à mort, a été déshabillé et pendu sur le côté d’un bus”.
Attendez, comment les manifestants ont-ils pu tuer autant de soldats ?
Parce que, jusqu’à la fin, les soldats chinois n’étaient pas armés. Pendant la plupart du temps, ils n’avaient même pas de casques ou de bâtons.
Voici une autre photo de policiers et de militaires chinois non armés côtoyant le public. Comparez ces images à ce qui se passe aux États-Unis pendant les manifestations de Black Lives Matters.
Et voici une vidéo de l’armée chinoise et des manifestants qui font des concerts de chants dans un duel amical. Ce fut le climat pendant de nombreuses semaines. Le gouvernement chinois et la plupart des manifestants ne s’attendaient pas à ce que la situation dégénère.
Qu’est-ce qui s’ est passé éxactementen 1989 ?
Quelle est l’histoire complète ?
Pour comprendre le chaos, commençons par les deux personnes les plus importantes de cette histoire : Hu Yaobang et James Lilley.
Hu Yaobang était président et secrétaire général du PCC. Il était un “réformateur” et était apprécié des jeunes. Et il est mort le 15 avril 1989. Sans sa mort, il n’y aurait probablement pas eu de drame en Chine cette année-là ! Les étudiants se sont d’abord réunis sur la place Tiananmen pour pleurer sa mort.
Un jour ou deux après la mort de Hu Yaobang, les États-Unis ont réalisé que des centaines de milliers de jeunes se rassembleraient à Pékin. C’était le moment idéal pour un coup d’État, puisque le reste du monde démantelait le communisme cette année-là ! Ainsi, le 20 avril 1989 – cinq jours après la mort de Hu Yaobang – James Lilley a été nommé ambassadeur des États-Unis en Chine. Il était un vétéran de la CIA depuis 30 ans.
Un article du Vancouver Sun (17 septembre 1992) décrit le rôle de la CIA : “L’Agence centrale de renseignements avait des sources parmi les manifestants de la place Tiananmen” … et “Pendant des mois avant les manifestations, la CIA avait aidé des étudiants militants à former le mouvement anti-gouvernemental”.
Pour aider les services de renseignements américains, il y avait deux personnes importantes : George Soros et Zhao Ziyang. Soros est légendaire pour avoir organisé des mouvements de base dans le monde entier. En 1986, il avait fait don d’un million de dollars – ce qui était beaucoup d’argent en Chine à l’époque – au Fonds pour la Réforme et l’Ouverture de la Chine. Au cours des trois années suivantes, le groupe de Soros a cultivé et formé de nombreux leaders étudiants pro-démocratie, qui allaient passer à l’action en 1989. Le National Endowment for Democracy (NED)[Fondation nationale pour la démocratie] a également ouvert des bureaux en Chine en 1988. NED est une autre organisation américaine de changement de régime parrainée par le gouvernement.
Et qui avait autorisé toutes ces fausses ONG occidentales ? Zhao Ziyang, qui était le Premier ministre chinois et le secrétaire général du Parti communiste. Il était un grand fan de la privatisation et de Milton Friedman. Son proche conseiller, Chen Yizi, dirigeait l’Institut chinois pour la Réforme Économique et Structurelle, un influent groupe de réflexion néolibéral.
Au fait, après les manifestations, Soros et son ONG ont été interdits en Chine ; Zhao Ziyang a été purgé et placé en résidence surveillée pour le reste de sa vie ; et Chen Yizi s’est enfui en Amérique.
Un autre Occidental qui a joué un rôle important dans les agitations de la place Tienanmen est Gene Sharp, qui est l’auteur de manuels sur les révolutions de couleur et le sujet d’un documentaire acclamé intitulé .« Comment commencer une révolution ». Il était à Pékin pendant neuf jours pendant les manifestations et écrit à à ce sujet. Bien sûr, il n’a pas révélé son rôle, mais ce n’est pas difficile à imaginer. Gene Sharp a travaillé en étroite collaboration avec le Pentagone, la CIA, le NED etc... pendant des décennies et a fomenté des soulèvements dans le monde entier – voici un article de fond sur lui.
L’influence des Occidentaux sur la place Tiananmen est évidente, si l’on regarde toutes les grandes banderoles en anglais, qui expriment les idéaux américains :
Deux autres faits à noter sont que le gouvernement chinois n’a pas imposé la loi martiale avant le 20 mai, et qu’il n’y a pas eu d’affrontements majeurs entre les militaires et le peuple jusqu’au tout dernier moment. Voici une photo de manifestants donnant à manger aux soldats chinois :
Quant aux étudiants, ils n’étaient pas un groupe monolithique. Ils ont fait partie de quelques catégories différentes :
Ceux qui étaient venus pleurer Hu Yaobang, le leader communiste bien-aimé. Au début, ils constituaient le groupe entier de la place Tiananmen. Ces étudiants et travailleurs étaient des communistes qui aimaient Mao. Ils ne cherchaient pas à être secourus par l’Amérique.
Et puis il y a ceux qui sont juste venus pour passer du temps ensemble, se rencontrer et s’amuser.
- Ceux qui souffraient du malaise économique. Dans les années 1980, l’inflation atteignait des sommets en Chine. En 1988, les prix des biens de consommation et des denrées alimentaires ont augmenté de 26%. Les frais de scolarité ont également augmenté et de nombreux diplômés n’ont pas pu trouver de bons emplois. Ironiquement, tout cela était le résultat de la libéralisation et de la transition rapide vers une économie de type occidental.
- Des jeunes idéalistes qui voulaient vraiment la démocratie, la liberté d’expression, la liberté de la presse, etc.
- Des dirigeants étudiants sans scrupules. La plupart des principaux leaders étudiants se sont enfuis de Chine – la CIA a appelé ça “Opération YellowBird” [Operation Oiseau jaune] – juste après les manifestations, ils sont venus aux États-Unis et sont entrés à Yale, Harvard, Princeton, etc. grâce à l’aide généreuse du gouvernement américain.
- Des provocateurs et des voyous qui étaient en minorité, mais qui étaient capables de faire monter la tension de manière significative. Cette stratégie basée sur la psychologie du gouvernement des foules fonctionne très efficacement partout dans le monde. Très peu de gens, par exemple, se rendent compte que certains de ces provocateurs étaient également armés.
L’un des leaders étudiants des manifestations de Tiananmen, Chai Ling, a déclaré lors d’une interview : « Je voulais leur dire [aux étudiants] que nous nous attendions à une effusion de sang, qu’il faudrait un massacre, répandant le sang comme une rivière sur la place Tiananmen, pour réveiller le peuple. Mais comment pouvais-je leur dire cela ? Comment pouvais-je leur dire que leur vie devait être sacrifiée pour gagner ? » Elle s’est enfuie de Chine quelques jours avant le 4 juin 1989.
Écoutez-la – c’est assez impitoyable et psychotique :
Il fallait un massacre pour faire tomber le parti communiste. Comme il n’a pas eu lieu, le récit du massacre a été créé. Parce que la perception est la réalité. L’histoire est écrite par les vainqueurs. Et les gens qui ont les meilleurs récits sont les gagnants. Ça fonctionne en boucle.
Si le Parti communiste chinois devait être abattu, un massacre était
nécessaire. Lorsque cela ne s’est pas produit, le récit d’un massacre a simplement été inventé par les agents du renseignement américain qui ont ensuite transmis l’histoire aux médias occidentaux pour être canalisé dans le cerveau des citoyens occidentaux pour « créer la réalité ». La perception est la réalité et l’histoire est écrite par les gagnants. Les gens avec les meilleurs récits, sont les « gagnants ».
Les dirigeants chinois ne sont peut-être pas très doués dans l’art de la puissance douce, mais ils comprennent que l’histoire chinoise des deux derniers siècles est remplie de dévastations dues au colonialisme et aux guerres civiles. La stabilité et l’unité ne sont pas seulement des principes fondamentaux de Confucius, mais sont maintenant primordiales pour le progrès économique de la Chine. En outre, la réalité géopolitique est que les États-Unis tentent d’arrêter la montée de la Chine.
L’interminable propagande américaine sur le “massacre” de Tiananmen ne fait que renforcer la crainte du gouvernement chinois quant aux intentions de l’Occident.
La Chine serait-elle mieux lotie avec plus de liberté d’expression, plus de presse libre et un gouvernement plus transparent ?
Absolument.
Cependant, c’est un chemin que la société chinoise doit emprunter selon ses propres termes. Seule la Chine peut décider de la vitesse et de l’orientation de ses réformes. Si les événements de Tiananmen sont tragiques, il ne fait aucun doute que le peuple chinois apprécie les progrès incroyablesque que le pays a réalisés depuis 1989.
Mise à jour en juin 2020
Alors que chaque année en juin, les Américains pleurent rituellement des larmes de crocodile pour les victimes de la manifestation de la place Tiananmen, comparez la manière dont le gouvernement américain attaque violemment son propre peuple en utilisant des policiers lourdement armés et même l’armée, lors des manifestations de 2020.
Pas encore de tanks aux États-Unis, mais des Humvees, des drones Prédator, des hélicoptères militaires, la Garde nationale, l’armée américaine active, des militaires privatisés comme Blackwater, le FBI, des gaz lacrymogènes, du gaz poivré, des balles en caoutchouc et des fusils sont tous déployés contre les Américains.
Comme nous l’avons vu précédemment, rien n’est arrivé à l’homme au char, puisque celui-ci s’est arrêté. Devinez ce qui se passe aux États-Unis, le pays de la liberté, lorsqu’une personne se tient devant un véhicule de police ?
Une chose est sûre : si les Américains venaient à devenir violents, comme cela s’est produit lors des derniers jours des manifestations de la place Tiananmen, la police et l’armée américaines tueraient sans pitié des milliers de personnes.
Avec l’autorisation de Danielle Bleitrach
traduction de Catherine Winch
Dans la même série Danielle Bleitrach a aussi publié : La vérité derrière le mythe du “massacre de la place Tiananmen”(1) par Dennis Etler | Histoire et société (histoireetsociete.com)
Voir en ligne : https://histoireetsociete.com/2021/...
Dans le cadre de notre réflexion sur les événements du Tian’anmen (1) pour avoir l’autorisation de traduire et publier ce texte, il a fallu de subtiles négociations de Catherine Winch (qui l’a traduit) avec Chris Kanthan, son auteur. Il a fini par accepter après avoir inspecté notre site et s’être rendu compte qu’il n’était pas “complotiste”, rouge-brun et autre “anti-impérialisme” suspect, mais entre temps il avait fermé son site et nous n’avons pas pu récupérer photos et vidéos. Le texte avait été utilisé par un site tel que les détestait Chris Kanthan et effectivement la traduction n’était pas toujours fidèle, il n’y avait pas toutes les vidéos et photos annoncées. Fidèles au contrat avec l’auteur nous publions donc ce texte important au plus près de ce que disait son auteur et qui est effectivement un travail sur l’événement historique qui mérite une lecture attentive. Demain, nous publions le troisième texte sur le sujet qui est ce qui s’est réellement passé au Tiananmen et le contexte. (note de danielle Bleitrach, traduction de Catherine Winch)