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Qu’est réellement la guerre en Ukraine ?
dimanche 19 mars 2023 par Thierry Delforge
L’intense et massive propagande que nous subissons rend nécessaire de bien comprendre la signification de la guerre et quels en sont, pour l’instant, les résultats.
Fondamentalement la guerre n’est pas et n’a jamais été une guerre entre la Russie et l’Ukraine. Pour la Russie, l’Ukraine est un problème mineur. "L’opération militaire spéciale" était un défi à l’OTAN et pas simplement à l’Ukraine. L’objectif d’une rectification des frontières poursuivi par la Russie n’a été que partiellement atteint. Mais c’est bien l’OTAN et les Occidentaux (USA, Grande-Bretagne, pays baltes et Pologne) qui ont commencé cette guerre.
La Russie avait déclaré qu’elle ne tolérerait pas que l’Ukraine soit membre de l’OTAN. Elle a déclenché la guerre quand elle a constaté qu’elle l’était de facto, de fait, et de manière virtuelle associée à l’UE. La Russie s’est lancée dans une guerre préventive.
Les Etats-Unis ont assumé pleinement leur rôle de provocateur, rôle prévu de longue date par les faucons, dont le plus remarquable est Brzezinski. Il fallait aussi effacer la défaite en Afghanistan.
Poussant les Russes à intervenir, les conservateurs américains escomptaient que la mécanique des sanctions allait détruire la Russie. Laquelle s’estimait suffisamment forte pour y résister. La Russie a beaucoup mieux résisté aux sanctions qu’on ne l’imaginait. La croissance reprend. En revanche, on est en train de constater que "l’aile libérale" aux Etats-Unis, celle qui a fait toutes les "bonnes réformes" n’a plus la capacité de fournir des obus à l’Ukraine.
Et la crise bancaire cyclique, si caractéristique du système capitaliste et bien décrite par notre camarade Marx, réapparaît et s’étend. Sans parler de l’inflation qui frappe surtout les travailleurs. Le plus étonnant, et scandaleux, c’est que l’augmentation des prix des produit de base, dont l’énergie, est plus forte que tout autre produit.
Depuis que la R.P.C (la Chine) a compris que la Russie avait le temps et les moyens de garder l’initiative avec sa base industrielle, le Kremlin est raffermi dans sa volonté de détruire l’OTAN. Après la Conférence de Munich, on a compris, et une partie des pays de l’UE, hormis la Commission européennne (Von der Leyen), le Conseil européen (Charles Michel) et l’ineffable Borell, que la Chine commençait à occuper sa véritable place dans l’ordre mondial.
S’engager du côté des Russes, et de la Chine, est beaucoup moins dangereux malgré tout et représente, notamment pour les pays africains et latino-américains de nouvelles perspectives.
Il y a la réalité industrielle, masquée par l’essor des GAFA, les services privatisés au détriment des services publics, les spéculations boursières, la fraude fiscale massive et la dette publique qui assujettit les Etats aux banques.
Si l’on considère ce critère significatif de la capacité industrielle d’un pays, la Chine produit 30 % des machines-outils dans le monde, contre 15 % pour le Japon, 15 % pour l’Allemagne et 8 % pour les Etats-Unis.
Enfin, les pays occidentaux, néo-coloniaux, connaissent une dépression démographique.
La guerre en UKraine est aussi un gigantesque test de vérité pour les résultats du néolibéralisme. Là où on attendait l’effondrement de la Russie, c’est la Grande-Bretagne qui est en train de s’effondrer. Le Brexit ? Mais surtout la destruction "thatchérienne" du tissu industriel. C’est l’échec du néo-libéralisme.
La puissance des grèves en Grande-Bretagne est la réponse à cet échec. La fiction d’une concurrence pure et parfaite, a fait du marché la pire contrainte qui asservit la population et la classe ouvrière en particulier.
Ce qui est en train de se passer, c’est que la puissance des Etats-Unis est dévastée par sa propre idéologie, par son ambition mortifère d’organiser sa domination mondiale et l’exploitation des peuples et des ressources par des pressions militaires. La militarisation en outrance de ce que l’impérialisme américain appelle "l’espace Asie-Pacifique", c’est une vaine tentative d’enrayer le développement et l’influence croissante de la Chine.
Le capitalisme et l’idéologie libérale se proclament adeptes de la libre concurrence. Cet artifice a, depuis longtemps, été démystifié et ne masque pas les manoeuvres d’embargo, de blocus et de déstabilisation partout dans le monde, dont l’Europe elle-même est victime.
Quand le monde entier aura compris que la Chine aide la Russie, on saura que les Etats-Unis, cette fois encore, ont perdu la guerre.
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