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Intelligence sous influence - IA : pour qui roulent nos champions ?
jeudi 14 mars 2024 par ODM
Le mercredi 13 mars, le Parlement européen a officiellement approuvé l’« AI Act », législation européenne destinée à réguler les produits et services basés sur l’intelligence artificielle. Le texte a été largement vidé de sa substance par rapport aux ambitions initiales, en particulier depuis que les start-ups européennes du secteur, comme Mistral AI en France et Aleph Alpha en Allemagne, ont réussi à convaincre leurs gouvernements respectifs de réduire leurs obligations au minimum.
Ces prétendus « champions » ont largement obtenu gain de cause. « Dans sa forme finale, l’AI Act est tout à fait gérable pour nous », se félicitait ainsi Arthur Mensch, cofondateur et directeur de Mistral AI dans un récent entretien avec Le Monde. Le patron d’Aleph Alpha, Jonas Andrulis, est plus direct encore : « La version actuelle de l’AI Act est bonne. Il y a eu beaucoup de travail qui a mené à des améliorations importantes près de la ligne d’arrivée. »
Nous nous sommes penchés sur le travail d’influence mené par ces start-ups dans le cadre d’une enquête menée en collaboration avec LobbyControl et Corporate Europe Observatory.
Nous y revenons bien entendu sur le rôle clé joué par Cédric O, ancien secrétaire d’État au Numérique devenu actionnaire et lobbyiste en chef de Mistral AI (lire notre article)... tout en continuant à conseiller le gouvernement dans le cadre d’un comité sur l’IA.
Ledit comité vient d’ailleurs de rendre son rapport, également ce mercredi 13 mars. Il prône notamment plusieurs milliards de financements pour développer l’IA en France, ainsi qu’un accès facilité aux données personnelles et aux « données culturelles » (entendre : les œuvres artistiques et intellectuelles qu’ils exploitent pour entraîner leurs modèles). Pas très étonnant, puisque ce comité, outre Cédric O, compte aussi parmi ses membres le patron de ce dernier au sein de Mistral AI ainsi que des représentants de Google et de Meta.
Mistral AI et Aleph Alpha, les prétendus champions européens, ont-ils surtout au final servi de paravent pour le lobbying des GAFAM ? C’est la question que se posent certains observateurs. Et ils se la posent de manière encore plus vive depuis que Mistral AI a annoncé, à la fin du mois de février, un partenariat de grande ampleur avec Microsoft, certainement négocié depuis des mois.
Tout ceci ne semble pas déranger outre mesure le gouvernement français. Derrière les grands discours sur la « souveraineté numérique », il y a surtout une politique d’attractivité vis-à-vis des géants américains du web et de soumission inconditionnelle à leur vision du monde, que nous avions soulignée dans notre rapport GAFAM Nation.
Voir en ligne : https://multinationales.org/fr/actu...