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Iran : Victoire d’un réformateur
samedi 6 juillet 2024 par Georges Malbrunot
La surprise a bel et bien eu lieu. Le réformateur Massoud Pezeshkian (16 millions de voix) et quasi inconnu du grand public a gagné l’élection présidentielle face à l’ultraconservateur Saïd Jalili (13 millions).
La république islamique va connaître de nouveau une sorte de cohabitation entre un guide suprême conservateur et détenteur des principaux pouvoirs, l’ayatollah Ali Khamenei, et un président réformateur aux pouvoirs limités, partisan d’un Iran plus tolérant sur le plan social et davantage ouvert à l’Occident. C’est un retour à la posture dominante au cours de ces vingt-cinq dernières années.
La participation, plus forte qu’au premier tour, n’a été que de 50%. C’est une fois de plus le signe que de très nombreux Iraniens se démarquent des institutions de leur pays. Généralement, la mobilisation du camp conservateur est grande. Ça n’a vraisemblablement pas été le cas ce vendredi.
La désaffection gagne aussi ses rangs.
Que pourra faire Massoud Pezeshkian ?
Depuis cinq ans, les conservateurs ont purgé les rouages de l’état iranien de la présence des réformateurs. Sa marge de manœuvre sera limitée. Le président iranien ne dispose pas des pouvoirs en matière sécuritaire, ni pour infléchir réellement la posture de l’Iran dans le conflit à Gaza.
Mais ce chirurgien de 69 ans a affirmé vouloir des relations plus apaisées avec les États-Unis.
La nomination du très expérimenté Javad Zarif au poste de ministre des Affaires étrangères serait un signe. "Nous ne serons ni anti-Ouest ni anti-Est", a-t-il déclaré, en souhaitant que l’Iran sorte de son "isolement". Il a promis de négocier directement avec Washington pour la relance des pourparlers sur le nucléaire iranien, au point mort depuis le retrait américain en 2018.
"Si nous parvenons à faire lever les sanctions américaines, les gens auront une vie plus confortable", a-t-il estimé, conscient que l’enjeu économique est le plus important en Iran.
Sur le plan intérieur, il dénonce le recours à la force par la police pour appliquer l’obligation du port du voile par les femmes. "Nous nous opposons à tout comportement violent et inhumain (...) notamment envers nos sœurs et nos filles, et nous ne permettrons pas que de tels actes se produisent."
La composition de son gouvernement, qui s’annonce ardue, donnera une idée de sa marge de manouvre par rapport à ses opposants au sein du système.
Quoi qu’il en soit, l’élection d’un réformateur redonne une image moins radicale à la république islamique d’Iran.
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