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Pourquoi Macron a dissous l’Assemblée Nationale.
lundi 25 novembre 2024
Un texte envoyé à notre site par un lecteur de notre site et destiné à alimenter le débat qu’il nous demande de publier ce que nous faisons bien volontiers.
Quels sont les choix qui ont conduit Macron à dissoudre l’Assemblée nationale ? Quel est le sens politique de ce choix ? Qu’est-ce qui était recherché derrière cette décision de dissoudre l’Assemblée nationale suite aux à la suite des élections Européennes et n’est-ce pas à partir de cette réalité qu’il nous faut rechercher les raisons profondes ? Le paysage politique issu de ces élections législatives, c’est 2/ 3 à droite dont 1/3 RN …
Il n’est pas inutile de rappeler qu’Emmanuel Macron est le 2ème banquier que le capitalisme a installé à la tête de la 5ème République. Il est donc son fondé de pouvoir depuis le 14 mai 2017. Il a servi la banque privée Rothschild comme associé-gérant en 2010. Membre du PS de 2006 à 2009. Du 26 aout 2014 à aout 2016, il devient ministre des finances de François Hollande, concernant les « dérives financières », c’est donc un fin connaisseur pour avoir servi comme banquier, ministre des finances et président de la République depuis 2017.
Le 1er président de la 5ème République issu de la même banque privé Rothschild ayant été Gorges Pompidou, il en fut directeur général. En 1962 Charles de Gaulle, président de la République, le nomme Premier ministre. En mai 68, il conduit les négociations qui aboutissent aux accords de Grenelle ; après la victoire du parti gaulliste aux législatives qui suivent, il est remplacé par Couve de Murville à la tête du gouvernement Gaulliste. Gorges Pompidou devient président de la République le 20 juin 1969 avec 58,21 % des suffrages exprimés au second tour jusqu’à sa mort le 2 avril 1974. Pendant sa présidence, il met fin à la rupture des relations tendues avec les USA, en reprenant le « dialogue » avec Nixon entre 1969 et 1974. Pour rappel : De Gaulle avait retiré la France du commandement militaire de l’OTAN en 1966 et conduit au retrait des troupes US de France, en particulier du QG de Fontainebleau. C’est Nicolas Sarkozy qui réintègre la France dans le commandement militaire de l’OTAN en 2009.
Ces rappels ne sont pas anodins, ils dressent les contours des objectifs politique du capitalisme dans notre pays et en Europe et donne une autre vision du choix de dissoudre l’Assemblée Nationale que celle véhiculée par « nos penseurs démocrates » quel que soit les institutions politiques, économiques, les médias presses et radio-télévisions.
Les élections en détail
Reprenons le fil des évènements : les élections Européennes de juin 2024 : sur 49 000 000 d’électeurs, près de 24 000 000 s’abstiennent, soit 47%
A Droite : le RN avec 7 765 697 voix et 31.37% des voix ; Zemmour avec 1 353 077 voix et 5.47% des voix ; Suivi par LR avec 3 614 413 voix et 14.60 % ; Suivi par la Macronie avec 3 423 730 voix et 13.83 % des voix ; soit 16 156 000 sur 24 753 395 d’exprimés et 65.27% des voix minimum à cela s’ajoute les autres partis de droite.
A Gôche : le PS Glucksmann 3 423 730 et 13.83% ; suivi par LFI avec 2 448 666 et 9.89% : Europe écologie les verts 1 362 027 et 5.5% ; le PCF 583 910 et 2.36% des voix, et un total de 7 818 333 et 31.58 % des voix ; ainsi sont brossés à grands traits le tableau et explique probablement le choix du représentant du capitalisme à la tête de l’état de dissoudre l’Assemblée Nationale et de favoriser une fois de plus la montée du RN et du fascisme dans notre pays.
Rappelons également que pendant la campagne des européennes, Mme Von Der Leyen n’a pas hésité à courtiser la dirigeante italienne Giorgia Meloni, en qui elle voyait déjà une partenaire fréquentable, pro-européenne et pro-Ukraine… Cette fervente dévote du capitalisme européen a d’ailleurs été reconduite à la tête de la commission Européenne sans questionnement de « nos penseurs démocrates » là encore, quel que soit les institutions politiques, économiques, les médias presses et radio-télévisions à leurs services exclusifs !
Le 1er tour des législatives : sur 49 000 000 d’électeurs, près de 16 000 000 s’abstiennent, et 33 %.
La Droite : RN : 9 379 092 et 29.26% ; Ensemble : 6 425 707 voix et 20.24 % ; LR : 2 106 166 voix et 6.57% ; Extrême droite 1 268 822 voix et 3.96% ; Divers droite : 1 154 785 voix et 3.60% ; Divers centre 391 423 voix et 1.22% ; Reconquête : 238 934 voix et 0.75% ; Horizons : 231 667 voix et 0.72% ! soit 21 196 596 voix et 66.32% sur un total de 32 057 946 voix exprimés.
La gôche : le NFP : 8 995 226 voix et 28.06 % ; divers gauches :490 989 voix et 1.53% ; extrême gauche : 366 594 voix et 1.14 % ; soit 9 852 809 voix et 30.73% sur un total de 32 057 946 voix exprimés.
74 députés ayant été élus, le second tour compte moins de votants.
Le 2ème tour des législatives de juillet n’ont fait qu’accentuer la fracture :
La droite : le RN avec 8 744 080 et 32.05% ; suivi par la Macronie 6 313 808 et 23.14 % ; LR 1 474 650 et 5.41 % ; Zemmour : 1 364 964 et 5 % ; Autre Divers droite : 980 818 et 3.60% ; soit un total de la droite et son extrême de : 21 878 000 et 69.2 % minimum des voix
La gôche : le NFP 7 004 725 et 25.68 % ; suivi par « Divers gauche » ; 401 063 et 1.47 % des voix soit un total de 7 405 000 et 27.15 % minimum des voix sur 27 279 710 exprimés.
C’est ainsi que se dessinent les grandes manœuvres politiques autour de la présence du RN dans les enjeux de société, Macron a utilisé les JO pendant 2 mois et demi pour temporiser sur la présence du RN dans « l’échiquier » politique, suivi par un mois de plus pour mettre en place un commis du capitalisme français et européen en la personne de Michel Barnier comme 1er ministre…
La remise en cause des conquis du CNR favorise l’extrême droite
Soulignons que les politiques mises en place depuis des décennies sur l’économie, les charcutages électoraux, les liquidations d’entreprises, les remises en cause de droit sociaux issus du « programme de la résistance, au lendemain de la seconde guerre mondiale » la restructuration de la société ne conduisent-ils pas à ce que le RN deviennent le réceptacle des enjeux du capitalisme dans la poursuite de sa politique ? N’est pas là que se situe les « raisons » du choix du président de la république, de dissoudre l’Assemblée nationale ? Ne s’agit-il pas d’installer le RN pour lui faire faire la politique du capitalisme et « dédouaner » momentanément ses « serviteurs » en place ? Il s’agit d’une politique autocratique, mise en place depuis plusieurs décennies qui n’a rien à voir avec « la démocratie ». L’exemple le plus flagrant fut le rejet du référendum sur l’Europe de 2005 et l’absence de prise en compte de l’ensemble des forces politiques de ce résultat, autant de « droite » comme de « gôche » y compris le PCF à l’époque …
Les claquements de doigts autour de « l’arc républicain » ne permettent aucun doute possible, le 1er ministre, Michel Barnier « recadre » son ministre de l’Économie Antoine Armand ayant estimé, sur France Inter, que le Rassemblement National n’appartenait pas "à l’arc républicain". Et Michel Barnier a appelé Marine Le Pen pour la rassurer le jour même le 24 septembre 2024.
Quelques jours plus tard le 30 septembre, c’est Nicolas Sarkozy qui en rajoute : "Je trouve scandaleux qu’on dise que Marine Le Pen n’appartient pas à l’arc républicain", un connaisseur des « affaires politiques et économiques » et il poursuit : « Un parti qui a plus de 100 députés est républicain"… Sarkozy aurait-il donné son aval au parti nazi d’Adolf Hitler sous le prétexte que celui-ci était majoritaire au parlement allemand ? Sarkozy a servi le capitalisme sans broncher et continue de le faire en utilisant des arguments pour le moins fallacieux.
Le triptyque de la fascisation
Qu’est qui caractérise la fascisation d’une société ? Dans tous les pays, comme dans le nôtre : c’est le triptyque : corporatisme, autoritarisme et nationalisme ;
Le corporatisme par exemple : c’est « la loi El Khomri qui est d’essence corporatiste, faisant passer le droit du travail : du législatif, des conventions collectives à l’accord d’entreprise. L’entreprise devenant le régulateur en matière de droit du travail, c’est elle qui est mise en avant par la loi El Khomri, donc le capitalisme par essence. Le RN ne partage-t-il pas cette pratique ?
L’autoritarisme s’accentue depuis 2015, pour le pouvoir en place comme pour le RN, il s’agit de « casser » tout ce qui est collectif, et prôner l’individualisme. D’un point vue idéologique, il s’agit d’organiser « les peurs » de les instrumentaliser, son paroxysme fut atteint par le capitalisme et ses serviteurs au pouvoir avec la campagne sur le « covid-19 ». Le RN ne partage-t-il pas cette politique ?
Le nationalisme est caractérisé par une politique qui s’attaque à l’immigration, partagée par la « droite et le RN », ainsi que par la politique mise en place par Macron. Cette forme n’est pas la même que celle qu’ont connue nos parents et nos grands parents dans les années 30/40, mais la logique ne reste-t-elle pas profondément la même ? De ce point de vue, il s’agit de reprendre et étudier notre histoire, pour comprendre la résurgence du fascisme. D’autant que si nous parlons de « résurgence », c’est bien parce qu’il n’a jamais disparu du paysage politique, national et international.
En conclusion
Pour revenir aux déclarations : Hollande fait une déclaration remarquée le 5 octobre à propos de la prochaine élection présidentielle :" elle sera le moment de la confrontation des deux gôches", à savoir la gauche réformiste et la gauche radicale…
Les objectifs du capitalisme et de « la classe politique » sont clairs, poursuivre sa politique économique à son seul profit et s’attaquer à toutes les conquêtes engrangées par les luttes de notre peuple, y compris depuis la Révolution Française de 1789, quelles qu’en soient les conséquences. Le capitalisme n’hésitera pas à utiliser le RN et toutes les forces politiques, y compris la social-démocratie pour parvenir à ses fins.
Gemardo le 24 11 2024