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La politique énergétique des Chihuahua : du gaz, du gaz, encore du gaz
dimanche 2 février 2025 par Pepe Escobar

La commissaire aux produits toxiques, Medusa von der Leyen, a déclaré à Davos que l’UE a “considérablement réduit”, “en un temps record”, sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes.
Chihuahuas européens, profitez de vos fantasmes de “défaite stratégique” !
Commençons par l’histoire d’un empire qui se vante à tout va.
M. Disco Inferno [Donald] a ordonné à l’OPEP et à l’OPEP+ de baisser le prix du pétrole car, selon lui, cela pourrait résoudre la guerre en Ukraine - comme pour forcer Moscou à s’asseoir à la table des négociations en raison de la baisse de ses revenus énergétiques. Cela résume en soi le niveau de saloperies dont POTUS est abreuvé par sa kyrielle d’acronymes qui passent pour du renseignement.
Trump à Davos :
- “Je vais demander à l’Arabie saoudite et à l’OPEP de faire baisser le prix du pétrole (...) Si le prix baisse, la guerre entre la Russie et l’Ukraine se terminera immédiatement. Aujourd’hui, le cours est suffisamment élevé pour que cette guerre se poursuive (...) Avec la baisse du prix du pétrole, j’exigerai que les taux d’intérêt chutent immédiatement. Et les taux d’intérêt baisseront partout dans le monde. Les taux d’intérêt devraient être alignés”.
Comme on pouvait s’y attendre, l’OPEP+ - essentiellement dirigée par l’Arabie saoudite et la Russie - a dit non. Outre le fait qu’ils ne se soucient guère des taux d’intérêt, ils continueront à faire ce qu’ils ont prévu de faire en matière d’énergie, notamment en diminuant bientôt la production, mais à des niveaux raisonnables.
Standard Chartered, un acteur majeur, a noté que l’OPEP n’a qu’un pouvoir limité pour mettre immédiatement fin à la guerre en réduisant le prix du pétrole, les ministres de l’OPEP considérant cette “stratégie” comme étant particulièrement inefficace et coûteuse.
Voilà pour les diktats impériaux.
Le plan stratégique de victoire des “Chihuahua”
Comme on l’a déjà souligné, les États-Unis - grâce à la fracturation hydraulique - disposent de suffisamment de gaz pour la consommation intérieure, mais pas assez pour l’exporter en masse vers l’UE, en raison de difficultés de liquéfaction. Cela explique pourquoi, même en achetant plus d’énergie américaine à des prix exorbitants, l’UE reste de facto largement dépendante du GNL russe - et de sources non américaines - depuis le sabotage des Nord Streams, dévoilé en détail par Sy Hersh.
Même à pleine capacité, l’Empire du Chaos ne peut tout simplement pas fournir tout le gaz dont l’UE a besoin. À cela s’ajoute la quasi-absence d’investissements dans l’exploration supplémentaire dont l’UE a cruellement besoin, ainsi que dans l’infrastructure nécessaire pour répondre à la demande accrue de l’UE.
Sur le marché intérieur du pétrole américain, les choses deviennent positivement kafkaïennes. Le transport routier américain - une industrie tertiaire massive - dépend du diesel russe importé, qui doit être associé à du pétrole made in America pour pouvoir être utilisé par les poids lourds.
Revenons maintenant à Davos, qui s’est déroulé sans le moindre bruit. La commissaire européenne chargée des produits toxiques, Medusa von der Leyen, a déclaré à Davos que l’Europe a “considérablement réduit”, et “en un temps record”, sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes.
C’est absurde. La réalité énergétique de l’Europe est bien sombre. Le prix du GNL russe de Novatek se situe actuellement entre 4,5 et 4,7 dollars par MMBtu. C’est plus cher que via le gazoduc, mais c’est encore bien moins cher (c’est moi qui souligne) que le GNL américain.
Tous les professionnels du secteur, du golfe Persique à Anvers, savent que l’Europe importe aujourd’hui du GNL russe comme jamais auparavant.
C’est ça - ou mourir à petit feu.
Parallèlement, la Russie triplera sa capacité d’approvisionnement en GNL d’ici à 2035. Résultat : quelles que soient les idées des « commissaires à l’énergie » de Bruxelles, la Russie va continuer à jouer un rôle essentiel dans la sécurité énergétique de l’Europe.
Il n’y a pas de limites, même stratosphériques, à la bêtise de l’eurocratie, qui gangrène le système comme un fléau. Non seulement les Européens ont réussi à couper leurs propres gazoducs, mais ils continuent d’“enquêter” sur l’attentat terroriste perpétré de facto contre Nord Stream.
Résultat : ils importent maintenant plus de gaz russe, mais par d’autres moyens, auprès de fournisseurs tiers, et le paient une fortune.
C’est ce que l’on peut appeler le plan de victoire stratégique en mode Chihuahua.
M. Disco Inferno sanctionné par le Trésor américain
Les exportations russes de GNL ont atteint un niveau record l’année dernière, avec une croissance de 4 % et une livraison de 33,6 millions de tonnes. Le record mensuel a été de 3,25 millions de tonnes en décembre 2024, soit 13,7 % de plus qu’en novembre.
Le plus grand exportateur russe est Yamal LNG : 21,1 millions de tonnes, soit 6 % de plus qu’en 2023.
Le secrétaire d’État adjoint aux ressources énergétiques, Geoffrey Pyatt, a ordonné la “cessation totale” des exportations de gaz russe vers l’Europe.
Au diable ce que des pays comme la Hongrie, l’Autriche et la Slovaquie peuvent penser - et dont ils ont besoin.
Pyatt a déclaré à l’Atlantic Council :
- “Aujourd’hui, nous sommes le plus grand exportateur de GNL au monde, et d’ici la fin de l’administration Trump, nous aurons doublé ce que nous réalisons aujourd’hui [...] La décision a clairement été prise à Bruxelles de réduire à zéro [les approvisionnements en gaz de la Russie] d’ici 2027 [...] et les États-Unis soutiennent fermement cet objectif”.
Oh là là. Ces gens-là lisent-ils au moins les gros titres ? Comme le rapporte Politico, l’UE “dévore” le gaz russe à des niveaux sans précédent depuis le début de l’année 2025, en important 837 300 tonnes de GNL rien qu’au cours des deux premières semaines de l’année.
L’accord de transit ukrainien a été interrompu - du moins pour l’instant - à partir du1er janvier. Désormais, l’action se situe sur les routes maritimes.
Le Trésor américain a présenté un nouveau train de sanctions contre le commerce du pétrole russe, visant jusqu’à 5,8 millions de barils par jour transportés par voie maritime.
À l’heure actuelle, le marché mondial du pétrole connaît un excédent d’environ 0,8 million de barils par jour. Les prix du pétrole pour 2025 devraient se maintenir autour de 71 dollars pour le baril de Brent (76,2 dollars à l’heure actuelle). Ce n’est pas exactement ce que souhaite M. Disco Inferno.
Supposons donc que ces 5,8 millions de barils de pétrole russe - soumis à de sévères sanctions - disparaissent du marché mondial. Dans ce cas, les prix du pétrole monteraient en flèche pour atteindre une moyenne de 150 à 160 dollars le baril. Une fois de plus, ce n’est pas ce que souhaite M. Disco Inferno, qui a promis avec ardeur - et continue de promettre - une superpuissance pétrolière selon le modèle MAGA, tout en abaissant les prix du pétrole à un maximum de 50 dollars le baril.
Selon le budget 2025 de la Russie, le prix du pétrole est de 65,9 dollars le baril.
Si le Trésor américain parvient à opérer sa magie et à “faire disparaître” ces 5,8 millions de barils, les revenus de la Russie atteindraient environ 88,2 milliards de dollars, même en tenant compte d’une baisse considérable des exportations.
Les prix élevés du pétrole nuisent à la compétitivité américaine. Quelqu’un devrait donc dire à M. Disco Inferno que cette manœuvre du Trésor américain nuit davantage aux rêves de Trump qu’à ceux de la Russie.
Dans toute l’Eurasie, la Russie est bien placée, en particulier avec ses partenaires des BRICS. Power of Siberia à destination de la Chine a le vent en poupe, et Power of Siberia II devrait commencer à fonctionner d’ici 2030. L’accélération des exportations de GNL vers l’Iran est une affaire réglée, surtout après la signature du partenariat stratégique au début du mois.
Cette année, un accord sera également signé en Russie pour transporter du GNL vers l’Afghanistan par le biais de convois de camions-citernes. La prochaine étape sera le Pipelineistan : peut-être, enfin, les mesures nécessaires pour construire une variante du gazoduc TAPI (Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde), mais avec du gaz provenant de Russie.
Le plus gros client de GNL russe, outre la Chine, est bien sûr l’Inde, partenaire des BRICS. Il est dans l’intérêt de la Russie, de l’Iran, de l’Afghanistan et de l’Inde que le Pakistan soit stabilisé - et non un Islamabad téléguidé par Washington, comme c’est actuellement le cas - pour l’ouverture définitive des voies d’acheminement du GNL russe vers l’Inde.
Cela se produira en temps voulu.
Quant aux chihuahuas européens, ne vous privez surtout pas de fantasmer sur une “défaite stratégique”.
Continuez à jacasser et à acheter du GNL russe.
Voir en ligne : https://ssofidelis.substack.com/p/l...