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La France soutient les pilleurs de thon en Afrique

vendredi 25 novembre 2022 par Afrique XXI

Dans le secteur de la pêche industrielle, la Chine est souvent pointée du doigt pour ses pratiques désastreuses pour l’environnement, comme dans cette enquête vidéo du journaliste américain Ian Urbina publiée par Afrique XXI en janvier dernier. Moins visibles, les industries de la pêche française et européenne sont pourtant tout aussi nocives.

Le 16 novembre, les associations Bloom (qui lutte contre la surpêche) et Corporate Europe Observatory (qui étudie les lobbies à Bruxelles) ont décidé de porter plainte auprès du registre de transparence de l’Union européenne (UE) contre les lobbies français du thon, Orthongel, et européen de la pêche industrielle, Europêche.

En cause : le recrutement par ces organisations d’un ancien agent de l’État français en situation manifeste de conflit d’intérêt.

Cet officier de carrière du corps des administrateurs des Affaires maritimes, dont le nom n’ a pas été dévoilé, venait de quitter l’administration centrale des pêches et des flottes thonières de l’océan Indien. Aux prises directes avec les questions de pêche française en Afrique, il était aussi le représentant de la France au sein de la Commission des thons de l’océan Indien (CTOI), qui supervise la gestion des ressources de la zone.

Selon l’enquête de Bloom (aidée par l’ONG anti-corruption Anticor), la Commission de déontologie des militaires du ministère des Armées n’a rien trouvé à redire : elle lui a accordé sans ciller un « avis de compatibilité ».

Augmenter les quotas

Les industriels français de la pêche sont responsables de 8 % des captures de thon au large des côtes africaines. Il s’agit du deuxième plus gros pêcheur de thon dans cette région du monde, derrière l’Espagne (17,5%).
Ces deux pays pillent un quart du thon africain – voire un tiers, selon des ONG qui dénoncent le flou qui entoure la comptabilité des prises.

La Compagnie française du thon océanique (CFTO) est une de ces sociétés françaises qui opère en Afrique. Elle possède actuellement une flotte de quatorze senneurs (des navires de 50 à 150 mètres- photo) qui écument les océans depuis Abidjan, en Côte d’Ivoire, et Port Victoria, aux Seychelles. Elle n’est pas la seule : Via Ocean (anciennement Saupiquet), Sapmer… Ces entreprises viennent toutes jeter leurs filets gigantesques dans les eaux africaines riches en thon tropical.

Face à la chute des stocks de cette espèce, la législation européenne impose des quotas et autorise au maximum 10 % de dépassement.
Cette réglementation est souvent enfreinte par la France qui, depuis 2015, octroie des dérogations aux industriels en toute illégalité.

Les lobbies de la pêche veulent donc la briser en obtenant un droit de dépassement de… 50 %.
Avec l’État français, elles ont trouvé un allié de poids.

   

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