Accueil > Voir aussi > Différences civilisationnelles sélectionnées entre la Russie et (...)
Différences civilisationnelles sélectionnées entre la Russie et l’Occident
mercredi 5 avril 2023 par La Pensée Libre
Pour ceux qui, obnubilés par le discours publics des politiciens polonais, pensent qu’en Pologne on est obsessivement et uniquement russophobe, cet article est utile, ne serait-ce que pour convaincre qu’une réflexion sur la société et la culture russes continue à exister dans ce pays ; par-dessus le brouhaha médiatique par la force des chose passager imposé par les pouvoirs du moment qui profitent de la guerre actuelle pour éliminer du discours public (mais aussi des postes) toute forme d’hétérodoxie et donc de pluralisme démocratique.
Cet article pourra étonner aussi nos lecteurs plus habitués à découvrir une vision progressiste qu’à analyser un retour vers la tradition, mais il nous a semblé nécessaire désormais, au regard de la grande guerre qui se développe aujourd’hui entre « l’Occident » et « le reste du monde », de comprendre les choses qui émergent « ailleurs ».
Quoiqu’on en pense.
Pour être aussi en état de percevoir en quoi ces choses pourraient rejoindre le grand fleuve du progrès et de la progression humaine qui a laissé un héritage et une dynamique échappant au contrôle de l’Occident bourgeois.
Il manque donc bien évidemment dans cet article la question de la dynamique et donc la question du passage du capitalisme au communisme qui, lui, a bien atteint la Russie et fait donc aussi partie de son héritage.
Impossible donc de comprendre la Russie d’aujourd’hui et ses « retours en arrière » sans référence à Marx et à Lénine. Chose qui prend toute son importance au moment où d’autres pays, en particulier bien sûr la Chine, poursuivent l’objectif d’aller à travers la construction des bases du socialisme, vers le communisme.
Et c’est dans ce contexte que l’on doit prendre en compte l’impact persistant sur les processus de progrès humain des traditions éradiquées par le capitalisme, ou malmenées par le socialisme réel.
Sur le plan religieux, il manque aussi dans cet article la prise en compte de la dynamique qui est allée de la foi d’Israël à l’islam en passant par les christianismes analysés, eux, isolément, dans cet article.
Alors que judaïsme et islam mais aussi bouddhisme ne figurent pas par hasard dans la constitution russe comme ses « religions nationales ».
Cette notion de dynamique est ici absente en partie sans doute à cause de la régression qui est tombée sur les pays de l’Est dans les années 1980 et du blocage concomitant de la dynamique du capitalisme en Occident dans les mêmes années.
Le cul de sac dans lequel est arrivée la dynamique occidentale antérieure doit d’ailleurs sans doute en partie être recherché aux origines même de ce qui allait devenir l’Occident, ce vers quoi nous incite à penser fort utilement cet article.
Mais en plus de cet aspect "photo du moment" que répercute l’auteur de ce mémoire, il y a la question des fondements philosophiques, et donc ici théologiques, nés au départ entre Rome et Constantinople.
Ce qui est pertinent et qui doit être repris pour entrevoir ce qui pourrait, et devrait, arriver quand la dynamique inhérente à l’épopée humaine repartira, ce qu’on entrevoit déjà en Extrême-Orient, peut être en Asie occidentale, peut être en Afrique et en Amérique latine mais aussi en Russie.
Quand donc nous sortirons du néo-malthusianisme dans lequel nous sommes englués par la force des choses et du phénomène réactionnaire encore en cours aujourd’hui, même si c’est avec une vigueur allant en diminuant, source des violences exacerbées et insensées, et de guerres récurrentes auxquelles nous assistons depuis plus de trente ans.
Lire l’article de Małgorzata Rudnik ici : https://la-pensee-libre.over-blog.com/2023/04/n-244-differences-civilisationnelles-selectionnees-entre-la-russie-et-l-occident.html
Résumé
Le but de cet article est de montrer les différences civilisationnelles entre la Russie et l’Occident, et de répondre à la question de savoir quelle culture est la plus adaptée aux besoins du développement social au XXIe siècle. Le sujet de l’analyse est la sous-structure de conscience de l’être social, et la méthode de recherche adoptée se réfère au principe humaniste. L’article a pour effet de préciser les éléments qui distinguent la nation russe des nations adoptant dans leur pays des schémas capitalistes. La principale différence dans leur développement est le soborisme russe (‘sobornost’) qui s’oppose à l’individualisme occidental. Cela nous permet d’identifier la civilisation russe comme maintenant en vie certains éléments de la société traditionnelle, avec laquelle l’Occident a clairement rompu, exprimant des idées libérales et s’identifiant à la soi-disant modernité.
Conclusion - Résumé
L’impulsion pour aborder ce sujet a été les changements qui s’opèrent sous nos yeux du fait de la mondialisation, qui change la face du monde de manière de plus en plus irrésistible. Une conclusion importante est la définition du phénomène du capitalisme comme englobant toutes les entités contemporaines, malgré le fait que les nations du monde sont issues de berceaux civilisationnels différents (et donc grandissant dans des traditions différentes, des systèmes politiques et économiques différents).
Il convient de souligner que l’adoption aveugle d’un modèle de comportement unique et libéral par la plupart des pays doit être perçue comme une menace pour la sécurité de l’ordre mondial en raison de l’inadéquation de certaines nations à l’idéologie du marché libre.
Une analyse comparative de certaines tendances russes et européennes occidentales révèle des caractéristiques divergentes de la conscience des deux sociétés. Il révèle également les prémisses de la supériorité de la civilisation russe dans la sphère spirituelle, la désignant comme correspondant (plus que l’occidentale) aux besoins du développement social du XXIe siècle. Dans ce contexte, les questions posées par Berdiaïev au XIXe siècle résonnent aujourd’hui92 :
La voie historique de la Russie est-elle la même que celle de l’Europe occidentale, c’est-à-dire la voie du progrès humain universel et de la civilisation universelle, et la particularité de la Russie réside-t-elle uniquement dans son retard, ou la Russie a-t-elle sa propre voie devant elle et sa civilisation est-elle fondamentalement d’un autre type ?
L’anthropologie en termes d’Occident et de Russie montre des composantes convergentes, qui résultent du long processus d’évolution des deux entités, qui remonte à l’Antiquité, mais la différence fondamentale dans leur développement est le soborisme russe et son opposé, l’individualisme occidental.
Ces éléments et d’autres mentionnés dans ce travail permettent d’identifier la civilisation russe comme mettant à jour certains éléments de la société traditionnelle, sur laquelle l’Occident exprime des idées libérales, s’identifiant avec la soi-disant modernité. En raison des différents systèmes de gouvernements, des types d’économies, des différentes compréhensions des mêmes concepts et des différentes valeurs au fil des siècles, je conclue que la Russie est une entité spirituellement différente de l’Occident.
Les signes de la spiritualité de sa civilisation sont la communauté, la spontanéité, la créativité, qui sont une chance de maîtriser la domination de la rationalité instrumentale, de la personnalité technologique et de l’hédonisme imprégnant l’homme unidimensionnel de la mondialisation.
Cet apport axiologique est une opportunité pour sortir des ornières de la civilisation scientifique et technologique et des valeurs marchandes comme déterminants jusqu’alors du développement de la civilisation mondiale dominée par l’Occident.
Voir en ligne : https://la-pensee-libre.over-blog.c...
Article rédigé à partir d’un mémoire de maîtrise soutenue à l’Académie de marine de guerre de Gdynia, Pologne.