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« Le danger d’un prolongement de Joe Biden »

mardi 19 septembre 2023 par Renaud Girard

Le grand cirque des élections américaine avec d’un côté un vieillard sénile (pour l’instant) et de l’autre un polichinelle péremptoire (pour l’instant).
Un article du Figaro pour info... (JP-ANC)

L’inquiétude commence à gagner l’Amérique et ses alliés européens ou asiatiques.

Au milieu d’une conférence de presse qu’il avait convoquée à Hanoï le 10 septembre 2023, dans le cadre de sa visite historique au Vietnam, le président Joe Biden est soudain apparu totalement perdu, tenant des propos incohérents. La porte-parole de la Maison-Blanche a dû interrompre la séance.

Cet accès de sénilité, chez le leader de la plus grande puissance militaire et économique de la planète, n’était pas pour rassurer les Vietnamiens. Oubliant leur guerre de 1964-1975 contre l’Amérique, ils se sont depuis vingt ans considérablement rapprochés d’elle.
Elle ne leur apparaît plus comme le grand pays impérialiste de l’Occident mais comme l’indispensable puissance d’équilibre en Indo-Pacifique face à la Chine. Tout communistes qu’ils soient encore sur le papier, les Vietnamiens souhaitent accroître au maximum leurs liens commerciaux et militaires avec les États-Unis, tout en n’apparaissant pas provoquer leur puissant voisin chinois.

Dans les cérémonies publiques, le contraste est frappant entre le président des États-Unis et le leader de son « rival systémique » chinois. Biden parfois trébuche et ne trouve souvent plus ses mots, alors que Xi Jinping, de dix ans son cadet, semble péter la forme.

Aux États-Unis, le pouvoir exécutif n’est pas bicéphale

L’inquiétude commence à gagner l’Amérique et ses alliés européens ou asiatiques. Même les plus farouches partisans de leur indépendance, comme devraient l’être les Français, ne peuvent se réjouir d’un manque d’assurance à la barre du porte-avions américain.

Il est préoccupant pour l’avenir du Parti démocrate américain qu’il ne s’y soit trouvé personne pour convaincre Joe Biden de ne pas se représenter aux élections de novembre 2024. Il n’est pas raisonnable de vouloir, pour un nouveau mandat de 4 ans, un président de 82 ans, qui n’offrira pas la garantie d’avoir, à tout moment, toute sa tête.
La fonction présidentielle américaine exige en effet un travail harassant, en termes de représentation nationale et internationale, mais aussi en raison du nombre écrasant de décisions quotidiennes à prendre.

En France, la Constitution permettrait à un président âgé de se contenter de fixer les grandes orientations du pays, tout en laissant le gouvernement « déterminer et conduire la politique de la nation ».
Aux États-Unis, le pouvoir exécutif n’est pas bicéphale. Il repose entièrement sur les épaules du président, sans contrôle extérieur.
En France, l’Assemblée nationale a le pouvoir de chasser le gouvernement par une motion de censure. Rien de tel aux États-Unis, qui appliquent un régime de stricte séparation des pouvoirs.

Un bilan finalement honorable

Les critiques sur l’âge de Joe Biden exaspèrent ses conseillers à la Maison-Blanche. Ils soulignent la réussite de sa politique en 32 mois de pouvoirs. Ils trouvent injuste qu’on ne retienne que la conférence de presse de ce dernier voyage présidentiel en Asie (en Inde pour le G20 avant de rejoindre Hanoï). Selon eux, Joe Biden est parvenu, en l’espace de moins d’une semaine, à renforcer l’aide internationale à l’Ukraine, à rassembler davantage de financements internationaux pour les pays pauvres, à cimenter un partenariat avec le Vietnam contre la Chine.

Force est de constater que ces conseillers n’ont pas tort. En dehors de son échec à contenir l’immigration illégale en provenance d’Amérique latine, Joe Biden est incontestablement un président ayant bien réussi, pourvu qu’on prenne un angle américain.

Aidé par l’erreur stratégique de Poutine d’envahir l’Ukraine en février 2022, Joe Biden aura réussi à vassaliser l’Europe comme jamais.

L’Otan a été ressuscitée et s’est même enrichie de deux pays scandinaves supplémentaires. Les ventes d’armes américaines aux alliés européens ont bondi. Les Européens achètent du gaz de schiste américain à trois fois le prix qu’ils payaient pour le gaz russe. Il n’y a plus que les Français pour préconiser une « autonomie stratégique européenne », Berlin s’étant totalement aligné sur Washington.

Aidé par les circonstances, Biden a réussi à refaire de son pays le maître incontesté de l’Occident

À l’été 2022, Biden a réussi à faire adopter la loi IRA (Inflation Reduction Act) qui prévoit, comme son nom ne l’indique pas, quelque 400 milliards de dollars de subventions aux entreprises investissant dans les énergies propres sur le sol américain. Cette mesure protectionniste est une atteinte directe au libre-échange.
Face à elle, les Européens n’ont toujours pas mis en place de parade.

Aidé par les circonstances, Biden a réussi à refaire de son pays le maître incontesté de l’Occident. Il a mis fin à la naïveté américaine face aux Chinois et rapatrié les industries stratégiques chez lui.
Sur Taïwan, il a prévenu Pékin qu’un coup de force ne serait pas toléré.

Avec un bilan aussi honorable, pourquoi ne pas passer la main à la jeune génération ?
Cet entêtement à vouloir rester à la Maison-Blanche ne sert que les intérêts des trumpistes.
Charles de Gaulle avait raison, la vieillesse est un naufrage.


Nous vous proposons cet article afin d’élargir notre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s’arrête aux propos que nous reportons ici.

   

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