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Agression contre la Syrie : Israël paiera chèrement l’hubris de Netanyahou

mercredi 11 décembre 2024 par Haaretz

Alors qu’Israël s’est lancé dans une campagne de frappes sans précédent contre la Syrie visant à détruire méthodiquement ses capacités de défense, et étend son occupation en direction de Damas, et ce dans un silence politico-médiatique international assourdissant, cet éditorial de Haaretz rappelle que l’euphorie israélienne s’est souvent révélée de courte durée, porteuse de désastres à venir.

LA VICTOIRE DE NETANYAHOU À LA FRONTIÈRE SYRIENNE : UNE ERREUR HISTORIQUE QUI COÛTERA CHER À ISRAËL ?
Cet article est l’éditorial principal de Haaretz, tel que publié dans ses éditions en hébreu et en anglais en Israël.
Haaretz, 9 décembre 2024

Traduction, notes entre crochets et iconographie Alain Marshal

L’explication fournie par l’armée pour justifier son entrée dans la zone démilitarisée le long de la frontière syrienne et sa prise de contrôle du versant syrien du mont Hermon, après la chute du régime syrien d’Assad, se limitait à des considérations de sécurité. L’armée israélienne (Tsahal) a constaté que des rebelles et des miliciens s’étaient emparés de nombreux avant-postes de l’armée syrienne près de la frontière israélienne après le retrait des soldats syriens, et elles ont cherché à les en déloger.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a également pris soin de déclarer publiquement que Tsahal était entrée dans la zone démilitarisée du côté syrien du plateau du Golan parce que « les soldats syriens avaient abandonné leurs avant-postes ». Toutefois, ce changement de statu quo dans un territoire reconnu comme appartenant à la Syrie crée un nouveau prétexte à des affrontements, même si ce n’est pas dans l’immédiat. Il a déjà été prouvé que contrôler un territoire ne renforce pas nécessairement la sécurité [cf. l’occupation du Sinaï en 1967 qui a amené à la guerre de 1973, l’occupation du Liban en 1982 qui a créé le Hezbollah, etc.].

Cependant, Netanyahou ne semble pas se contenter de considérations pratiques en matière de sécurité. Il s’est empressé de se mettre en scène dans une « photo de victoire » à la frontière syrienne, et ses déclarations ultérieures contenaient déjà les germes de futurs problèmes. « C’est un jour historique dans l’histoire du Moyen-Orient », a-t-il déclaré, expliquant qu’avec la chute du régime Assad, « un maillon clé de l’axe du mal iranien est tombé ». Comme à son habitude, il s’est attribué ce succès (« c’est le résultat direct des coups que nous avons portés à l’Iran et au Hezbollah ») et a affirmé que la chute du régime ouvrait « de nouvelles et très importantes opportunités pour Israël ».

La combinaison des termes « historique » et « nouvelles opportunités » constitue une formule dangereuse et explosive qui semble adresser un clin d’œil à ceux qui rêvent d’élargir le territoire d’Israël. Cela suffit à les inciter à essayer de réaliser leur rêve. D’ailleurs, les membres de l’extrême droite du gouvernement et des médias n’ont pas attendu les FDI : ils plaidaient pour l’occupation du Hermon syrien avant même que l’armée n’intervienne. Pour eux, il ne fait aucun doute que la chute de Bachar el-Assad représente un jour historique, créant des opportunités pour Israël de lancer une nouvelle campagne d’occupation.

En pointillés, la frontière pré-1967. En rose, le Golan syrien occupé depuis 1967. En bleu, la zone de désengagement de l’ONU. En violet, l’occupation israélienne depuis la chute de Bachar al-Assad. (Middle East Eye)

Netanyahou est conscient des dangers liés au contrôle à long terme d’un territoire qui n’appartient pas à Israël. Et si cela lui avait échappé, nos voisins égyptiens se sont empressés de le lui rappeler. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a rapidement publié une déclaration condamnant « l’exploitation par Israël de l’état d’incertitude et de vide en Syrie pour occuper davantage de territoires syriens et imposer un nouveau fait accompli sur le terrain ».

Des officiers de l’armée ont récemment déclaré que « la situation en Syrie n’est actuellement pas maîtrisée. Une force islamiste radicale est en train de monter, et nous devons voir comment cela évolue ». Cela peut sembler logique, mais ce qui commence comme une gestion des risques sécuritaires pourrait, sous un gouvernement irresponsable et un Premier ministre imprudent, se transformer en une erreur historique qui nous coûtera cher.

Le 7 octobre 2023, Israël a appris, dans sa chair, le prix de l’apathie et de l’arrogance. Aujourd’hui, Israël ne doit pas exploiter ces « nouvelles opportunités », mais se concentrer sur la défense face aux nouvelles menaces.

Un Premier ministre responsable du plus grand désastre de l’histoire d’Israël serait bien avisé de renoncer à ces ridicules « photos de victoire » et de faire preuve de davantage de modestie.

   

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