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Venezuela : Les déportations vers le Salvador révèlent les manœuvres de Trump pour échapper à la justice
samedi 5 avril 2025 par Bolivar Infos/JP

Le Gouvernement Trump fait l’objet d’un examen judiciaire intense après avoir été accusée d’avoir orchestré des déportations accélérées de migrants vénézuéliens en ignorant délibérément les ordonnances judiciaires visant à garantir une procédure légale régulière.
« Ils ne quitteront jamais cet endroit » : dans les prisons du Salvador, le système implacable qui fait rêver Donald Trump Après avoir été l’un des pays les plus meurtriers de la planète, le Salvador s’est mué en une petite Suisse latino-américaine, sous l’impulsion autoritaire de son président Nayib Bukele. Mais au prix de la plus dense population carcérale au monde. ![]() |
Le juge fédéral James Boasberg, du district de Columbia, a intensifié les pressions sur le ministère de la Justice (DOJ) pour obtenir des explications sur les raisons pour lesquelles son ordonnance du 15 mars - visant à arrêter les vols de déportation en cours - a apparemment été ignorée, ce qui a généré un conflit institutionnel de plus en plus grave.
Lors d’une audience de 40 minutes qui a eu lieu jeudi, il est apparu que le juge Boasberg n’avait pas reçu de « réponses satisfaisantes » du DOJ. La controverse tourne autour de l’utilisation de la « loi sur les ennemis étrangers » presque obsolète de 1798 pour accélérer les déportations massives sans garantir une procédure légale régulière pour les migrants vénézuéliens accusés d’appartenir à la bande du Train d’Aragua qui n’existe plus.
« Avez-vous compris mon ordre ? Qu’est-ce que j’ai interprété lorsque je l’ai émis ? », a demandé Boasberg sur un ton acerbe à l’avocat du ministère de la Justice, Drew Ensign, lors de l’audience, selon le rapport du journaliste Scott MacFarlane. Le juge a précisé avec insistance qu’il n’interdisait pas les déportations par des canaux légaux mais qu’il exigeait la transparence dans le processus, et il a ajouté : « Celui qui dirait le contraire aurait tort ».
« Vous soutenez que le Gouvernement a pleinement respecté l’ordonnance du tribunal le 15 mars, n’est-ce pas ? », a demandé Boasberg directement à Ensign. Lorsque l’avocat a répondu par l’affirmative, le juge l’a accusé : « Il me semble que le Gouvernement a agi de mauvaise foi ce jour-là ».
La conviction du tribunal est qu’il y avait une stratégie délibérée pour échapper à l’examen judiciaire en accélérant les déportations avant qu’elles ne puissent être révisées légalement.
Chronologie révélatrice
Le journaliste Scott MacFarlane a détaillé la reconstruction chronologique des faits présentée lors de l’audience qui révèle une tentative délibérée de l’administration pour échapper à l’examen judiciaire :
- -14 mars : L’ordre de déportation est signé en vertu de la loi sur les ennemis étrangers de 1798.
- -15 mars :
- 1 h 12 : Une plainte est déposée en faveur des migrants vénézuéliens.
- 7 h 00 : Le juge en est informé et programme une audience pour 17 h 00.
- 15 h 53 : L’ordre de déportation est officiellement publiée en vertu de la loi controversée.
- Avant 16 h 00 : Les déportations sont accélérées pour être terminées avant l’audience judiciaire.
Cette séquence d’événements conduit le juge Boasberg à conclure que le Gouvernement Trump a dirigé une « manœuvre préméditée » pour échapper à la justices Etats-Unis, précipitant le départ de deux avions avec 238 Vénézuéliens déportés avant que le tribunal puisse examiner la légalité de la procédure.
MacFarlane, qui suit de près cette affaire, se distingue particulièrement pour avoir pris en mains la situation de Neri Alvarado, un jeune homme de 25 ans expulsé dans cette opération. Selon les rapports de MacFarlane, Alvarado portait un tatouage de sensibilisation à l’autisme en l’honneur de son jeune frère, mais il a été inclus dans la déportation massive bien qu’il ait été préalablement exonéré de tout lien avec des organisations criminelles.
Cette affaire illustre la discrimination dans le processus de déportation, où des personnes sans casier judiciaire ont été déportées avec des membres présumés de bandes criminelles, ce qui fait penser que l’objectif était de respecter les quotas numériques plutôt que de garantir un procès équitable.
Réaction et complicité de Bukele
La controverse a pris une autre dimension lorsque le président du Salvador, Nayib Bukele, a publié sur le réseau social X (anciennement Twitter) le message « Oups, trop tard » le même 15 mars, lorsque le juge a émis son mandat d’arrêt des vols, mettant en évidence une éventuelle coordination préalable entre les Gouvernements.
Les déportés vénézuéliens sont actuellement détenus au Centre d’internement du terrorisme (CECOT) au Salvador, une situation qui complique encore l’affaire, étant donné qu’ils sont en dehors de la juridiction des Etats-Unis mais ont été potentiellement expulsés en violation d’une ordonnance du tribunal fédéral.
Claver-Carone
Les déportations accélérées de Vénézuéliens semblent faire partie d’une stratégie plus large et plus agressive à l’égard du Venezuela, comme le révèlent les récentes déclarations de Mauricio Claver-Carone, envoyé spécial du Département d’État pour l’Amérique latine. Lors d’une conversation sur le Venezuela et les propositions de María Corina Machado qui s’est tenue au Miami Dade College, Claver-Carone a ouvertement exposé l’approche de l’administration Trump :
- « Avec le Venezuela, nous devons tout faire », a-t-il déclaré catégoriquement. Interrogé sur les leçons tirées du précédant Gouvernement Trump, sa réponse a été révélatrice : « C’est très simple : « C’est très simple : soit vous faites les choses en grand, soit vous n’essayez même pas, parce que faire les choses à moitié, ça ne marche pas ».
Claver-Carone a reconnu que sous le Gouvernement précédant, « la politique devait être une politique de pression maximale, mais nous n’avons jamais réussi à appliquer la pression maximale. Nous n’atteignons même pas 50 % de cette pression maximale. Il y a encore beaucoup de choses à faire ».
Ses déclarations montrent une escalade imminente de la position envers le Venezuela : « Nous devons tout faire. Tout ou rien. Ça a été ma plus grande leçon ». Le fonctionnaire a également souligné qu’il dispose désormais de « l’équipe la plus axée sur l’hémisphère occidental » qu’il ait vue dans sa vie, et s’est réjoui de l’absence de « désaccords au sein du Département d’État avec notre secrétaire d’État, Marco Rubio ».
L’affaire des expulsions massives de Vénézuéliens combinée aux déclarations sur une politique de « pression maximale » envers le Venezuela, montre un panorama inquiétant pour les droits de l’homme et les relations hémisphériques.
La stratégie du « faire tout » exposée par Claver-Carone semble se concrétiser dans des actions telles que les déportations accélérées dans lesquelles les considérations juridiques et humanitaires sont subordonnées à des objectifs politiques.
Avec les prochaines étapes juridiques, le juge Boasberg pourrait émettre une nouvelle ordonnance la semaine prochaine, suivie de nouvelles audiences pour clarifier complètement les faits. Les personnes impliquées dans l’opération de déportation pourraient faire l’objet de sanctions pour désobéissance s’il est prouvé qu’elles ont agi délibérément pour échapper à la surveillance judiciaire.
Source en espagnol :
https://www.telesurtv.net/maniobras-de-trump-para-eludir-la-justicia/
URL de cet article :
https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/04/venezuela-les-deportations-vers-le-salvador-revelent-les-manoeuvres-de-trump-pour-echapper-a-la-justice.html
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
Voir en ligne : https://bolivarinfos.over-blog.com/...