Association Nationale des Communistes

Forum Communiste pour favoriser le débat...

Accueil |  Qui sommes-nous ? |  Rubriques |  Thèmes |  Cercle Manouchian : Université populaire |  Films |  Adhésion

Accueil > Voir aussi > Quand le sud, en matière de justice, de droits de l’homme ... prend la relève (...)

Quand le sud, en matière de justice, de droits de l’homme ... prend la relève d’un occident failli !

lundi 13 mai 2024 par Stéphanie Maupas (Le Monde)

L’Afrique du Sud demande à la CIJ d’ordonner à Israël de stopper ses opérations à Rafah.
Alors que 300 000 personnes ont fui Rafah, Pretoria dénonce les « risques extrêmes » encourus par la population.

La Cour internationale de justice (CIJ) ordonnera-t-elle à Israël de « cesser son offensive militaire » à Rafah, comme le demande d’urgence l’Afrique du Sud ? Saisis par Pretoria, les juges ont établi, le 26 janvier, qu’il existe un risque plausible que les droits des Palestiniens à être protégés du crime de génocide soient violés. A deux reprises depuis, ils ont émis des ordonnances contre l’Etat hébreu. « La manière même dont Israël poursuit ses opérations militaires à Rafah et ailleurs à Gaza est elle-même génocidaire. Il faut en ordonner l’arrêt », demande cette fois l’Afrique du Sud dans sa dernière requête déposée vendredi 10 mai, dans la soirée.

La prise des deux postes-frontières de Rafah et de Kerem Shalom par l’armée israélienne, le 6 mai, ne signe pas une simple escalade du conflit, argumente Pretoria dans sa demande aux juges. « Avec la destruction de Rafah, la destruction de Gaza elle-même sera complète », y rendant impossible « la survie » des Palestiniens. Israël a désormais le « contrôle total » sur ce qui entre et sort de Gaza, note l’Afrique du Sud. Rafah est le « dernier refuge » pour quelque 1,5 million de Gazaouis qui s’y trouvent, mais l’opération a « scellé hermétiquement Gaza du monde extérieur, paralysant encore davantage l’acheminement de l’aide vers et à l’intérieur » de l’enclave.

Peu avant le début de l’opération sur Rafah, les Palestiniens ont reçu des messages d’évacuation pour la zone d’Al-Mawasi, dans le secteur de Khan Younès, déjà largement réduite à l’état de « décombres » par Israël, « inhabitables », selon l’Afrique du Sud, avec « des personnes vivant entassées dans des tentes » et qui ont aussi été ciblées par des tirs israéliens. Dimanche, quelque 300 000 personnes s’étaient déplacées.

Urgence à préserver les preuves

L’Afrique du Sud signale les « risques extrêmes » pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent se déplacer de nouveau. Les avocats rappellent les témoignages de soldats israéliens publiés récemment dans le quotidien Haaretz, racontant que les zones d’évacuation ont été traitées « comme des “zones d’extermination” dans lesquelles tous les Palestiniens restants sont considérés comme des cibles légitimes ».

Il est aussi urgent de préserver ces preuves, affirme Pretoria, qui demande aux juges d’ordonner à Israël de permettre l’accès des journalistes étrangers à Gaza et l’entrée des enquêteurs internationaux. Vendredi, le Conseil de sécurité des Nations unies a du bout des lèvres « souligné » l’importance d’un accès sans entraves d’enquêteurs aux fosses communes découvertes après les opérations militaires contre les hôpitaux Nasser et Al-Shifa dans la ville de Gaza. Selon Pretoria, « plus de 390 corps ont été découverts (…) et présenteraient des signes de torture et d’exécutions sommaires ».

L’Afrique du Sud dénonce de nouveau la « rhétorique génocidaire » de responsables israéliens, dont le ministre des finances, Bezalel Smotrich. La Cour avait ordonné à Israël de punir les auteurs d’incitations. Cette rhétorique constitue généralement une preuve centrale de l’intention d’éradiquer une population dans les procès de génocide.

Dimanche, le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a dit ignorer comment « les derniers ordres d’évacuation, et encore moins un assaut total dans une zone où la présence de civils est extrêmement dense, peuvent se conformer aux exigences contraignantes du droit international humanitaire » et aux ordonnances de la CIJ. Par ailleurs, l’Egypte a annoncé dimanche soir son intention de s’associer à la bataille judiciaire engagée par l’Afrique du Sud, dénonçant dans un communiqué « la gravité et l’étendue des attaques israéliennes contre les civils », et le ciblage systématique par Israël « des civils, et la destruction des infrastructures ». Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a signifié à plusieurs reprises que rien ne l’arrêterait, pas même la CIJ.

Multiples formes de pressions

Malgré les critiques contre l’Afrique du Sud, accusée par Israël de faire le jeu du Hamas, les juges ont confirmé que Pretoria, comme tous les Etats qui ont ratifié la convention sur le génocide, a l’obligation d’empêcher mais aussi de punir. Punir, c’est normalement le travail de la Cour pénale internationale (CPI), qui, contrairement à la CIJ, poursuit les individus et non pas les Etats. Informé mi-avril de la préparation de mandats d’arrêt contre des responsables israéliens, Benyamin Nétanyahou a accusé la CPI d’« antisémitisme ».

Vendredi, la ministre des affaires étrangères de l’Afrique du Sud, Naledi Pandor, a demandé à la CPI d’accélérer, sans craindre les pressions. Pressions qu’elle a elle-même subies, a-t-elle raconté à des journalistes. « Vous avez vu que le procureur [de la CPI] a reçu une lettre de membres du Congrès [américain]. J’ai reçu la même lettre. » Signée de douze sénateurs et adressée fin avril au procureur Karim Khan, cette lettre ouverte est écrite dans un style qui n’est pas sans rappeler celui du crime organisé. Elle somme le procureur de cesser ses enquêtes, menace sa famille et ses collaborateurs et conclut : « On vous aura prévenu. »

Le 3 mai, le magistrat, qui subit de multiples formes de pressions, a mis en garde les auteurs contre les tentatives d’« entraves à la justice ». Comme il l’a fait en délivrant son mandat d’arrêt contre le président russe, Vladimir Poutine, en raison de la guerre en Ukraine, la meilleure chance d’échapper aux pressions est d’aller vite.

Photo  : Une fumée s’élève après des bombardements israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 10 mai 2024. AFP


Voir en ligne : http://www.frontsyndical-classe.org...

   

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?