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Une transition inclusive en Irak : Mythe ou réalité ?
mardi 17 décembre 2024 par Libanews
Depuis la chute du régime syrien, les répercussions sur l’équilibre politique irakien se font de plus en plus sentir. Tandis que le pays cherche à maintenir une stabilité fragile, les appels au dialogue national et à une transition inclusive se multiplient. Toutefois, ces initiatives se heurtent à de nombreux obstacles, notamment les divisions communautaires, l’influence des milices armées et la méfiance généralisée entre les principaux acteurs politiques.
Les appels au dialogue national
La pression pour une réforme politique est alimentée par des figures influentes comme Osama Al-Nujaifi, ancien président du Parlement irakien. Selon Al Quds (15 décembre 2024), il a récemment déclaré : « Nous devons engager un dialogue franc et national pour prévenir les divisions internes et construire un avenir commun. » Ces propos reflètent une tentative de réunir les forces politiques autour d’une vision unifiée, bien que les intérêts divergents compliquent cet effort. D’autres responsables politiques, notamment Mahmoud Al-Mashhadani, soulignent la nécessité de réformes structurelles pour répondre aux aspirations populaires. Ces réformes incluent une redistribution équitable des ressources, la refonte du système judiciaire et une meilleure représentativité des communautés sunnite, chiite et kurde. Al Arabi Al Jadid (15 décembre 2024) met en lumière les attentes croissantes de la population, qui espère un système moins corrompu et plus efficace pour répondre à ses besoins essentiels.
Les défis communautaires et institutionnels
L’Irak est historiquement marqué par des fractures profondes entre ses communautés. Al Quds (15 décembre 2024) rappelle que les tensions entre sunnites, chiites et Kurdes se sont accrues après l’intervention américaine de 2003. Ces divisions restent aujourd’hui au cœur des blocages institutionnels, notamment autour des territoires disputés comme Kirkouk. En outre, les institutions irakiennes sont affaiblies par la corruption et les pressions extérieures. Ad Diyar (15 décembre 2024) rapporte que des réformes ambitieuses sont souvent torpillées par des acteurs internes ayant des liens étroits avec des puissances étrangères. Ces ingérences compliquent la mise en œuvre d’une gouvernance transparente et inclusive, un élément pourtant crucial pour toute transition réussie.
L’influence des milices armées
Un autre obstacle majeur à la transition inclusive réside dans le rôle des milices armées. Ces groupes, souvent soutenus par des puissances régionales comme l’Iran, exercent une influence significative sur la politique irakienne. Al Arabi Al Jadid (15 décembre 2024) souligne que ces milices, qui revendiquent parfois une légitimité populaire, paralysent les efforts de réforme en agissant comme des acteurs indépendants de l’État. De nombreux experts mettent en garde contre le risque d’un effondrement de l’autorité centrale si ces milices continuent de jouer un rôle disproportionné dans les décisions politiques. Le démantèlement de ces groupes, bien que nécessaire, reste un sujet tabou, car il pourrait provoquer une escalade des violences.
La pression populaire pour une gouvernance efficace
En parallèle, la société civile irakienne joue un rôle de plus en plus important dans la revendication d’un changement structurel. Selon Al Quds (15 décembre 2024), les manifestations, qui ont connu un pic en 2019, continuent sporadiquement, avec des appels à plus de justice sociale et à une redistribution équitable des richesses nationales. Ces mobilisations, bien qu’épisodiques, traduisent une exaspération généralisée face à l’inefficacité du gouvernement. Les jeunes, en particulier, réclament des opportunités économiques et une représentation politique qui reflète leurs aspirations.
Un chemin semé d’embûches
Pour que l’Irak puisse atteindre une transition inclusive, plusieurs étapes clés doivent être franchies. Tout d’abord, un consensus doit être trouvé entre les principaux partis politiques sur une feuille de route claire. Cela implique des concessions mutuelles et une volonté de dépasser les divisions sectaires pour privilégier l’intérêt national. Ensuite, il est crucial de renforcer les institutions publiques. Al Arabi Al Jadid (15 décembre 2024) insiste sur la nécessité d’une justice indépendante et de mécanismes de lutte contre la corruption. Sans ces réformes, la confiance des citoyens dans l’État continuera de s’effriter, compromettant ainsi toute tentative de stabilisation durable. Enfin, l’implication de la communauté internationale pourrait jouer un rôle de facilitateur. Des acteurs comme les Nations Unies pourraient soutenir des initiatives de dialogue et offrir une expertise technique pour la mise en œuvre des réformes. Toutefois, ce soutien doit être conditionné à des avancées concrètes sur le terrain, afin d’éviter tout effet d’ingérence perçu négativement par les acteurs locaux.
Perspectives de réflexion
L’Irak peut-il réellement surmonter les divisions profondes qui entravent sa gouvernance ? Quel rôle les acteurs internationaux peuvent-ils jouer sans empiéter sur la souveraineté nationale ? La démilitarisation des milices et le renforcement des institutions publiques sont-ils des objectifs atteignables à court terme ? Ces questions restent ouvertes alors que le pays navigue dans une transition politique incertaine, où la société civile et la pression populaire pourraient bien devenir des forces motrices pour le changement.
*Source : libnanews
Voir en ligne : http://libnanews.com/une-transition...