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Azerbaïdjan – Arménie : NON à la guerre !
samedi 14 novembre 2020 par Charles Hoareau (ANC)
Le conflit qui oppose l’Arménie à l’Azerbaïdjan vient de prendre fin et c’est heureux même si tout le monde a conscience de la fragilité de l’accord qui y a mis fin.
Pour l’ANC la situation est claire : dans ce conflit ce sont deux bourgeoisies qui se sont affrontées en utilisant l’arme du nationalisme le plus éhonté pour une guerre dans laquelle aucun des deux peuples n’a rien à gagner.
Il faut rappeler que les deux peuples ont vécu en paix pendant des décennies du temps de l’URSS même si sans doute des velléités nationalistes existaient de part et d’autre pour une région enclavée dans l’Azerbaïdjan où les Arméniens étaient majoritaires.
Il a fallu la crise finale de la prestroïka puis la chute de l’URSS, l’arrivée au pouvoir de gouvernements suppôts du capital et des intérêts impérialistes antagonistes dans la région pour que les choses s’enveniment. Si on parle d’épuration ethnique et de la politique azérie dans ce domaine, il faut aussi rappeler que les territoires azéris hors Karabakh occupés par l’Arménie pendant toute la période du "conflit gelé" ont vu la totalité de leur population azérie et kurde expulsée par les Arméniens alors que, au regard du droit international, ce sont quand même des territoires azéris.
Certes les épurations ethniques ont autrefois, au début du XXe siècle, touchés les Arméniens et personne ne va nier les souffrances des Arméniens de la part des Turcs, les cousins des Azéris, mais cela ne légitime pas qu’on fasse la même chose "en revanche" cent ans plus tard. Comme le disent les communistes arméniens : « En tant que communistes et internationalistes, nous avons le devoir de nous abstenir de considérer la guerre à travers le prisme du nationalisme sentimental. »
Pas plus le gouvernement arménien arrivé au pouvoir suite à une révolution colorée "sorosienne", que le gouvernement azéri guère plus recommandable, ne porte seul la responsabilité du conflit. Ce conflit tombe en plus "à pic" pour quereller la Russie et la Turquie au moment où un début de solution semblait possible en Syrie du nord. Et aussi ce conflit rend difficile la poursuite de la construction de la nouvelle route de la soie. D’un côté, on a Israël qui arme l’Azerbaïdjan "pro-turc" et chiite, et d’un autre on a l’Iran islamique et chiite, mais aussi les Kurdes du PKK, qui soutiennent plutôt l’Arménie même si c’est avec des réticences depuis la révolution Soros.
Pour l’ANC les responsabilités dans ce conflit sont partagées et aucun des deux camps n’est sans arrières pensées pas plus que les puissances qui n’ont rien à faire dans la région qui ont mis de l’huile sur le feu pour empêcher les coopérations régionales.
Il convient de rappeler la politique menée par le 1er ministre arménien, Nikol Pachinian et ses conséquences lamentables pour le Haut-Karabakh (et l’Arménie elle-même). Après avoir pris le pouvoir, il a suivi une voie "pro-occidentale", cherchant à resserrer les liens avec l’Occident et "se détournant" de la Russie.
Dès février de cette année, le Président a annoncé que l’Arménie participerait à des manœuvres conjointes avec l’OTAN dans le Caucase, il n’est pas nécessaire d’expliquer contre qui ces manœuvres seraient dirigées. Rompant avec la politique des prédécesseurs pro-russes, le Président a également rompu les accords avec l’Azerbaïdjan sur un règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh.
Dans ces conditions, l’ANC fait sienne la déclaration du KKE qui déclare notamment :
« La "blessure" qui s’est ouverte avec la dissolution de l’Union soviétique dans les relations entre les deux peuples a été "malformée" encore davantage au cours des dernières décennies, comme le montrent les conflits dans la région du Haut-Karabakh, dus aux intérêts des classes bourgeoises des deux pays, avec l’ingérence d’autres puissances, comme la Turquie qui se déplace militairement aux côtés de l’Azerbaïdjan, les États-Unis, l’UE et la Russie, qui défendent leurs propres intérêts(…)
Les peuples d’Arménie et d’Azerbaïdjan, qui paient de leur propre sang la promotion de ces intérêts capitalistes ou d’autres - mais toujours étrangers -, doivent tirer les leçons de leur histoire et faire front à la fois aux interventions impérialistes et aux intérêts des classes bourgeoises.
Pour construire leur propre "mur" contre les guerres impérialistes, pour graver une stratégie d’affrontement avec le système capitaliste qui génère des crises, des guerres et des réfugiés. »